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Macron au Mali : que va chercher Jupiter dans cette galère ?
Publié le mercredi 15 decembre 2021  |  courrierinternational.com
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© Autre presse par DR
Le président français Emmanuel Macron et le président de la transition malienne Assimi Goïta.
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Le 14 décembre au soir, la base de Tombouctou, dans le nord du Mali, a été rendue par les forces françaises à l’armée malienne. Le 20 décembre, Emmanuel Macron se rendra à Bamako pour rencontrer le chef de la junte, Assimi Goïta, avec qui les relations ont été glaciales. Aujourd’hui au Faso interroge le menu des discussions, du cas Wagner au respect de la transition. Pour le quotidien burkinabé, Paris et Bamako sont condamnés à s’entendre.














Plat de résistance : nouveau format de l’Opex [Opération extérieure] française au Sahel, terrorisme, Takuba [la force européenne au Sahel] et Wagner [société militaire privée russe dont la présence au Mali est jugée “inacceptable” par la France], avec comme dessert bien tapé, la durée de la transition [transmission du pouvoir par des élections législatives et présidentielles prévues le 27 février 2022] et le retour à un État de droit au Mali.

Huit ans après le début de Serval [opération militaire de l’armée française de janvier 2013 à juillet 2014], la mère de Barkhane, et la visite de son illustre prédécesseur, François Hollande, le 2 février 2013, lequel, au milieu des bains de foule, s’était écrié sur la place centrale de Tombouctou que “c’était la journée la plus importante de [sa] vie”, huit ans après tous ces événements, voici l’actuel locataire de l’Élysée qui va à Bamako.

Des relations glaciales à réchauffer

Une visite qui survient à un moment où les relations France-Mali sont quasiment polaires, après la sortie du truculent Premier ministre malien, Choguel Maïga, accusant la France “d’avoir lâché le Mali en plein vol”, et la réplique de Macron qui a qualifié ces propos de “honteux”, c’est en apparence un semblant de désescalade, ou plutôt d’une realpolitik, concoctée à doses médicales.

Le Mali n’est pas content du travail de Barkhane, estimant que ce fut le service minimal, il n’est pas non plus content de ce redéploiement, et surtout de cette sorte de néocolonialisme ringard qui se déploie dans le pays.

La France non plus n’est pas heureuse du double coup d’État au Mali, de l’irruption des prétoriens de Kati dans l’arène politique, et surtout de cette manipulation qui vogue sur le ressentiment antifrançais, [accusant Paris] d’être d’intelligence avec les terroristes.

Wagner reste la pierre d’achoppement

Et derechef, le cas Wagner occupera une place de choix dans l’aparté Macron-Goïta. Embrayant sur les sanctions de l’UE à l’encontre du groupe russe et de ses premiers dirigeants, le chef de l’État français devrait en profiter pour faire savoir que l’agence de sécurité russe que dirige Dimitri Outkine n’est pas la bienvenue au Sahel, et que sa présence ne pourra que désaxer l’architecture sécuritaire, déjà à la peine pour contrer des terroristes aguerris et connaissant le terrain. Que va faire donc Jupiter dans cette galère malienne ?

Essayer de câliner un chef de la junte toujours populaire sur l’indispensabilité d’un calendrier électoral, même s’il sait que le 27 février n’est plus tenable, en clair persuader Goïta que plutôt que de s’arc-bouter sur les décisions d’Assises nationales polémiquées (tenues les 12 et 13 décembre) et de serments incantatoires comme d’en finir avec le terrorisme avant un scrutin, bref plutôt que de laisser les militaires jouer la montre, Jupiter devrait essayer de ramener les putschistes à la raison, malgré la défiance et le fait qu’un ressort s’est cassé entre la France et le Mali.

Condamnés à s’entendre

Côté malien, le quarteron de colonels qui est aux manettes du pays sait aussi que, malgré cette vague de sympathie populaire qui l’auréole, il est une réalité qui risque de le rattraper : l’insécurité qui gagne du terrain, le terrorisme qui avance, malgré la vaillance des Fama [Forces armées maliennes].

Et comme le peuple est par essence versatile, il ne comprendrait pas, ce petit peuple, qu’IBK [Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir entre 2013 et le coup d’État militaire d’août 2020] ait été renversé pour entre autres griefs son incapacité à en finir avec le terrorisme, alors que ses tombeurs traînent les mêmes tares.


Jupiter et Goïta condamnés à s’entendre ou à trouver un gentlemen’s agreement ? Le Mali et la France, bien qu’il y ait mille raisons d’un divorce, forcés de faire taire leurs divergences ? En tout cas, on peut dire que, pesé au trébuchet politique, le Mali marque un petit point par rapport à la France, car après cette tempête politico-diplomatique, c’est bien Macron qui va chez Goïta, jusque-là jugé infréquentable par Paris. Mais une courte échelle dont il ne faudrait pas abuser, le Mali et le Sahel ne sont pas dans une bonne posture sur de nombreux plans, à commencer par la sécurité. Or quoi qu’on dise la France demeure un allié précieux pour le Sahel.
La rédaction

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