CNID-Association et CNID-Faso Yiriwa Ton ont fait une déclaration commune à l’occasion du 31e anniversaire de la marche historique du 10 décembre 1990.
Les manifestations héroïques et grandioses qui ont abouti à la chute du régime de parti unique et constitutionnel du Général Moussa Traoré se sont déroulées alors que 60% des Maliens n’étaient pas encore nés. Il devient dès lors impérieux, pour la vérité historique, la saine information et la formation des plus jeunes, de leur révéler, pan après pan, ce qui s’est réellement passé dans notre pays avant, pendant et après la révolution de mars 1991. Les maliens doivent en effet assumer leur histoire, toute leur histoire, sans en déchirer une seule page et sans aucune falsification.
Le top départ des manifestations qui ont abouti au renversement de la dictature en 1991 a été donné par la marche du 10 décembre 1990 organisée par le CNID-Association.
Ce fut une marche grandiose, une marée humaine estimée entre 30.000 et 50.000 marcheurs. Les slogans arborés étaient : “Liberté, liberté”, “Vive la Démocratie”, “Vive le Multipartisme”, “Union dans la diversité”, “Un seul Peuple ? Oui ! Un seul Parti ? Non !”.
Ces slogans traduisaient le ras le bol des Maliens, tous considérés, depuis leur naissance, de gré ou de force, comme des militants du parti unique et constitutionnel « l’Union démocratique du Peuple malien » (UDPM). Ainsi n’avaient droit à une bourse d’études, à un recrutement dans la Fonction publique, à une promotion, à un marché public que ceux qui présentaient un Certificat de militantisme au sein de l’UDPM. La répression féroce s’était abattue sur des étudiants, des syndicalistes, des militants… et les conditions de vie étaient inacceptables.
La marche du 10 décembre 1990 avait une très forte symbolique ainsi que l’atteste l’itinéraire choisi : Place de la liberté, Avenue Mamadou Konaté, Avenue de la nation, Boulevard de l’indépendance, Bourse du Travail.
Cette marche était aussi un devoir de mémoire : elle célébrait le 42ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et coïncidait avec le 34e anniversaire de la naissance du premier président du CNID-Association, Maître Mountaga Tall.
Enfin la marche du 10 décembre était un moment fondateur en ce qu’elle aura eu le mérite d’exorciser la peur de la marche pacifique et légale comme arme de revendication démocratique. Elle aura en outre démontré la maturité des démocrates, la discipline sans faille des militants et la capacité des dirigeants à respecter intégralement la légalité jusqu’à se porter garants des risques de dérapage. En un mot le 10 décembre 1990 apportait la preuve que les démocrates maliens pouvaient organiser une marche pacifique et grandiose dans la légalité.
Et en effet les manifestants n’ont pas cassé un œuf
La voie ainsi ouverte a permis d’autres manifestations jusqu’aux tueries de mars 1991 dont la réalité ne peut et ne doit en aucun cas être contestée tant les images des atrocités commises, les témoignages des familles endeuillées, les identités complètes des victimes dont de nombreux élèves sont suffisamment évocateurs.
La légitimité du 26 mars ne peut non plus être remise en cause en raison de la mobilisation extraordinaire des maliennes et des maliens de Bamako, de l’intérieur du Mali et de la diaspora qui, les mains nues, ont offert leurs poitrines aux balles assassines de la dictature.
Un procès crimes de sang, avec le respect scrupuleux des droits de la défense y compris la présence auprès des accusés d’avocats étrangers, suivi d’un procès pour crimes économiques ont d’ailleurs définitivement tranché cette question.
Le Peuple malien, pour lequel chacun doit respect et considération, a adopté la Constitution du 12 février 1992, encore en vigueur, qui a magnifié le 26 mars en son préambule : « Le peuple souverain du Mali, fort de ses traditions de lutte héroïque, engagé à rester fidèle aux idéaux des victimes de la répression et des martyrs tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste affirme sa volonté de préserver et de renforcer les acquis démocratiques de la Révolution du 26 Mars 1991».
Cette volonté du Peuple s’impose à tous et doit être respectée.
Il reste que le Mouvement Démocratique n’a gouverné le Mali que du 26 mars 1991 au 8 juin 1992 date de la prise de fonction du Président Alpha Oumar Konaré. A sa suite ont été élus les présidents Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Keita dont les bilans, positifs ou négatifs, ne sauraient engager le Mouvement Démocratique originel.
Autant chacun est libre d’avoir un jugement sur les régimes successifs du Mali, de Modibo Keïta à l’actuelle transition, autant les amalgames et les falsifications doivent cesser. Et il ne faut surtout pas imputer au Mouvement Démocratique ce qui ne fait pas partie de son bilan. Ni en bien ni en mal.
Le Mali doit assumer son histoire et toute son histoire dans la transparence et la plus stricte vérité.
Qu’adviendra-t-il si dans 30 ans, des Maliens soutiennent que le M5-RFP n’a été qu’une imposture. Ne préparons pas le terrain pour une telle injure à l’Histoire.