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Prolongation contestée de la Transition : Assimi perd de nombreux soutiens !
Publié le lundi 10 janvier 2022  |  La Revelation
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© Autre presse par DR
Ouverture de la 51è session des membres du Conseil des ministres de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada)
Bamako, le 16 décembre 2021. Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a présidé au CICB, la cérémonie d`ouverture de la 51è session du Conseil des ministres de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada).
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La durée de cinq ans de la Transition, envisagée par les proconsuls de Kati, est en passe d’aliéner de nombreux soutiens de la junte militaire, dont plus d’un ont été plutôt surpris par ce long terme, compromettant bien des ambitions présidentielles et révélant surtout la dévorante ambition d’un Assimi Goïta, peu soucieux de considérations pour le retour à un pouvoir civil renvoyé aux calendes grecques !

Les 5 ans du Chapeau de Merlin

Les mauvaises habitudes ont décidément la vie dure. Encore plus quand il s’agit de la junte à la tête de la Transition malienne. Les proconsuls de Kati n’ont pu une fois de plus s’empêcher d’user de la corde éculée de la duplicité qui leur avait si bien servi quand ils avaient fait accoucher de prétendues concertations populaires d’une charte taillée à leur mesure. La stratégie consiste à convoquer de grands foras, pompeusement désignés populaires comme l’émanation de la volonté de toute la population du Mali, invités à des menus abscons aux termes desquels sortent des résolutions dont personne ne semble savoir comment elles se sont invitées aux débats, ni par qui elles ont été initiées encore moins ce qui en a été dit. La ficelle a si bien servi aux ‘’concertations populaires ‘’pour la charte qu’elle a de nouveau été ressortie pour ces ANR. Une méthode éprouvée, un seul objectif : oindre du label populaire une seule volonté, celle des militaires, en l’occurrence ici, se maintenir au pouvoir, advienne que pourra ! Le respect des engagements pris, et cela depuis l’adoption controversée de la Charte de la Transition, ne semble visiblement pas la tasse de thé des proconsuls de Kati.

Le Colonel Assimi Goïta a-t-il cette fois présumé de sa relative popularité, davantage brandie par une frange extrémiste populiste aux tendances sectaires et quelque peu xénophobes que solidement ancrée au sein de la population réelle ? Toujours est-il que la volonté de prolonger de 5 ans la période exceptionnelle actuelle a paru excessive à nombre d’observateurs, mais surtout à la cohorte des soutiens intéressés qui jusque-là accompagnaient les militaires dans leurs différentes postures.

Seulement cette fois, la pilule paraît difficile à ingurgiter, pas seulement pour ceux dont l’opposition est de principe, mais bien pour ceux-là qui surfaient jusque-là sur de ‘’sombres’’ amitiés militaires, en escomptant de solides retours sur investissements.

Aussi s’interroge-t-on de savoir si le porte-parole du gouvernement, le Lieutenant-Colonel Abdoulaye Maïga n’a-t-il pas menti, ce mercredi 5 janvier en conférence de presse, lorsqu’il a assuré que la période de cinq ans a été retenue par la majorité de délégués aux Assises nationales de la refondation. La conférence de presse intervenait à l’issue d’une série de pérégrinations, visiblement peu fructueuses, entamées dans certaines capitales sous-régionales pour justifier que la substantielle rallonge n’était rien moins qu’une volonté populaire. Le Ministre de l’administration, plutôt coutumier des débordements verbaux (sa voracité financière évaluant les élections à… 100 milliards Fcfa est passée par-là), n’est pas en veine de déclarations en mauvais ménage avec la réalité. Car, depuis l’annonce du délai de cinq ans, d’ailleurs prudemment faite à… Accra ce samedi 1er janvier, le moins que l’on puisse dire est que la junte malienne fait face à une certaine désapprobation.

La bronca populaire, pour l’heure en phase d’organisation, s’appuie sur nombre de réactions, dont certaines venues des rangs mêmes des participants aux assises. Ainsi, d’après plusieurs sources, telle cette déclaration de la convention pour le Mali, le chronogramme soumis à la CEDEAO « trahit la volonté des participants » qui auraient proposé seulement 6 à 12 mois de transition et non 6 mois à cinq ans, comme les autorités le prétendent.

L’élaboration du chronogramme de cinq ans, du moins tel que prétendu issu des discussions des participants, paraît magique comme sortie subrepticement du chapeau de l’enchanteur.

Une forte opposition

C’est du moins ce qui ressort de la déclaration commune, publiée ce 05 janvier 2022, de la Plateforme « Unis pour le Mali », le Cadre « d’échange » des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, ainsi que d’une foule d’organisations, jusque-là peu engagées dans ces joutes, mais aujourd’hui opposées à ce passage en force de la junte de Kati. Pour ce regroupement hétéroclite, encore en maturation, le choix de cette durée révèle manifestement une certaine duplicité du pouvoir, car « la prolongation de la transition n’était nullement au nombre des 13 thématiques soumises aux délibérations ». Le fait est que d’après cette déclaration, « les organisateurs… n’ont pas osé soumettre aux ateliers et à la plénière leur résolution sur le chronogramme de prolongation de la transition ».

