Suite aux Assises nationales de la refondation qui ont recommandé la prolongation de la transition de 6 mois à 5 ans, les autorités de la transition du Mali ont soumis à la CEDEAO un chronogramme des élections. Selon ce chronogramme sur lequel les chefs d’État de l’organisation régionale doivent statuer le 9 janvier prochain, la transition en cours au Mali prendra fin en janvier en 2026.
« Les participants se sont prononcés pour la prorogation de la transition afin de pouvoir réaliser les réformes institutionnelles structurantes et, par conséquent, permettre des élections crédibles, équitables et transparentes. Les délais avancés varient de 6 mois à 5 ans ». C’est l’une des recommandations phares des Assises nationales de la refondation tenues au Mali du 11 au 30 décembre 2021. Au lendemain de la fin des assises, un projet de résolution sur le chronogramme de la transition a été élaboré par le panel des hautes personnalités. Dans ce document publié sur les réseaux sociaux, on indique que « sur les 20 régions administratives du Mali (soit 65%) se sont prononcées spontanément pour la prolongation de la transition, avec des durées variables d’une région à l’autre et une moyenne des durées proposées de 32 mois ». Selon le même document, tenir les autorités de la transition redevables de la réalisation des résolutions indispensables à la refondation de l’État ; la sécurisation des personnes et leurs biens sur toute l’étendue du territoire ; la matérialisation des réformes politiques et institutionnelles dont la mise en place effectif d’un organe unique de gestion des élections ; conduire les élections et d’en assurer les conditions nécessaires de transparence, de crédibilité, et d’acceptation des résultats par tous…les arguments avancés pour justifier la nécessité de la prolongation de la transition.
Les assises ont ainsi décidé que « le gouvernement prennent le temps qu’il faut pour assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national avant d’aller aux élections ». Aussi, ont-elles décidé que la durée de la transition sera cinq (5 ans) au plus pour compter du 1er janvier 2022, afin de réunir les meilleures conditions d’élections libres, transparentes, crédibles, et acceptables par tous, précise le projet de résolution sur le chronogramme de la transition.
Un chronogramme de 5 ans soumis à la CEDEAO
Dès le lendemain de la fin des assises, une délégation malienne conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale s’est rendue à Accra. Objectif : soumettre le chronogramme de la fin de la transition à Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana, président en exercice de la CEDEAO. « C’est un chronogramme d’une durée de 5 ans qui a été soumis au président en exercice de la CEDEAO » a déclaré le ministre Abdoulaye Diop au micro de nos confrères de l’ORTM. Selon plusieurs sources dont le journaliste Malick Konaté, la commission dépêchée par le Président de la Transition à Accra pour rendre compte les recommandations issues des Assises Nationales de la Refondation, au Président de la CEDEAO, a proposé un chronogramme comme suit : la révision constitutionnelle prévue en décembre 2023 ; les élections territoriales en juin 2024 ; les élections législatives et sénatoriales en mai 2025 et l’élection présidentielle en janvier 2026.
Selon le ministre Diop, le chronogramme de 5 ans est une proposition et est discutable. « C’est cette question qui a été présentée mais il y a toujours des discussions possibles pour pouvoir vérifier le contenu des options qui ont été arrêtées », a-t-il laissé entendre. Aussi, a-t-il indiqué que « les éléments étaient qui présentés y compris un chronogramme feront l’objet de partage et d’examens par l’ensemble des chefs d’État ». La proposition de la prolongation de la transition ne vient pas des autorités de la transition mais des Maliens, selon le ministre Abdoulaye Diop. « Nous avons fidèlement apporté les résultats par rapport aux assises nationales de la refondation, par rapport à la durée de la transition », a-t-il déclaré avant d’ajouter que le Mali reste ouvert, disponible pour les discussions avec la CEDEAO afin de pouvoir arriver à une solution consensuelle. « Nous espérons qu’en retour, la CEDEAO pourra venir pour pouvoir engager des discussions techniques avec nous pour voir dans quelle mesure nous pourrons avancer avec une solution consensuelle et l’adoption d’un chronogramme qui puisse consacrer le retour de notre pays dans un ordre constitutionnel normal », a déclaré le chef de la délégation dépêchée par le président de la Transition à Accra, au Ghana.
Un sommet extraordinaire des chefs d’État le 9 janvier
Les chefs d’États de la CEDEAO qui ont émis des sanctions individuelles contre les autorités de la transition et qui menacent d’imposer les sanctions économiques contre le Mali, se réuniront en sommet extraordinaire le 9 janvier à Accra. Ils statueront sur la situation au Mali, particulièrement sur le chronogramme de la fin de la transition qui leur a été soumis. Mais avant, une délégation conduite par le Médiateur pour le Mali, Goodluck Jonathan sera à Bamako ce mercredi, selon un communiqué de l’organisation. « La commission de la CEDEAO prend note de la communication le 31 décembre 2021 d’un projet de chronogramme sur les élections transmis par une délégation malienne conduite par le ministre chargé des Affaires étrangères à son excellence Monsieur Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana, président en exercice de la CEDEAO », a précisé le communiqué de la CEDEAO qui a ajouté : « Ce dernier a invité le Médiateur pour le Mali à se rendre à Bamako le mercredi 5 janvier 2022. Un sommet extraordinaire sur le Mali se tiendra le dimanche 9 janvier 2022 ».
A Bamako, une partie de la classe politique s’oppose farouchement à toute prolongation de la transition. C’est le cas du cadre d’échange des groupes et partis politiques pour une transition au Mali. « Pire qu’une prolongation c’est une confiscation que la junte et ses complices envisagent. Selon leur chronogramme présenté en catimini à Accra ils resteraient jusqu’en 2026. Il ne s’agit plus du chronogramme, nous leur disons que c’est le chronomètre qui joue désormais », a écrit Tiéman Hubert Coulibaly, président de l’UDD sur sa page facebook.