Berlin ne l’exclut pas. En cause, la situation sécuritaire au Mali, dit la ministre de la Défense, suscitant des réactions dans les deux pays.
“Nous devons maintenant aussi examiner si l’entraînement des soldats maliens pourrait se dérouler ailleurs, dans un endroit qui soit plus sûr pour nos soldats. La sécurité de nos soldats passe avant tout”, a déclaré à la presse allemande la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht.
Celle-ci n’a toutefois pas donné de détails sur le pays qui pourrait accueillir le millier de soldats de la Bundeswehr présents au Mali dans le cadre de la Minusma et de l’EUTM, la mission européenne de formation militaire.
Départ non unilatéral
Christoph Hoffmann, député du parti libéral membre de la coalition gouvernementale au pouvoir, laisse entendre que cette relocalisation ne se fera pourtant pas de manière unilatérale.
L’Allemagne ne peut pas décider seule, selon le député Christoph Hoffmann
“L’Allemagne ne peut pas décider elle-même, c’est toujours en coordination avec les autres partenaires. Mais la sécurité de nos soldats est un thème très important en Allemagne. C’est bien clair pour le public, d’où les propos de la ministre”, explique le parlementaire du FDP.
Cette déclaration de la ministre survient alors que la chargée de la Défense au Parlement allemand pointait du doigt récemment un manque d’équipements de l’armée allemande au Mali.
Amadou Maiga, membre du Conseil national de transition qui fait office de Parlement depuis que celui-ci a été dissout par les putschistes au Mali, ne comprend pas cette éventualité d’un départ de l’armée allemande.
“S’ils quittent le Mali, ils vont peut-être aller dans un autre pays du Sahel. Mais je pense que la sécurité, aujourd’hui, est la même partout au Sahel : il n’y a pas de sécurité dans le Sahel. Le Mali est l’Etat-modèle, l’Etat-type qu’il faut pour pouvoir sortir de tout ça”, note Amadou Maiga.
L’Allemagne opposée à une arrivée de Wagner
La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht
La déclaration de Christine Lambrecht survient alors que des informations font état de contacts entre Bamako et le groupe paramilitaire privé russe Wagner.
Berlin est opposé à cette éventuelle coopération. Même si le chef de la diplomatie malienne a nié sur nos ondes tout contrat avec Wagner, le député Christoph Hoffmann rappelle ainsi que la présence russe serait un problème pour Berlin, comme pour Paris :
“Cela pose un problème pour nous, tout comme pour les Français qui disent qu’ils ne peuvent pas faire de missions à côté des soldats de Wagner. Pour moi, c’est clair, le gouvernement allemand doit continuer à parler avec le gouvernement malien.”
Alors que le contingent français de Barkhane a annoncé la réduction de ses effectifs au Mali, Bamako a par ailleurs accepté la semaine dernière le déploiement d’un millier de soldats supplémentaires tchadiens au sein de la Minusma, “afin de faire face aux menaces”.