Insécurité généralisée, cherté de la vie, crise alimentaire, ébullition du front social et politique, sanctions de la communauté internationale… Le gouvernement de la transition ne sait plus sur quels pieds il faut danser. Elle n’arrive pas à fédérer les énergies pour son accompagnement afin de trouver des remèdes à nos maux. Les actions posées dans ces derniers jours sont en train de créer le doute dans l’esprit de nos concitoyens quant à sa volonté de mener à bien le bateau Mali pour une sortie de crise. Mais aussi, de grossir le lot des mécontents et des opposants.
Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, dit-on. Les tâtonnements et les hésitations des autorités de la transition dans la conduite des affaires sont en passe de créer un mécontentement général au sein de la population. Et si elles ne prennent pas garde, le cocktail n’est pas loin d’exploser. La goute d’eau qui a débordé le vase a été quand le Premier ministre a résumé le bilan de la démocratie à une floraison d’associations et de partis politiques.
De ce 11 novembre à nos jours, l’électricité traverse le landerneau politique malien. Les acteurs du Mouvement démocratique, regroupement politico associatif, tombeur du mentor du Premier ministre, en 1991, font feu de tout bois contre sa déclaration qu’ils qualifient de restaurer la dictature militaire et de salir la mémoire des victimes des événements de mars 1991. En plus de cette effervescence politique, l’acquittement de Bakary Togola et la libération d’Adama Sangaré, maire du district de Bamako sont venus renforcer le malaise social.
Le rétropédalage des autorités de la transition est en train de semer le doute dans la tête des Maliens qui, malgré le doute du bénéfice qu’ils avaient accordé à ses dirigeants de conduire les affaires jusqu’à terme, commencent à délier leur langue. Ils doutent désormais de la volonté du gouvernement à tenir ses engagements qui consistaient à donner satisfaction dans les domaines de la sécurité, de lutte implacable contre corruption et la délinquance financière en mettant à la disposition de la justice les dossiers politico-financiers éclatés sous le règne d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Sur ce plan, la transition était beaucoup attendue par les Maliens. Mais les choses ne semblent pas bouger à la grande satisfaction du peuple malien qui souhaite que les bandits à col remboursent l’argent volé au Trésor public.
Contesté dès sa nomination à la tête du gouvernement de transition en juin dernier, Dr Choguel Kokalla Maïga est aujourd’hui plus que décrié par ses adversaires politiques que dans son propre camp (M5- RFP). Ces dernières déclarations sur les événements de mars 1991, à l’origine de la chute du général Moussa Traoré dont il réclame héritage politique, ont mis le feu sur l’huile. On lui reproche de nostalgique du parti unique et de négationniste. Et face à cette réécriture de l’histoire de mars 1991, les acteurs du Mouvement démocratique, membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), ont pris la plume pour donner leur part de vérité sur les événements de 1991 et ont mis en garde Choguel K. Maïga face à cette tentative de falsification de l’histoire des événements de mars 1991.
Toujours sur le plan politique, l’incarcération du Dr Oumar Mariko, président du Parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance a aussi provoqué un électrochoc au sein de l’opinion nationale. Interpellé lundi 6 décembre, il a été déféré à la Maison centre de Bamako. Il est accusé d’être l’auteur d’un vocal dans lequel il insulte le Premier ministre Maïga. Cette arrestation est qualifiée par les soutiens de Mariko d’une tentation de musèlement et de menace de la liberté d’expression. Et depuis cette, incarcération, la tension politique ne cesse de monter d’un cran.
Et pour éviter une explosion sociale liée à la cherté de la vie, le gouvernement de la transition vient de prendre un arrêté interministériel N°2021 5126/MIC-SG du 6 décembre 2021 suspendant l’exportation de la graine de coton, des tourteaux de coton, du mil, du sorgho, du maïs et du riz local jusqu’à nouvel ordre. Cette décision participe à désamorcer la bombe sociale. Mais pour éviter cela, le gouvernement doit faire un effort pour maintenir les prix qui ne cessent de grimper.
En dehors des politiques, certains soutiens de la société civile commencent à lâcher le gouvernement de la transition dont ils ne plus de perspectives quant à une véritable sortie de crise. Ce qui fait qu’il est envers et contre tous.
Espérons qu’au sortir des Assises nationales pour la refondation (ANR), des réponses concrètes seront données aux doléances du peuple malien pour qu’on puisse faire face aux problèmes qui nous assaillent depuis des années.
M. C