Au Mali, le débat fait rage depuis quelques mois entre les partisans d’une prolongation de la durée de la transition et ceux qui s’y opposent. Si certains demandent le respect strict des engagements pris dans la Charte de la transition, d’autres, par contre, estiment que les élections ne sont pas prioritaires et qu’il faut donner le temps nécessaire aux autorités pour stabiliser le pays. Pour ce faire, ces derniers envisagent une prolongation de la transition. Une divergence d’opinions qui fait que la majeure partie du peuple est restée actuellement confuse.
Prévue initialement pour une durée de dix-huit mois, cette transition risque finalement de durer plus longtemps que l’on ne le croit. Tout porte à le croire aujourd’hui. D’autant plus que l’on sait que les autorités de la transition ne sont pas prêtes à présenter un chronogramme avant la tenue des Assises nationales de Refondation qui sont d’ailleurs reportées à une date ultérieure.
Au même moment, des partis politiques et des organisations de la société civiles s’alignent en bloc et exigent aux autorités le respect du délai de la transition ou du moins l’élaboration d’un nouveau chronogramme clair. C’est le cas des groupements et partis politiques du cadre d’échange pour une transition réussie au Mali qui sont en même temps contre la prolongation de la Transition et la tenue des Assises nationales de Refondation.
Il y a également l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, qui estime que la sortie durable de crise de notre pays suppose la conduite d’actions qui ne peut être envisagées pendant la seule période transitoire. « Nous sommes de ce fait convaincus que le prochain pouvoir issu des élections générales de fin de Transition devra impérativement travailler dans un esprit de rassemblement et d’inclusivité et conduire de profondes réformes », a-t-il une fois déclaré.
L’ancien Premier ministre de plein pouvoir de la transition de 2012, Cheick Modibo Diarra, quant à lui, n’exclut pas une prolongation de la durée de la transition. Mais, il trouve cependant inopportun de garder les mêmes personnes qui sont actuellement au pouvoir. « C’est vrai qu’au vu de la situation qui prévaut et avec l’insécurité généralisée, il est difficile de tenir des élections partout au Mali », a-t-il souligné. Puis, il a estimé que « s’il doit y avoir une prolongation de la transition, cela ne doit pas se faire avec les mêmes personnes. Parce que celles-ci ont montré leurs limites dans la gestion des questions brûlantes et dans le respect des engagements pris. Ce qui veut dire qu’elles sont à la limite de leurs capacités ».
Au même moment, le Mouvement Yèrèwolo, Debout sur les remparts, le Mouvement du 5 juin et rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), ainsi que plusieurs autres regroupements et mouvements politiques et des organisations de la société civile estiment qu’il faut donner le temps nécessaire aux autorités de la transition pour stabiliser le pays avant d’organisation les élections. « Nous sommes en train de réussir notre combat de prolonger la transition pour que les militaires et le Premier ministre continuent de résister à la pression de la France pour se tourner vers la Russie », a déclaré le responsable de la communication du Mouvement Yèrèwolo, Pape Diallo. C’était le 14 octobre 2021 lors d’un meeting à Kati. « Comment peut-on tenir aux élections crédibles dans ces conditions ?», s’interroge Adama Diarra alias Ben le Cerveau, leader de la Mouvement Yèrèwolo.
Aujourd’hui, cette divergence d’opinions au sein de la classe politique, ainsi que des organisations de la société civile sur la durée de la transition et le silence des autorités, laissent le citoyen lambda dans une situation de perplexité et de confusion totale.