Koulouba n’est pas le camp militaire Soundiata Keïta. La primature n’est pas non plus le quartier général du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP). Autrement dit, ni Assimi Goïta encore moins Choguel Kokalla Maïga ne peuvent ou ne doivent, en aucun cas, défendre leurs propres intérêts en plus forte raison ceux d’autrui. Ils sont plutôt au service du Mali. Fort de cela, toutes les décisions relatives à la gestion de cette transition doivent être mûrement réfléchies et de manière consensuelle pour l’intérêt supérieur de la nation. Aussi, ils doivent éviter en cette période exceptionnelle de prendre certains pour des patriotes et d’autres pour des apatrides à cause de leurs opinions.
Malheureusement, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, semble s’inscrire dans cette logique, d’où le blocage du processus de la transition. Il faut avoir le courage de le dire, c’est à cause de son attitude de vouloir faire de cette transition, un pouvoir du M5-RFP dont les militants et sympathisants sont, pour lui, les seuls patriotes du pays que les Assisses nationales de Refondations ont été finalement reportées pour un souci d’inclusivité.
C’est aussi à cause de sa gestion narcissique ou individualiste qu’à moins de quatre mois de la fin de la transition, aucun point du plan d’action gouvernemental n’a été complètement exécuté. Malgré cela, Choguel, en sa qualité d’homme politique qui avait tout le soutien et toute la confiance du président de la Transition, n’a pas pu encore rassembler l’ensemble des forces vives de la nation. Pire, il a travaillé à s’éloigner de certains de ses propres camarades du M5-RFP et il veut amener le Mali à tenir tête à la communauté internationale. Conséquence : la sanction de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Lesquelles pourraient être durcies si rien n’est décidé par le Mali avant le prochain sommet de la CEDEAO, prévu le 12 décembre prochain.
Quoi qu’on dise ou quoi qu’on fasse, la CEDEAO est dans son rôle. C’est le Mali qui a trahi ses engagements politiques à travers le coup d’Etat du 18 août 2021. Certes, certains diront que ce changement brutal de régime a été un mal nécessaire pour le pays au regard de la situation qui prévalait, mais il faut également admettre que lorsqu’on commet une faute, on doit avoir le courage de la reconnaître et de s’engager à la réparer de manière sincère.
Ce qui est sûr, le Mali ne s’est pas encore laissé une porte de sortie. Il suffisait certainement d’analyser la situation sécuritaire actuelle du pays pour se mettre d’accord sur un plan consensuel de gestion détaillé dans un calendrier clair, précis et bien déterminé pour aller le défendre auprès des chefs d’Etat de la CEDEAO. Malheureusement, l’on continue d’assister à des manifestations et à des rencontres visant à soutenir ou à dénoncer la prolongation de la transition avant même qu’elle n’arrive à terme. Cela pourrait-il faire fléchir la CEDEAO sa position ? L’avenir nous édifiera davantage.