PolitiqueAbdrahamane Diarra, président de la jeunesse URD : “Je suis favorable à la tenue d’un congrès extraordinaire pour donner un nouveau souffle à la Direction du parti”
“Un an après le décès de Soumaïla Cissé, l’URD traverse des difficultés nées du choc de ce rappel à Dieu brutal de son leader”
La nécessité de remembrer la Direction nationale de l’Union pour la République et la Démocratie (Urd), les luttes de positionnement pour les prochaines échéances électorales, les Assises nationales pour la refondation de l’Etat et la vision de la Poignée de main… sont quelques-uns des sujets abordés ci-dessous par le président de la Jeunesse de l’Urd, Abdrahamane Diarra, qui a bien voulu se prêter à nos questions, un an jour pour jour après la disparition brutale du fondateur du Parti, Soumaïla Cissé. Entretien.
ujourd’hui-Mali : Un an après la disparition de Soumaïla Cissé, comment se porte l’Union pour la République et la démocratie (URD) dans ses différents segments, notamment le Mouvement des jeunes du parti de la Poignée de main ?
Abdrahamane Diarra : Je commence par vous saluer et vous remercier de cette opportunité que vous m’offrez de m’exprimer dans les colonnes d’Aujourd’hui. Je vous présente également mes condoléances et toute ma solidarité suite au double deuil qui a frappé la famille de votre directeur de publication, ABH. Puisse Dieu accorder à l’âme des disparus le repos éternel !
S’agissant de votre question, je commencerai par formuler des prières pour le repos éternel de l’âme de notre leader, feu Soumaïla Cissé, un patriote exemplaire qui aura tout donné à notre pays, j’ai aimé cette phrase du président du Parena, M. Tiébilé Dramé, à l’accueil de la dépouille mortuaire de l’illustre disparu : “Soumaïla est un martyr du Mali”.
Un an après le décès de son président, l’Urd traverse des difficultés nées du choc de ce rappel à Dieu brutal de son leader. Et ses difficultés n’ont épargné aucune structure du parti et même les mouvements affiliés, à savoir ceux des femmes et de la jeunesse. Mais très honnêtement je pense que toutes les grandes formations politiques comme la nôtre ont eu à traverser de tels moments de tension, et à l’Urd je suis persuadé que les hommes et femmes qui l’animent parviendront à juguler cette crise et croyez-moi nous y arriverons incha Allah.
La guerre fait rage concernant le choix du candidat à la prochaine présidentielle, le risque d’implosion et de dilapidation des acquis sous le défunt président du parti est réel. La jeunesse n’est-elle pas en devoir de rassembler, de consolider l’unité et la cohésion au sein du parti ? Que fait-elle dans ce sens ?
Guerre ? Non il y a des luttes de positionnement, des actions normales dans toute formation politique vivant le contexte que l’Urd, notre famille politique, vit. Sous le leadership de feu Soumaïla, nous avons su surmonter bien d’épreuves, et incha Allah, en respectant les textes du Parti et la volonté de la majorité de ses militantes et militants comme il se doit en démocratie, nous resterons unis et les acquis seront préservés.
Seriez-vous pour la tenue d’un congrès extraordinaire en vue du remembrement du bureau politique national, du choix consensuel du nouveau Champion de la Poignée de main et pour dissiper tous les malentendus ?
Justement je pense personnellement que le Parti traverse une crise de leadership. C’est vrai, il faut reconnaître que ce n’est pas facile de remplacer un leader de la trempe de feu Soumaïla Cissé, il faut aussi saluer les efforts du 1er vice-président, Pr. Salikou Sanogo, qui assure l’intérim du président du Parti. Mais eu égard aux difficultés qui nous assaillent et aux nombreux défis qui nous attendent, il nous faut donner un nouveau souffle à la Direction du parti, d’abord pour choisir un président, mais aussi faire de la place aux nombreux cadres et militants qui nous ont rejoints.
D’ailleurs, une chose qui était chère à feu Soumaïla, qui ne cessait de dire “faites de la place à ceux qui choisissent l’Urd comme destination”.
Compte tenu de ce constat, je vous répondrai que je suis favorable à la tenue d’un congrès extraordinaire.
L’actualité politique dominante au Mali est la tenue des Assises nationales de la refondation dont les phases ultimes sont attendues pour les prochains jours.
A mi-parcours, ont-elles, selon vous, leur raison d’être ? Est-ce des ANR de plus ? Sinon quelle est la particularité de cette nouvelle grand-messe nationale ?
Je suis de ceux qui, depuis des années, militent dans notre pays pour le dialogue et qui pensent sincèrement que ce n’est qu’en dialoguant objectivement entre Maliens que nous parviendrons à sortir notre pays de l’ornière. Donc, de mon point de vue, les Assises nationales de la refondation sont les bienvenues. Mais je déplore le fait que les autorités de la Transition n’ont pas pu embarquer toutes les parties prenantes. Aussi, des retours faits par certains Maliens sur les étapes réalisées, il est nécessaire d’évaluer le processus avant d’arriver à l’étape finale, et ça avec de la volonté politique, c’est bien possible.
Sinon la particularité tout comme la Conférence nationale de 1991, est qu’elles se tiennent pendant une transition politique. Donc c’est bien le moment en termes de timing de réformes de s’interroger et de décider ensemble pour régler nos problèmes.
