D’un communiqué de presse signé par une coalition de 22 organisations humanitaires (Conseil danois pour les Réfugiés (DRC); Action Contre la Faim (ACF); Conseil norvégien pour les Réfugiés (NRC); Solidarités International; World Vision International (WVI); ACTED ; Oxfam ; Dan Church Aid ; International Rescue Committee (IRC) ; Première Urgence Internationale (PUI) ; Médecins du Monde ; Care International ; Humanité & Inclusion ; Plan International ; Islamic Relief ; Mercy Corps; Terre des hommes ; Educo ; We World ; Welt Hunger Hilfe (WHH) ; Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) ; Norwegian Church Aid), il ressort que le nombre de Maliens souffrant de la faim a presque triplé en un an. Cette situation, convoquée par l’insécurité croissante, des sécheresses et du Covid-19, a plongé un nombre record de 1,2 million de personnes dans une crise alimentaire en 2021.
Selon le cluster Nutrition, 767 773 enfants sont malnutris, dont 197 691 souffrent de malnutrition aiguë sévère. « La réponse de sécurité alimentaire de cette année n’a reçu que 25,4 % des fonds nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents (58,9/ 232,3 millions USD). La réponse humanitaire au Mali n’a reçu que 38,1% des fonds nécessaires pour l’année (214,8/ 562,3 millions USD) », peut-on lire dans un document signé par la coalition de 22 organisations humanitaires.
« La sécurité alimentaire est menacée sur de nombreux fronts au Mali. La situation continuera de s’aggraver pour des millions de personnes vulnérables si nous n’agissons pas maintenant, les projections indiquant une nouvelle augmentation de 58% du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire l’année prochaine », a déclaré Adeline Benita, directrice du Groupe de travail humanitaire du Forum international des ONG au Mali (FONGIM).
Selon les mêmes humanitaires, les niveaux de la faim sont les plus élevés enregistrés depuis le début de la crise au Mali en 2012. « La sécheresse a durement touché le pays, entraînant la perte de plus de 225 000 hectares de champs et affectant plus de 3 millions de personnes principalement à Mopti, Ségou et Tombouctou. Parallèlement, l’insécurité a contraint 400 000 personnes à fuir leurs domiciles. De nombreuses familles ont dû abandonner leurs champs et ont vu leurs bétails volés. L’emprise croissante des acteurs armés sur la capacité des personnes à se déplacer librement et, dans certains cas, un véritable siège, ont empêché les familles vulnérables d’accéder à l’aide, à leurs champs, aux zones de transhumance et aux marchés environnants », ont-ils expliqué.
Selon eux, la combinaison de l’insécurité croissante, du changement climatique et de l’impact socio-économique du COVID-19 a fait augmenter le prix des denrées alimentaires comme le maïs et le riz dans certaines régions comme Gao, respectivement de 22% et 18% en 2021, mettant la nourriture hors de portée de nombreuses familles.
« La crise alimentaire a été exacerbée par le faible engagement des États donateurs à répondre aux besoins alarmants. Les niveaux de financement humanitaire n’ont cessé de diminuer, passant de la moitié du financement requis pour les réponses de sécurité alimentaire en 2017, à seulement un quart en 2021 », ont-ils souligné.
Enfin les humanitaires estiment que dix années de conflits ont de plus en plus affaibli les moyens de subsistance des populations dans un pays déjà fragile et gravement touché par le changement climatique. « Il est donc crucial d’adapter nos réponses à une crise prolongée ou de risquer de voir une augmentation exponentielle de la faim au Mali dans les années à venir », ont-ils conclu.