Le développement d’aucun pays à travers le monde ne saurait se réaliser avec de graves dysfonctionnements du dispositif institutionnel mis en place pour l’atteinte des objectifs.
De même, aucun projet de société aussi ambitieux qu’il soit, ne saurait efficacement être mis en œuvre sans l’organisation de structures exécutives efficientes. Les responsables en bons exemples doivent être strictement respectueux non seulement de la chose publique sacrée mais aussi courtois vis-à-vis des usagers pour lesquels, ils sont là.
A cet égard, le nouveau pouvoir sous la houlette du Président Ibrahim Boubacar Keita, doit montrer qu’il est nécessaire de changer plusieurs aspects dans l’administration publique malienne. Les réponses aux questions urgentes de réconciliation nationale, de paix et de stabilité durables sont indissociables de l’exécution correcte du projet présidentiel de transformation de la société malienne. La raison d’être de l’administration est de servir les usagers que sont les populations maliennes.
Il est clair que l’état actuel de plusieurs services publics au Mali est loin de satisfaire les populations. Les constats de dysfonctionnement sont multiples et touchent quasiment tous les domaines.
Le non-respect des horaires de travail, en passant par l’absentéisme des agents, l’usage illégal des véhicules de service public, les lourdeurs administratives, la corruption érigée en règle sont autant de phénomènes qui caractérisent l’administration publique au Mali.
Sur le premier aspect, il faut dire qu’aujourd’hui le non respect des horaires de travail dans les services publics cause beaucoup de dommages aux usagers.
En la matière, les chefs de services doivent donner l’exemple en respectant eux-mêmes ces heures de travail et en les faisant respecter par le personnel qui travaille sous leur autorité.
Au système de contrôle ancien par les enregistrements à l’arrivée et à la descente, peuvent s’ajouter des visites surprises afin de vérifier l’assiduité et le comportement des agents.
Le mauvais comportement des agents du service public est devenu un frein non seulement au développement du pays mais aussi un élément important de la détérioration des rapports entre le peuple et l’appareil d’Etat.
L’utilisation illégale des véhicules de services publics à des fins personnelles, outre qu’elle augmente indûment les charges de l’Etat, donne la preuve de l’absence de moralité des fonctionnaires qui la pratiquent.
Il n’est pas rare à Bamako comme partout ailleurs à travers le territoire national, de voir des véhicules publics dans des cortèges de mariages, dans certains lieux de divertissement à des heures tardives la nuit ou en usage sur des chantiers privés ou encore sur des pistes à destination de champs personnels.
Un autre constat, les lourdeurs administratives. Dans tout service public sérieux, les usagers doivent être informés du temps de traitement de leurs dossiers par les agents. Cependant, c’est tout le contraire qui se passe. Tout d’abord, il y a le fait que certains des agents chargés d’orienter le public, ne sont pas à la hauteur de cette mission parce qu’ignorant complètement les procédures.
Les secrétariats sont transformés en marchés et en lieux de divertissement. On y fait du thé et le personnel est plutôt occupé à bavarder ou à jouer sur les ordinateurs.
Quant à la corruption, elle est érigée en règle. Après notre enquête dans plusieurs services, nous avons reçu des témoignages d’usagers selon lesquels, pour être pris en compte et cela de façon sérieuse, il est nécessaire de payer des pourboires.
Dans le contexte actuel du Mali, il urge de prendre des mesures vigoureuses pour corriger tous ces dysfonctionnements. Car il est indispensable de redonner à notre administration des responsables soucieux de la bonne marche des services dont ils ont la charge.
Le changement espéré intensément par le Peuple malien ne peut s’opérer que grâce à une administration efficace, juste, respectueuse des usagers et de la loi. Le défi mérite d’être relevé de toute urgence.
Le pays n’a pas que de mauvais fonctionnaires. Il en est qui sont excellents sur tous les points. C’est sur ceux-ci qu’il faut s’appuyer pour opérer l’assainissement et la promotion de leur conscience professionnelle dans ce secteur vital. La transition avait dessiné des pas positifs qu’il faut poursuivre et renforcer.