On l’attendait au secours de l’image de la démocratie malienne en tant qu’acteur principal du Mouvement démocratique malien, il est finalement au rendez-vous de la plus belle manière. Me Mountaga Tall n’est pas restée en marge de la vague de protestations déclenchées suite aux déclarations du PM Choguel Maiga que certains ont qualifié de révisionniste. Profitant de l’anniversaire de la première marche populaire contre le régime de Moussa Traoré, le président du CNID a jeté son manteau de M5-RFP pour enfiler celui de l’acteur du 26 Mars que le porte-parole des tombeurs politiques d’IBK vilipendait récemment à coups de négations de pans historiques entiers. Par-delà la dénonciation ouverte de la démarche de son compagnon du M5, Me Tall s’est employé à remettre les pendules à l’heure en mentionnant dans son communiqué que le dictateur Moussa Traoré a bel et bien les mains immaculées du sang des martyrs de Mars 91. Et, cerise sur le gâteau, pour la première fois le président du Cnid n’a pas pris soin de nuancer son appartenance au mouvement démocratique par des allusions aux déviances qu’il impute souvent à la gestion de ses compagnons de lutte. Seul bémol : il est resté égal à lui-même quant au penchant égocentrique ayant consisté à évoqué dans un communiqué du parti sa propre date de naissance qui coïncide avec l’anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
La justice malienne aux gémonies
La justice malienne saura difficilement se remettre du lièvre levé avec l’affaire de l’ancien président de l’APCAM, Bakary Togola, et coaccusés. Après le show et le battage médiatiques dont le dossier a été l’objet, la longue détention des protagonistes s’est conclue par une comparution des inculpés devant les assises de la cour d’Appel et un verdict assez spectaculaire pour offusquer le déclencheur de l’affaire. Le Garde des Sceaux, il s’agit de lui, ne s’est point contenté de déclencher un pourvoi contre l’acquittement de Bakary Togola. Il s’est en outre fendu d’un autre communiqué instituant une enquête administrative sur les assesseurs avant de s’en remettre finalement à une inspection judiciaire. Le ministre met ainsi en cause la moralité de la décision d’acquittement dans un dossier qu’il avait personnellement porté du temps de son règne sur le Tribunal de la Commune III es qualité procureur en charge du Pôle économique et financier. Ce faisant, son opinion sur la justice rejoint manifestement la perception qu’en a le citoyen lambda auquel une simple allusion sur les dérives judiciaires au Mali ont souvent coûté des tracasseries carcérales. Or le ministre de la Justice, lui-même secrétaire général sortant d’un Syndicat de magistrats, vient de jeter la flétrissure sur sa propre corporation sans la moindre réaction des deux syndicats habituellement très jaloux de la notoriété de leur corps.