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Transition malienne pour une refondation réussie : Les fondateurs du M5-RFP veulent remettre l’outil de combat sur pied
Publié le lundi 17 janvier 2022  |  Arc en Ciel
Célébration
© aBamako.com par FS
Célébration du 1er anniversaire du M5-RFP
Le M5-RFP a célébré son anniversaire le Vendredi 4 Juin 2021 sur la place de l`indépendance.
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Cheick Oumar Sissoko, Konimba Sidibé, Mohamed Ali Bathily, Mme Sy Kadiatou Sow, Aliou Sankaré et Modibo Sidibé, …. Veulent donner une nouvelle âme au M5-RFP, afin que la Transition actuelle soit mise à profit pour faire une véritable refondation du Mali. « Faire une première évaluation de la gouvernance de transition, en tirer les leçons, agir pour éviter tout dérapage et rendre la refondation possible », est leur ambition affichée dans une longue lettre rédigée le 7 janvier 2022.
C’est un secret de polichinelles. C’est fini la belle époque où les cadres du M5-RFP soufflaient à l’unisson dans la même trompette. Où, ils se tenaient par la main à la place de l’Indépendance, après des nuits blanches de réflexions communes pour faire chuter le régime de IBK.
Devenus Premier Ministre du Gouvernement Malien au nom du M5-RFP et ayant autour de lui quelques Ministres issus des rangs du Comité stratégique du M5-RFP, Choguel Kokala Maïga et ces derniers semblent avoir oublié d’où ils viennent. Et, tout ce qu’ils s’étaient dit lors des réunions nocturnes du M5-RFP.
En tout cas, dans une longue lettre, 6 membres du Comité Stratégique du M5-RFP et non des moindres, ont décidé de rompre le silence et d’exposer sur la place publique le différend qui les opposent à leurs camarades d’hier qui dirigent aujourd’hui le Gouvernement Malien.
Se refusant de donner l’impression que dans leur combat contre le régime de IBK, ils ne s’étaient en aucun moment inscrits dans la logique de « levez-vous pour nous céder vos places », ils ont décidé de rappeler aux uns et aux autres les raisons profondes qui ont prévalu à la création du M5-RFP. « Face à la gravité de la situation de notre pays après les mascarades d’élections présidentielles et législatives en 2018 et 2020 respectivement, des partis politiques et associations de divers horizons se sont regroupés au sein d’un front politique et ont œuvré à la chute du régime de IBK intervenue en août 2020. La junte militaire qui a parachevé la lutte du MS-RFP par un coup d’état a mis en place un régime de transition pour une période de 18 mois, sans nous pendant les neuf premiers mois et avec nous depuis mai 2020 », indique la lettre.
Avant de déclarer qu’ « Après sept mois de gestion par un gouvernement dirigé par Choguel K. Maiga, Président du Comité Stratégique du M5-RFP, il existe peu d’indices permettant de croire que le pays est solidairement engagé sur la voie de l’atteinte de notre objectif commun qu’est la refondation de la gouvernance du Mali ». Pire, les 6 signataires de la lettre sont convaincus qu’ « en plus, nombreux sont nos compatriotes qui sont inquiets aujourd’hui quant aux suites que pourraient avoir la prise de la décision de prorogation de la transition par les autorités ».