Vous y croyez au Mali Kura ?
J’entends par Mali Kura, un Mali qui a des dirigeants issus d’un processus électoral démocratique transparent, choisis par le peuple sur la base des valeurs qu’ils incarnent, de leurs visions traduites en programmes qui laissent transparaître leur connaissance pointue du Mali, de son peuple et des problèmes qui les assaillent, et qui donnent des pistes de solutions réalistes et vérifiables.
Si les autorités de la Transition travaillent clairement pour cela, je crois au Mali Kura.
Si on n’a pu tenir les Assises dans les délais, peut-on craindre la tenue des élections dans les mêmes conditions ?
Comparaison n’est pas raison. Les conditions d’organisation et de tenue des Assises nationales de la refondation diffèrent de celles des élections.
Cependant, je pense personnellement qu’il faille très rapidement rendre public un calendrier de préparation, d’organisation et de tenue des élections qui déterminera la fin de la Transition, ceci renforcerait la confiance entre les parties prenantes et militerait en faveur de la réussite de la Transition que nous souhaitons tous.
La Transition est plus que jamais sous le coup des sanctions de la communauté internationale. Le point de non-retour semble atteint entre notre pays et la Cédéao, y a-t-il une issue heureuse à ce bras de fer ? Le Mali pourrait-il éventuellement vivre en autarcie et comment ?
Evidemment, que cela soit clair, si l’autarcie consiste à se suffire et avoir une économie fermée, notre pays le Mali et aucun autre pays ne peut vivre en autarcie.
Je pense que les sanctions annoncées, qu’elles soient de la Cédéao ou d’autres entités de la communauté internationale, sont de principe et elles ne peuvent aucunement être destinées à faire souffrir les populations, mais sont plutôt destinées plutôt aux dirigeants et nous constatons tous les efforts déployés, sous la forte implication du président de la Transition, par la diplomatie malienne auprès de la communauté internationale et régionale pour expliquer la démarche nationale de sortie de crise et éviter justement les sanctions.
Votre candidat sera assurément une des attractions lors des prochaines joutes électorales, le Mali connaît une crise multidimensionnelle sans précédent. Est-ce que votre parti est porteur d’une vision réaliste face aux maux qui assaillent notre pays ? Qu’est-ce qu’il prévoit dans son programme de société contre l’impunité, l’injustice, l’insécurité les effets du changement climatique ; pour l’unité du territoire, l’école, la santé, etc.
Oui, notre parti, l’Urd, est porteur d’une vision réaliste qui offre des solutions mesurées et réalisables aux maux qui assaillent notre pays et le peuple malien. Tout comme notre devise, nous sommes profondément attachés aux valeurs républicaines et démocratiques et nous croyons au travail dans l’unité et la justice.
Nous pensons avant tout qu’il faut restaurer l’autorité de l’Etat dans tous ses compartiments et l’étendre à toute l’étendue du territoire national. Dans notre vision, nous donnons forme à la bonne gouvernance et nous prévoyons de repenser notre système de défense et de sécurité en vue de le renforcer et le rendre plus efficace afin d’assurer pleinement sa mission de sécurisation du territoire des personnes et leurs biens. Notre intention est de lutter de façon implacable et impersonnelle contre l’impunité en veillant à la distribution d’une justice vraie, gage du développement. L’école, nous sommes de ceux qui pensent que la première richesse et celle intarissable, c’est les ressources humaines, donc nous ferons de notre système éducatif l’une des premières priorités de l’Etat.
En temps plus opportun, nous nous ferons un honneur et un plaisir de partager avec nos compatriotes la traduction intégrale de notre vision en programme.
Quelles sont les chances de l’Urd aux prochaines élections générales ?
Les chances de l’Urd aux prochaines élections générales sont grandes dans la mesure où de nombreuses Maliennes et de nombreux Maliens ont décidé, et ce depuis sa création en juin 2003, d’y militer et d’y accueillir tous les Maliens désirant y adhérer et à égales chances pour cheminer ensemble pour un Mali nouveau et meilleur. Notre force, c’est notre vision et notre nombre donc notre base politique.
Y a-t-il trop de partis politiques au Mali ? Quelle est votre appréciation de cette situation ?
C’est vrai aujourd’hui nous avons environ 300 partis politiques au Mali, je ne dirai pas qu’il y a trop de partis politiques car dans les grandes démocraties nous avons bien plus, mais en termes d’organisation je pense que notre pays pourrait mieux faire en termes de réformes pour mieux organiser en termes de conditions de création et de regroupement des partis, tout en observant le respect strict des principes démocratiques.
Un dernier message peut-être ?
Le Mali est un grand pays par sa superficie, par son Histoire et il est à un tournant décisif de son avenir et de son existence. C’est une évidence que tous les enfants de ce pays doivent se parler et se comprendre. Il faut instaurer le débat, c’est par le débat que l’on peut ériger une démocratie modèle.
La Transition actuelle est une opportunité pour construire un avenir radieux à condition que chacun joue pleinement sa partition.
Que Dieu bénisse nos efforts, que Dieu bénisse le Mali !
Et encore une fois, merci au journal Aujourd’hui-Mali pour cette opportunité.