Dans un contexte régional troublé, le Sénégal est jusqu’ici épargné par les attaques terroristes. Mais un nouveau rapport pointe des « vulnérabilités » dans les régions de Tambacounda et Kédougou, à la frontière avec le Mali. Une zone « soumise à une pression sécuritaire croissante », selon cette étude publiée, le jeudi 16 décembre, par l’Institut d’études de sécurité (ISS) et le Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS). Une situation liée à l’exploitation de l’or dans la région.
Situation enclavée, manque d’infrastructures, trafics, incidents sporadiques entre communautés opérant dans les activités aurifères dans la région de Kédougou… Autant de facteurs dont pourraient profiter les groupes extrémistes en provenance du Mali, selon les auteurs du rapport.
« Du fait que l’État du Sénégal n’a pas totalement le contrôle sur la production de l’or dans la zone, mais aussi du circuit de commercialisation, on sent que ce sont des failles que pourraient exploiter ces groupes pour se doter en moyens financiers, mais aussi infiltrer le secteur pour se doter en moyens opérationnels, comme ils le font dans certains pays au Sahel », explique Paulin Maurice Toupane, chercheur principal à l’ISS.
L’État du Sénégal a renforcé le dispositif sécuritaire au sud-est du pays. Mais la réponse doit être multiforme, souligne le rapport : « L’État du Sénégal devrait mettre en œuvre un certain nombre d’initiatives pour non seulement réduire les vulnérabilités socio-économiques qui alimentent les sentiments de frustration et d’exclusion très forts dans certaine localité de la zone. L’État du Sénégal devrait prendre un certain nombre de mesures pour réduire les dynamiques conflictuelles dans la zone et qui tournent autour de l’accès à la ressource minière et opposant les communautés villageoises, les étrangers et les compagnies minières. »
« Il est urgent de réagir », conclut le chercheur, « pour éviter le pire des scénarios dans la zone ».