«Le panel des Hautes Personnalités de la Refondation informe l’opinion nationale et internationale qu’en raison des concertations entamées, depuis sa prise de fonction, avec les Forces Vives de la Nation en vue de trouver le consensus le plus large possible pour une participation la plus inclusive, les dates de la tenue des Assisses Nationales de la Refondation ont été décalées. Un nouveau chronogramme sera annoncé à l’issue de ces concertations. Toutes les Forces Vives de la Nation demeurent cependant mobilisées pour une participation active et de qualité aux débats à venir ». C’est en substance le communiqué n°001 signé par le président du Panel, Zeini Moulaye. Le communiqué date du 22 novembre 2021 mais il a été rendu public avant-hier mardi.
Ce report des Assises de la Refondation nationale (ANR) a été rendu public, le lendemain d’une importante rencontre que le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga, a eu avec les cadres de l’administration publique afin de solliciter leur implication dans la réussite desdites assises.
Ce décalage des dates des ANR intervient dans un contexte marqué par la série de rencontres que le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta mène avec les forces vives de la nation. Commencées la semaine dernière, ces rencontres se poursuivent au Palais de Koulouba. Déjà, le chef de l’Etat avait pris le soin de démarcher certaines couches qui refusent de participer aux ANR dont l’organisation va coûter une bagatelle de 2 milliards 500 millions de FCFA au budget national, si l’on s’en tient au programme d’action du gouvernement de Transition présenté le Premier ministre devant le Conseil national de Transition.
Ces concertations se tiennent aussi dans un contexte d’isolement diplomatique du Mali. La semaine dernière, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a imposé des sanctions individuelles à 149 responsables gouvernementaux et du CNT avec une interdiction de voyager et le gel des avoirs financiers. Ces sanctions semblent créer une panique générale ressentie au sommet de l’Etat. Panique qui a conduit le colonel Assimi Goïta à sortir de ses tranchées pour initier cette série de rencontre avec les forces vives de la nation. Jusque-là, le Premier ministre menait la danse à travers plusieurs rencontres.
Le Premier ministre a eu tort de renier certains engagements du M5-RFP notamment le respect du délai des 18 mois de la transition. La stratégie que lui et son équipe ont adoptée pour s’atteler à la prorogation de la transition pourrait s’avérer infructueuse. L’actuel gouvernement de Transition a manqué de tact en engageant un bras de fer avec la Cedeao, soutenue par plusieurs organisations comme l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations Unies.
Le pays est cerné de toute part. Les autorités de transition depuis la phase de rectification cultivent une certaine intolérance vis-à-vis de ceux ou celles qui sont critiques sur la gestion des affaires publiques. Malheureusement l’arrivée de Dr Choguel Kokalla Maïga a davantage accentué le clivage entre les différentes composantes de la société malienne. Et tout un bataillon des snipers en service sur les réseaux sociaux. Des tirs sans discernement sur toutes celles et tous ceux qui osent en toute objectivité une autre voix que celle des officiels.
Des postures ne favorisent nullement le rassemblement des Maliens autour de la mère patrie. Pourtant, l’heure n’est pas aux discours politiciens sur fond démagogique ou accusateurs mais plutôt au rassemblement de l’ensemble des fils du pays pour faire face aux défis. Un seul mot : rassemblement. Mais rassemblement dans la vérité ! C’est la seule condition pour sauver ce qui peut encore être sauvé ! Donnons-nous la main pour relever le Mali qui doit continuer sa marche démocratique vers une société plus juste et équitable.