Un convoi constitué de plusieurs dizaines d’engins et de militaires français en provenance de la sempiternelle base militaire de nos ancêtres gaulois en Côte d’Ivoire n’a pas fini de défrayer la chronique.
On se perd en conjectures, entre interrogations, commentaires et inquiétudes. En route pour le Niger, l’étrange procession a été accueillie à coup de manifestations hostiles par des milliers de citoyens burkinabè frustrés, furieux et déboussolés par la présence militaire française dans le G5 Sahel.
Une impressionnante présence militaire censée sur place pour aider les armées des trois pays frontaliers de Liptako-gourma à lutter contre les forces obscurantistes. Mais ces militaires n’ont pu empêcher ces forces de semer davantage de désolation. En témoignent les victimes militaires et civiles qui ne cessent d’endeuiller ces trois pays. Comme si l’armée française n’existait pas ! Comme si les forces mobilisées par le Conseil de Sécurité des Nations unies n’étaient pas présentes ! On peut donc comprendre la réaction de la population burkinabé qui a bloqué l’étrange convoi pendant plusieurs jours sur leur sol. Malgré l’intervention des forces de l’ordre du pays, les échauffourées ont occasionné plusieurs blessés au sein des manifestants. Il a fallu la pression de Paris sur Ouaga pour que l’étrange convoi poursuive son chemin.
Poursuivant son parcours, il n’était pas au bout de sa surprise car un accueil l’attendait sur le sable chaud du Niger par des populations dégoutées de cette politique française. Leur résistance aura, cependant, été brisée par les ailes des actuelles autorités de Niamey, coqueluches de l’Elysée et du Quai d’Orsay.
Le plus étrange dans tout ça est que l’étrange convoi est arrivé à sa destination finale sans tambour ni trompette : Gao.
Pour y faire quoi ? Se demande-t-on, dans la mesure où c’est la décision bizarre de la France d’alléger son dispositif militaire dans cette région au moment où le terrorisme ne cesse de gagner du terrain, qui est à l’origine de ces difficultés actuelles de notre pays, qui a décidé de se tourner vers d’autres partenaires. Cette décision courageuse envisagée par les autorités compétentes maliennes a autant suscité colère et folie à Paris qu’estime et admiration dans de nombreuses capitales africaines dont nos voisins du Burkina et du Niger. Difficile de comprendre cet étrange cirque qui se déroule sous nos tropiques, on plie armes et bagages pour d’autres destinations. Puis, on revient avec un étrange convoi semant des morts et des blessés sur son itinéraire. Pigez-vous quelque chose dans tout ça ? Peut-être que Bamako devrait daigner sortir de son silence de carpe pour éclairer l’opinion sur ce qui se passe à Gao.