D’une part, les autorités de Transition veulent tenir des Assises nationales de la Refondation (ANR) pour jeter les bases des reformes majeures nécessaires, et le chronogramme des élections à tenir avant la fin de la période transitoire. Le chemin de l’ambitieux projet de nous conduire au bout du long tunnel, qui débouche sur le ‘’Mali Kura’’ (le nouveau Mali), passerait par la tenue des dites assises, et nécessitent une rallonge du crédit temporel accordé à la transition. Il nous faut ces assises pour que les prochaines élections soient propres, sans fraude, sans bourrage d’urnes ni tripatouillage des résultats, encore moins un troisième tour, soutient le gouvernement.
Comment tenir d’ailleurs des élections sur un territoire sous occupation, qu’on ne contrôle pas ? Aucune élection n’est possible au risque d’exposer les électeurs et en particulier les agents électoraux, à la terreur. Non aux élections dans l’impréparation et le statut quo, oui aux assises qui permettent de tout baliser, selon les tenants du pouvoir.
Mais cet agenda ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. Il est battu en brèche par certains partis et organisations politiques, qui le jugent malicieux et ne visant qu’à proroger la transition, accusant ainsi les autorités de la transition de renier leur engagement à finir la période transitoire en 18 mois. Cette partie de la classe politique dit non aux assises mais oui aux élections en février 2022, sans accorder aucun crédit ni bonus à la Transition pilotée par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et le président Assimi Goïta. Les assises ne sont pas une priorité dans un pays occupé aux 2/3 par les « djihadistes » ; au contraire, des assises nationales avec la participation de toutes les localités maliennes ne profiteront qu’à ces occupants, qui feront remonter leurs revendications par le truchement des représentants des localités occupées, soutiennent les opposants. Des participants viendront défendre des revendications « djihadistes » (sinon comment vont-ils rentrer chez eux?). D’ailleurs ces assises sont tellement budgétivores, plus d’un milliards de CFCA, ajoutent-ils.
La classe politique se divise et se polarise, les partis politiques relèguent au second plan les questions existentielles du Mali et des Maliens, immergés par l’insécurité, la pauvreté, les injustices sociales et l’impunité. Les politiques donnent l’impression que ces questions ne les concernent pas et qu’il appartient à d’autres de les résoudre (le gouvernement). Ils ne seraient concernés que par le jeu politique de la conquête du pouvoir, le jeu des chaises musicales, pensent de plus en plus de Maliens. Raison pour laquelle, ils ne s’entendront jamais sur l’essentiel, y compris pour sauver les derniers meubles qui restent. Les uns s’érigent contre les assises, parce que le territoire est occupé aux deux tiers ; les autres contre les élections, pour la même raison de l’occupation du territoire. Ils disent la même chose, mais ne s’entendent pas.