La scène politique malienne n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets, elle va de la tragi-
comédie au Koteba national. En effet, depuis plus de 30 ans c’est le même tempo, le même
décor, la même trame et les mêmes acteurs. Leurs convictions, voire positions varient selon
qu’ils soient du côté du pouvoir ou celui de l’opposition. Tout y passe, et tout est admis
sauf la vertu et l’éthique. Sinon comment comprendre que ceux qui, hier, ont mis à genou
le Mali par leur gouvernance chaotique, cherchent aujourd’hui à être encore au-devant de
la scène, en faisant fi du burlesque passé et surtout en voulant se faire bonne conscience.
Au lieu de reconnaitre les bévues commises et faire profil bas en soutenant la transition ils
font feu de tout bois en s’opposant aux nouvelles autorités. Regroupés au sein d’un
Mouvement qu’ils auraient baptisé regroupements de partis politiques pour la réussite de
la transition. Derrière ce beau vocable se cacherait un plan de récupération de ce qui leur a
échappé le 20 Août 2020 avec la chute du régime IBK ou bien à défaut déstabiliser. Malgré
tout faut-il les applaudir pour avoir eu le courage d’assumer leur part de responsabilité au
moment où les autres partis membres de l’ancienne majorité affluent vers Kati pour avoir
leur part de gâteau avec la junte ?
L’un des principes sacro-saints de la démocratie n’est-il pas un débat contradictoire une
majorité qui gouverne et une opposition qui critique. Ainsi, même si une transition est
censée être au juste milieu, il n’en demeure pas moins qu’il est important d’avoir des voix
discordantes dont l’objectif serait de jouer le rôle de sentinelle. En effet, en marge des ANR
Bocary Tréta avait donné rendez-vous aux militants du RPM, au Palais de la Culture Amadou
Hampaté Bah pour les 3 e assises du comité central de son parti. La cérémonie d’ouverture de
cet important forum des tisserands a non seulement enregistré la présence de tous les
opposants à la transition, mais aussi a été une occasion de réaffirmer la position du RPM sur
la prolongation ou pas du délai imparti. Est-ce une coïncidence ou un fait délibéré c’est
quand les ANR se passaient au Palais des Congres sur la rive gauche, que Tréta et ses amis
ont choisi le palais de la Culture Amadou Hampaté sur la rive droite pour marquer leur
opposition à ces ANR. En plus des militants et cadre du RPM, l’ex parti majoritaire au
pouvoir, on pouvait noter la présence du PARENA, du PS Yelen Koura, de la CODEM, de la
CMAS, du Mouvement Nouvel Horizon Mali Faso Jo Sira, de l’ACRT, nous en oublions
volontiers. Ces partis et d’autres ont décidé d’inscrire leurs actions dans l’opposition à la
transition. Ils se disent déterminer à s’opposer par tous les voies et moyens légaux et
démocratiques à toute forme de confiscation du pouvoir par la junte. C’est pourquoi ils
exigent le respect des 18 mois consacrant la fin de la transition par l’organisation d’élections
crédibles transparentes et inclusives. Faudrait-il vouer aux gémonies ces partis politiques et
leurs premiers responsables pour s’être opposé à la transition ? Ils seraient seulement
blâmables pour n’avoir pas reconnu leur part responsabilité dans les crimes économiques,
de sang perpétré sous le magistère de leur mentor IBK et surtout de se repentir. Sinon la
démocratie ne s’accommode pas avec le consensualisme, sinon elle devient de la
« mangécratie » le festin de la République. Donc il est tout à fait normal d’avoir d’autres voix
discordantes qui veuillent et jouent le rôle de sentinelle pour pousser les tenants du pouvoir
à se tenir droit et à respecter leurs engagements. Ce qu’il faut même saluer chez les
tisserands c’est leur cohérence, leur fidélité aux idéaux du parti RPM et leur courage quand
bon nombre de ses alliés d’hier se ruent vers des horizons succulents.
En somme, il est tout à logique qu’il y ait une opposition à n’importe quelle gouvernance,
car c’est dans la contradiction que pourrait jaillir la solution ou les solutions aux nombreuses
préoccupations et défis. Vivement une opposition constructive pour un véritable ancrage
démocratique.