Conduite de la Transition au Mali, le M5-RFP fortement interpelé
Ils ont ajouté que « cette situation interpelle fortement les dirigeants du M5-RFP qui doivent absolument faire une première évaluation de la gouvernance de transition, en tirer les leçons, agir pour éviter tout dérapage et rendre la refondation possible ».
Et, c’est dans ce sens qu’ils ont adressé une lettre à leurs chers Collègues membres du Comité Stratégique du M5-RFP. « C’est préoccupé par la situation de notre pays et celle du M5-RFP que nous souhaitons l’ouverture d’un débat spécial au sein du Comité Stratégique afin de circonscrire les périls qui nous guettent », ont-t-ils indiqué.
Les 6 cadres du M5-RFP, dans une précision chirurgicale, sans être exhaustif, ont même proposé les points qui feront l’objet d’une évaluation.
En premier lieu, ils veulent que le M5-RFP remette sur la table la question du Conseil National de Transition (CNT). Selon-eux, « à ce jour, la position officielle du M5-RFP est que cette institution est illégale et illégitime ». Sur la base de ce constat, ils ont rappelé que le M5-RFP avait introduit devant la Cour Suprême une requête aux fins d’annulation du décret pris pour la nomination de ses membres. « Pourquoi ce dossier n’a-t-il connu aucune évolution après neuf mois de gestion du gouvernement par le Président du MS-RFP alors que ‘’Diligenter les actions pour l’annulation des décrets relatifs au CNT’’ est une action inscrite dans la feuille de route du MS-RFP pour la transition », ce sont interrogés les camarades de Choguel K. Maïga, suffisamment outrés, nous imaginons.
« Le MS-RFP doit-il profiter de la nomination de nouveaux membres du CNT en remplacement de démissionnaires pour y envoyer des représentants en catimini sans que ce dossier ne soit vidé ? », est la question à réponse sûrement difficile qu’ils posent à leurs camarades, dont certains sont pressés à se faire inviter à la table à manger national. Mais, sans attendre aucune réponse ambigüe de leur part, ils ont estimé que « ce serait manifestement emprunter la voie des mauvaises pratiques de gouvernance et cela nous éloignerait de la transition de rupture que nous voulons pour bâtir le Mali Kura ».
En second lieu, ils se sont aussi demandé si « les Assises Nationales de la Refondation ont-t-elles été adaptées aux attentes du Comité Stratégique du M5-RFP ? », notamment sur deux points inscrits dans son Plan d’actions de mise en œuvre de notre feuille de route pour la transition. Ce sont : « Établir un diagnostic partagé de la gravité et de la profondeur de la situation nationale, des enjeux, défis et périls, et de nos vulnérabilités structurelles » et « Faire émerger une vision commune de la Transition ».
Les 6 camarades du Premier Ministre Choguel K. Maïga dans le Comité Stratégique du M5-RFP, ont aussi décidé d’inscrire à l’ordre de jour de leur rencontre bilan « les actes posés par le gouvernement et les progrès faits sur les principales thématiques inscrites dans la feuille de route du M5-RFP pour la transition ». Ce sont : la défense et sécurité, la Justice et la lutte contre l’impunité (dont les tueries des 10, 11 et 12 juillet), corruption et crimes économiques, la réduction du train de vie de l’État, la définition du contenu détaillé des réformes politiques et institutionnelles, l’identification des points précis de relecture de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale issue du processus d’Alger, la refondation des systèmes de l’éducation, de la santé et de la justice.

Le constat de la division du Comité stratégique du M5-RFP
En ce qui concerne la situation, le rôle et le fonctionnement du M5-RFP, ils ont indiqué dans leur lettre que « le constat est clair que le Comité Stratégique du MS-RFP est divisé aujourd’hui entre ceux qui veulent réduire son rôle à celui de ‘’ Caisse de résonance de son Président, Premier Ministre, et ceux qui souhaitent en faire une force de veille et de proposition efficace pour la réussite de la transition de rupture attendue par l’ensemble du peuple malien ».
Mieux qu’un simple constat, ils ont accusé. « Ce clivage est voulu et entretenu par le Président du M5-RFP à travers ses attaques publiques répétées contre le Mouvement Démocratique de 1991 dont sont issus plusieurs dirigeants de premier plan du M5-RFP (d’abord en mars 2021 et récemment encore après sa nomination au poste de PM) », ont-t-ils dénoncé.
Et, pire, ils ont soutenu qu’au regard de « sa composition actuelle, le Comité Stratégique du M5-RFP n’est pas en capacité d’assumer efficacement sa fonction car plusieurs de ses leaders de premier plan ne participent plus à ses activités après leur nomination comme PM et ministres ». « Ayant compris que les charge de PM et de ministres ne permettent pas aux intéressés d’être actifs au sein du Comité Stratégique, nous avons demandé un remembrement de cet organe immédiatement après la constitution du gouvernement. Cette demande a malheureusement été rejetée dans ce climat de clivage du Comité Stratégique », précise la lettre.

