Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi, il s'intéresse à la situation au Mali où les mercenaires russes du groupe Wagner opèrent secrètement pour la Russie et tentent de supplanter l'armée française.
Vincent Hervouet revient sur la mobilisation des Occidentaux contre le groupe Wagner, les mercenaires russes et la prochaine visite d’Emmanuel Macron au Mali.
Anthony Blinken, le Secrétaire d’Etat américain a tenté hier de dissuader les putschistes maliens de faire appel au groupe Wagner. Et il l’a fait avec un argument terriblement américain : les mercenaires vont coûter trop cher. La rumeur parle de dix millions de dollars par mois, le ministre confirme et se plaint : c’est autant d’argent qui ne sera pas investi dans la lutte anti-terroriste…
Quand on pense que Washington a dilapidé au moins mille milliards de dollars en Afghanistan avant de rendre le pays aux Talibans, on se dit que l’hopital se moque de la charité, ou la caserne de la discipline… dix millions de dollars par mois, c’est un pourboire.
Cela dit, les chiens de guerre russes ne vont pas s’en contenter.
Partout en Centrafrique, au Mozambique, comme en Syrie ou en Libye, Wagner s’est payé sur la bête. En pillant les ressources et en traitant l’autochtone comme du bétail.
Au Mali, les missi dominici russes sont à pied d’œuvre. Des géologues explorent des zones aurifères au sud. C’est la différence entre les mercenaires et les soldats de Barkhane, de l’Onu, de Takuba. Les premiers cherchent des mines d’or à exploiter, alors que les autres cherchent les mines artisanales, les fameux IED pour les désamorcer.
Lundi, l’Europe a pris des sanctions contre des Russes et des entreprises liés à Wagner. Elle est allée plus loin hier : elle suspend la formation de l’armée en Centrafrique tant que Wagner sera sur place.
Ce n’est pas trop tôt ! Vous avez une mission militaire européenne d’à peu près 200 spécialistes, avec un gros contingent d’instructeurs français… ils ont formé deux mille soldats centrafricains, ils s’occupent maintenant d’entrainer des commandos spécialisés, mais dès que le troufion sort de stage, il est placé sous les ordres des Russes. Qui sont accusés par l’Onu d’avoir commis depuis un an au moins 200 cas avérés de viols, d’exécutions sommaires, de tortures contre les civils.
A quoi bon s’escrimer à former une armée pour épauler un état fragile quand ses dirigeants donnent carte blanche à des mercenaires qui entretiennent le chaos.
Pareil au Mali. La France claquera la porte si les mercenaires russes sont déployés sur le terrain.
Emmanuel Macron va pouvoir le dire de vive voix au colonel Goïta, le président de transition puisqu’il va lundi à Bamako, avant d’aller un peu en avance, fêter Noel à Gao avec le contingent français.
Ce premier tête à tête promet. Les putschistes trainent les rangers pour regagner leur caserne, pas pressés d’organiser les élections qui étaient prévues en février. Et ils continuent de jouer au malin, en accusant la France d’avoir lâché le Mali, c’était à la tribune de l’Onu, ou en insinuant qu’elle aide les djihadistes, c’est l’intox qui excite l’opinion.
La France se bat depuis neuf ans pour contenir l’insurrection, stabiliser la situation, gagner un répit pour que les Maliens trouvent une solution politique. Le résultat ? Neuf ans de perdus.
La réalité crève les yeux.
Face à Wagner, pareil. Si les Russes jouent la politique du pire sur nos arrières, c’est parce qu’ils veulent obtenir quelque chose. On sait très bien quoi. Ce qui compte pour le Kremlin, c’est l’Ukraine. Poutine veut l’assurance que l’Otan ne sera pas déployée dans son antichambre, pour ne pas dire sur sa descente de lit.
Tant qu’il ne l’aura pas obtenue, Wagner va continuer à faire de la musique militaire et les Walkyries de chevaucher du Mali au Centrafrique.