Le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme a procédé le jeudi 2 décembre 2021 à la première réunion des membres du Comité de pilotage du processus d’élaboration de la Charte d’éthiques et de valeurs du Mali. C’était dans la salle des banquets du Centre international de conférence de Bamako (CICB). L’objectif de cette charte est de doter le Mali d’un référentiel sur les éthiques et valeurs partagées ancrées dans la civilisation multiséculaire d’hier devant inspirer la société malienne d’aujourd’hui et de demain.
Cette réunion était présidée par Andogoly Guindo, ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme. Il avait à ses côtés ses homologues de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions (Ibrahima Ikassa Maïga), de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’administration (Me Harouna Toureh) et de la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles (Mme Fatoumata Dicko).
Notre pays traverse une crise sans précédent qui a ébranlé les fondamentaux de notre nation. Pour sortir définitivement de cette grave crise, le colonel Assimi Goïta, président de la Transition et Dr. Choguel Kokalla Maïga, chef du gouvernement, se sont engagés dans une œuvre de refondation nationale, soutenue par des actions concrètes dont la restauration de nos valeurs culturelles, pierre angulaire de ce vaste chantier institutionnel. “La nation malienne, multiséculaire a conçu des valeurs sociétales basées sur le fervent attachement de chaque individu à la patrie, mais aussi sur des normes éthiques élevées de probité, d’intégrité, d’équité et de justice”, a rappelé Andogoly Guindo. Selon lui, la tradition d’hospitalité de notre peuple puise en partie sa sève du riche héritage culturel légué par les ancêtres qui avaient édicté des règles, des codes de conduite sociale, établi des mœurs, des mécanismes et des pratiques qui ont permis une gouvernance vertueuse de l’ensemble de la société. “Chaque pays a ses propres us et coutumes, qui ne sont autre que ses manières ordinaires de se comporter en conformité avec sa culture et en harmonie avec son environnement. Nos ancêtres avaient mis en place des règles de bons usages, des codes de conduite pour le savoir-être et de savoir-vivre. Ces valeurs positives ont été codifiées dans une charte proclamée à Kurukanfuka dans le Mandé en 1236”, retracera Andogoly Guindo.
A l’en croire, aujourd’hui, l’édifice national semble menacé par des vents nouveaux. Toutes les sociétés au monde ont basculé d’une manière ou d’une autre vers de nouveaux rivages. La globalisation semble porter des effets corrosifs sur ces vertus et ces valeurs ancestrales. “Nous ne sacrifions pas à une mode. Depuis des décennies, nous progressons vers un effondrement social et moral de la société, à la perte de nos valeurs séculaires considérées inaltérables. L’irrespect des règles de vie commune, la perte des valeurs morales qui accentue le phénomène de la perte de l’autorité parentale, de l’effritement du tissu social et de l’autorité morale de la société, l’affaissement de l’autorité de l’Etat, avec leurs corollaires de corruption, d’incivisme, la dépravation des mœurs, la déviance, etc.”, martèlera-t-il.
Face à cette crise identitaire et sociale, à la dégradation continuelle de nos valeurs culturelles ancestrales une réponse urgente et appropriée s’avère nécessaire pour juguler ces fléaux afin d’éviter un effondrement total de notre société, aux dires du ministre.
La “Charte d’éthiques et des valeurs du Mali” sera un document référentiel inspiré des principes, des us et coutumes ancrés dans les valeurs ancestrales et dans la civilisation universelle.
“Elle se nourrira de nos expériences pratiques, de nos proverbes et de nos vieux adages qui sont la pertinence de notre mémoire collective, le fruit de l’expérience pratique de nos ancêtres au cours des siècles et qui contiennent le meilleur de notre héritage spirituel. Elle n’est pas une reproduction du passé mais elle adopte et adapte des schèmes intellectuels, en formant des esprits capables d’affronter demain ‘ce qui n’a jamais été’, en créant des hommes aptes au changement et disposer à renouveler constamment leur connaissance”, a développé le ministre de la Culture.
A travers cette Charte, il s’agira de faire de la culture le socle de la refondation du nouvel homme malien pétri des valeurs de Maaya et du Dambé, citoyen du Mali Kura.
Le directeur national de l’action culturelle, Alamouta Dagnoko, qui a présenté les termes de référence du processus d’élaboration de la Charte a indiqué que les travaux vont durer trois mois. Trois organes s’occuperont également de la caution morale, de la caution scientifique et de la rédaction proprement dite de la Charte.
La finalité de la Charte est d’être introduite dans les programmes scolaires formels et non formels. Elle sera traduite dans les treize langues nationales codifiées.