L’absence de collaboration entre le PM et le Comité Stratégique du M5-RFP
Très avertis, les 6 signataires de la lettre sont convaincus qu’ « une autre raison de l’incapacité du Comité Stratégique à être un acteur majeur dans ta conduite de la transition réside dans l’absence de cadre de collaboration entre lui et le Premier Ministre ». Selon eux et c’est écrit noir sur blanc, « le Premier Ministre a réservé une fin de non-recevoir à la mise en place de ce cadre qui avait été décidé bien avant sa nomination ».
Conséquence : Ils regrettent que « toutes les décisions majeures de la transition ont été prises sans consultation du Comité Stratégique (c’est par exemple le cas pour la durée de la prorogation de la transition) et le M5-RFP a cessé d’être un acteur majeur de la conduite de la transition ».

Le refus de faire du M5-RFP un outil au service d’ambitions politiques inavouées
Les 6 signataires de la lettre ne sont pas allés de main morte. Ils accusent à visage découvert et sans porter de gant. « Les pratiques du Président du Comité Stratégique et de ses partisans zélés à l’origine de cette situation relèvent d’une volonté manifeste de faire du MS-RFP un outil au service de leurs ambitions politiques et non au service de la cause commune qui nous a rassemblés au sein du MS-RFP : la refondation de la gouvernance du Mali », ont-t-ils dénoncé.
Pire, les signataires ont estimé que leurs camarades « semblent avoir perdu de vue que le M5-RFP est un front constitué par plusieurs entités (partis politiques, associations, regroupements de partis politiques et d’associations) issues d’horizons divers qui, à la différence d’un parti politique, doit veiller à ce que ses prises de position reflètent un large consensus entre ces entités membres ». Et, de rappeler qu’ « Il en a été ainsi jusqu’à la nomination d’un PM et de ministres M5-RFP, mais depuis, le Comité Stratégique a rompu avec cette pratique de recherche du consensus ».
Les 6 signataires ont regretté le fait que « la confusion est aujourd’hui manifeste entre le front qu’est le M5-RFP et un parti politique de majorité gouvernementale n’ayant aucune prise sur l’action gouvernementale au nom de la discipline de parti ». Et, d’ores et déjà, ils ont décidé d’attirer l’attention des uns et des autres. « Laisser prospérer de telles pratiques au sein du M5-RFP, c’est prendre le risque d’en faire une coquille vide incapable d’être le moteur de la fondation du Mali Kura qui a motivé sa création », ont-t-ils rappelé pour ceux qui ont encore une capacité de comprendre.
Mais, qu’à cela ne tienne, ils sont convaincus qu’ « Il est encore possible de faire du MS-RFP un outil de veille et une force efficace de propositions pour réussir la transition que nous voulons ». Mais, pour eux, cela se fera « à la seule condition de prendre rapidement le mal à bras le corps ». Et, tout porte à croire que c’est à cela qu’ils ont invité leurs collègues du Comité Stratégique.
« C’est à cette fin que nous demandons la tenue sans délai d’une réunion extraordinaire du Comité Stratégique du M5-RFP en vue de débattre de ces problèmes et de procéder aux rectifications nécessaires sur la base de compromis partagés par toutes les entités représentées au sein du Comité Stratégique du M5-RFP », a clairement indiqué la lettre. Avant de rapeller : « Sachons tirer les leçons des nombreuses belles expériences de mouvements politiques qui ont tourné court et favorisé l’enfoncement progressif du Mali dans la grave crise multidimensionnelle qu’il vit aujourd’hui ».
« Continuons à penser Collectif et à agir Collectif comme avant notre entrée au gouvernement. Soyons une force de soutien, mais aussi de critiques et de propositions pour le gouvernement. Faire du M5-RFP une caisse de résonance du gouvernement, partage du gâteau à l’appui, c’est prendre clairement la voie de l’échec de la refondation du Mali », conseille la lettre publiée le 7 janvier 2022.
Assane Koné


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