Du coup, les déclarations hostiles sont accompagnées d’appels à barrer la route à ceux que certains, comme Issa Kaou N’Djim, ancien soutien radical de ‘’l’imperturbable patriote Assimi Goïta’’ chassé des allées du pouvoir après avoir été mis en prison par son mentor, dénonce comme « une tentative d’imposer une dictature militaire » et appelle de ce fait à « la mobilisation générale » à partir du 27 février prochain. Une fois n’est pas coutume, le président de l’ACRT est rejoint par ses anciens amis de la CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko qui invitent pour leur part les maliens « à ne plus reconnaitre les autorités de la transition à partir du 27 février 2022 ».

De toute façon, la position de principe des partenaires est bien connue que le médiateur de la CEDEAO a résumée à l’issue de ses discussions de ce mercredi 5 janvier à Bamako avec la junte et les représentants des partenaires. Ceci survient après les plâtres essuyées à Abidjan face au Président ivoirien Alassane Ouattara qui n’a pas pris de gants pour stigmatiser cette démarche de la junte malienne, en demandant aux ministres maliens des Affaires étrangères et de l’Administration, délégués par Assimi Goïta, de savoir sur quelle planète la junte malienne se croyait. Pour sa part, Goodluck Jonathan, à l’issue de ses entretiens, notamment avec les diplomates, a clairement fait comprendre que la prolongation de 5 ans supplémentaires n’obtiendra aucune grâce aux yeux des gouvernements d’Afrique de l’Ouest. L’ancien Président nigérian n’a pas fait dans la langue de bois en soulignant, selon plus sieurs confrères de la place, que « Cinq ans de Transition ? C’est trop ! C’est plus que le mandat d’un président démocratiquement élu au Nigéria. Jamais ! On n’acceptera pas », s’est-il insurgé, en laissant entendre que « le compte à rebours a commencé ». En guise de menaces à peine voilées quant à l’issue de la session extraordinaire de la CEDAO des chefs d’ état prévue ce 09 janvier, probablement couplée à celle de l’UEMOA, au cours de laquelle les sanctions pourraient être considérablement durcies contre Assimi et les siens.

Sérieuses réserves amicales et ambitions contrariées

Par ailleurs, la junte paraît davantage à la peine, cette fois avec ses amis de l’intérieur. Et pour cause, nombre de ses partisans ne se reconnaissent pas dans une démarche qui a l’air d’être plutôt une équipée solitaire, non concertée, en dépit du label ANR dont on veut bien l’habiller. Ainsi, dans une interview accordée à notre confrère de RFI, Marimantia DIARRA, le nouveau Président de l’Adéma-PASJ, ne peut s’empêcher d’être gêné par la tournure des choses. Ce membre choisi par Assimi pour composer la ‘’noblesse’ de son Conseil national de la Transition, CNT, est celui qui a décidé de ramener l’ancien parti au pouvoir à la table des ANR, après le refus de participation brandi par son prédécesseur Tiémoko Sangaré. Dans cet entretien, ce partisan de la première heure de la junte, juge que « Cinq ans (5 ans), ce n’est pas imaginable, ce n’est pas acceptable ». Même s’il estime que l’Adema n’a « pas la même option que d’autres qui ont parlé, qui veulent prendre la rue », il invite fermement ses alliés militaires à revoir « à la baisse leurs prétentions » transitoires.

De même, plusieurs soutiens de la junte, prétendant l’accompagner, paraissent tout aussi gênés par cette trop longue durée. Ainsi en est-il des nombreux candidats qui avaient déjà mis en place des machines de campagne, dont les activités ont couvert l’année écoulée. Pour nombre d’entre ces candidats putatifs en effet, les starting-blocks devraient être disposés à l’orée 2023 au plus tard maximum. Certes, pour certains, les engagements paraissaient davantage folkloriques, comme pour Ibrahim Diawara dont l’épouse Colonelle du rang préside aux destinées des œuvres sociales… du Président de la Transition, tant il était difficile de croire que les ambitions du faiseur de pluies entrent en contradiction avec celles clairement affichées de l’ambitieux Colonel des forces spéciales. Par contre, plusieurs candidatures étaient déjà annoncées, efficacement ou non portées par des associations, mouvements ou forces politiques. Le nouveau calendrier marque un coup d’arrêt d’autant plus brutal que ces prétentions présidentielles éprouveront du mal à s’inscrire dans une longue attente.

La junte avait jusqu’alors compté avec la confusion créée par ces personnalités, peu engagées dans les joutes politiques classiques et davantage disposées à un soutien discret mais fort efficace parce que sonnant et trébuchant, car mettant à disposition du pouvoir militaire leurs carnets d’affaires, parfois affairistes mais néanmoins plus ou moins riches, et leurs confortables matelas financiers. Dans la plupart des cas, les actions de soutien étaient inscrites dans un sorte de gentlemen agreement de retour d’ascenseurs, y compris comme en 2013 une bonne prédisposition du Camp Soundjata, pour le choix du futur locataire de Koulouba.

La volonté de Assimi et de ses amis de retarder leurs adieux aux ors de la République, à défaut de s’y durablement incruster, vient contrarier ces ambitions et ces appétits. Et brouille considérablement les cartes du menu des prochaines agapes !

Jean-Baptiste Satono/La Révélation


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