Le gouvernement de Transition continue de nommer des personnalités au poste d’ambassadeurs dans certaines missions diplomatiques. Le 03 novembre 2021, M. Younoussa Baradji Maïga a été nommé ambassadeur du Mali à Niamey en République du Niger et M. Issa Ousmane Coulibaly à Ankara en République de Turquie. Le Conseil des ministres du 10 novembre a nommé comme ambassadeur du Mali à Madrid au Royaume d’Espagne, M. Abdrahamane Baby. Le 8 décembre 2021, M. Mamary Camara et M. Boubacar Diallo ont été nommés respectivement à Abu Dhabi et au Caire.
A la lecture du communiqué officiel du Conseil des ministres, le citoyen lambda se pose beaucoup de questions sur ces personnalités dont les noms ne sont accompagnés d’aucune précision pouvant faciliter à connaître leur profession. Une façon pour le gouvernement de Transition de dissimiler le grade des militaires nommés comme ambassadeurs. Les gouvernements précédents ont eu à placer des officiers supérieurs ou généraux à la tête des missions diplomatiques. C’est la première fois que l’exécutif dissimile leurs grades au grand public. Visiblement, les colonels de l’ex-CNSP semblent être doués dans le camouflage. Car, lors de la nomination des membres du Conseil national de la Transition, ils ont placé plusieurs militaires sans que l’opinion publique puisse se faire une idée sur leurs véritables identités.
« Des officiers généraux réduits en simple Messieurs », titrait, il y a une semaine l’hebdomadaire « Aujourd’hui-Mali » avec la photo du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. « Mais pourquoi cacher aux Maliens que ce sont des généraux qui sont nommés à ces postes pour les représenter dans ces pays ? Pourquoi ne pas dire directement aux Maliens que ces nominations concernent des généraux au lieu de faire exprès de ne pas mentionner leur titre et grade dans les communiqués du Conseil des ministres ? » s’interroge en substance l’hebdomadaire.
Si la situation du Mali était normale, personne n’allait crier au scandale. Un pays en danger comme le Mali ne peut pas se permettre non seulement d’envoyer ses hauts gradés dans des missions diplomatiques mais aussi de les contraindre au chômage forcé. Le Mali vit des situations gravissimes qui sont de nature à compromettre son existence.
La nomination de jeunes officiers dans des missions diplomatiques constitue un véritable gâchis. Ces nominations se font à un moment où le débat relatif au recours à une société de sécurité privée fait rage au sein de l’opinion en dépit du démenti officiel du ministre des Affaires étrangères et de la coopération. La soixantième session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenue le 12 décembre 2021 à Abuja, en République fédérale du Nigeria a fait part, dans le communiqué final, de sa vive préoccupation « par les risques pour la région d’une intervention de société de sécurité privée au Mali ».
De nombreux officiers formés au Mali et dans les meilleures académies militaires du monde sont aujourd’hui mis à l’écart et ne sont pas sollicités pour débattre des questions militaires et sécuritaires importantes pour l’avenir du Mali. Quel gâchis !
Le Mali a plus besoin de ces officiers sur le terrain pour conduire les opérations militaires que leur présence dans des ambassades. Le Mali doit plutôt battre le rappel des réservistes en plus des militaires en activité. Il faut aussi rappeler en activité tous les officiers supérieurs et généraux envoyés au chômage forcé.