Face à la métastase de l’insécurité qui s’étend un peu partout dans le pays, le Bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (Biprem Fasoko) brise son silence. À avec leur tête Lancine Diawara, président du mouvement, les membres interpellent et concèdent « un carton jaune » au président de la transition
Le mouvement apolitique décide finalement d’exhiber « son carton jaune » au colonel Assimi Goita et son équipe au pouvoir. Ibrahim Boubacar Keita, l’ex-président déchu a été certes chassé du pouvoir par les Maliens, mais la cheville-ouvrière des doléances soumises aux militaires par le peule (lutte contre l’insécurité) est loin d’être satisfaite, suivant la déclaration de Lancine Diawara et ses hommes. Ils jugent incompréhensible de remarquer que le problème sécuritaire atteigne son paroxysme au moment où le pays se trouve dans la main des militaires. Au président de la transition, les membres du mouvement précisent : « Le Biprem Fasoko, contrairement à vos encenseurs publics d’aujourd’hui qui seront vos pires détracteurs demain, vous interpelle fortement sur votre responsabilité, quant à la situation sécuritaire qui a largement dépassé le seuil dans le pays ».Auparavant Vice-président en charge des questions de défense et de sécurité, puis devenu, par la suite, président de la transition, non moins Chef suprême des Armées, Assimi Goita est un militaire. Alors que l’insécurité baisse pour ce fait, c’est en ce même moment que le phénomène est encore grandissant sous la gouvernance du nouvel homme fort du pays. Chose qui, d’après le Biprem Fasoko, ne saurait être comprise par les militants du mouvement apolitique. « Cet état de fait est totalement incompréhensible pour le Biprem Fasoko. Il nous amène aux interrogatoires suivants : la transition dispose-t-elle d’un plan stratégique de défense et de sécurité de notre territoire ainsi que des personnes et de leurs biens ? Si oui, pourquoi est-elle défaillante ? ».Tirant sa sonnette d’alerte, le mouvement s’inscrit en faux contre la position des gens qu’estiment que le colonel au pouvoir est populaire. Ces gens vous (Assimi Goita) mentent. Ils l’ont dit à vos prédécesseurs qu’eux-aussi étaient populaires, prodiguent-ils à Assimi.
Puis de rebondir en ces termes : « Quand des milliers de villages continuent d’être détruits, des centaines de civils et de militaires tués, des milliers d’écoles fermées, des millions de personnes devenues réfugiées au Mali, leur propre territoire : vous ne pouvez pas être populaires, parce que vous ne parvenez pas à protéger votre peuple. La protection du peuple est votre devoir militaire et de Chef suprême des Armées ».Dans cette déclaration publiée le 24 novembre, Lancine Diawara et ses militants invitent le président de la transition « à la réduction drastique du train de vie de l’Etat pour massivement investir dans l’armée malienne ».Pour ce faire, ils proposent à ce qu’Assimi donne de l’instruction pour une réduction de 2/3 des budgets de souveraineté du Premier ministre ; ceux du président du CNT. La réduction du budget de fonctionnement des départements ministériels doit également se faire, selon eux. Au colonel Assimi, le Biprem Fasoko propose la réduction d’un tiers des salaires des présidents des institutions, ceux des ministres et des membres du conseil national de transition(CNT).Ils proposent à ce que le président de la transition instruise au gouvernement de produire, dans un bref délai, un chronogramme détaillé et précis pour la révision du fichier électoral et l’organisation des élections dans les 6 mois à venir. « Continuez à assainir l’espace politique en poursuivant en justice tous ceux qui ont porté atteinte aux biens publics ; rendez justice aux manifestants tués les 10.11 et 12 juillet 2020 sous le régime d’IBK », ajoutent-ils. Avec la détérioration du pays par l’insécurité, les membres du mouvement ont voulu clarifier ceci à Assimi Goita : « Le Biprem Fasoko vous exhibe fraternellement et sincèrement ce carton jaune en signe d’alerte, pour permettre de revoir la trajectoire tortueuse de la transition, et d’éviter les conséquences incalculables pouvant en découler pour votre peuple ».