L’URD, le parti fondé par feu Soumaila Cissé, est à la croisée des chemins. Face aux manœuvres de Salikou Sanogo, le Premier vice-président, les militants se sont organisés en une force de redressement pour renouveler les instances du parti par des voies légales. Mais cette réforme pourrait mettre hors d’état de nuire le vieux Salikou Sanogo dont le parti pris n’est plus un secret.
Salikou Sanogo a beau tenter de freiner l’élan déclenché par les militants réformateurs, il ne pourra pas empêcher le changement. En effet, le Congrès extraordinaire a été convoqué pour le samedi 15 janvier 2022 avec l’ordre du jour de remplacer le Président du parti, feu Soumaila Cissé. Selon un haut cadre du parti, l’intérim de Salikou ne peut pas être interminable. « Il faut que Soumaila Cissé et même les autres qui ne sont plus là soient remplacés », a laissé entendre notre interlocuteur.
Notre source d’ajouter que le clan Salikou/ Demba s’agite beaucoup en tentant de dissuader les gens à participer à cet événement qui est pourtant statutaire et a été convoqué après le recueil des signatures par devant Notaire et transmis par voie d’Huissier. « La radicalisation des opposants au Congrès est incompréhensible. Pourquoi ils ne veulent pas de congrès ? Aucune raison valable sauf à continuer à prendre le parti en otage, son administration, ses finances et sa communication pour enfin imposer leur candidat », a indiqué notre source.
Selon des témoignages crédibles, tous les autres candidats en dehors de Maitre Demba sont donc dans la dynamique du congrès. Sauter ce verrou permettra ultérieurement de réorganiser le parti, de préparer les étapes ultérieures et de créer un mode de désignation du candidat à la présidentielle de manière claire transparente et consensuelle. « Il faut reconnaître qu’une large majorité des sections ont déjà répondu favorablement à la lettre de convocation signée par la 3ème Vice-Présidente, Mme Coulibaly Kadiatou Samaké », a rapporté une source proche du dossier.
Pour rappel, Salikou, le 1er vice-président du parti a boudé la réunion et le 2ème vice-président, Iba N’diaye, n’est pas venu sous prétexte d’une maladie. C’est dire que de sérieux doutes existent sur la bonne foi de ces deux personnalités qui roulent apparemment pour un camp : celui de Me. Demba Traoré.
Des Dysfonctionnements
L’une des raisons qui poussent les frondeurs à s’attaquer à Salikou Sanogo est la mauvaise gouvernance du parti. En réalité, il y a des dysfonctionnements graves qui constituent des points de divergences. D’abord, on peut noter le non-respect de la fréquence des réunions, ce qui est une violation des articles 97, 102 des statuts, 45, 67 du règlement intérieur. Autre problème: des délais de convocation trop courts, plus fréquemment de 1 à 2 jours, faits sciemment et volontairement pour que soit réduit de façon drastique le nombre de participants.
Selon des sources crédibles, sous l’autorité de Salikou, il n’est aucunement tenu compte du quorum. La qualité de préparation des réunions laisse à désirer tout comme les décisions à soumettre aux réunions. Il n’y pas de synthèse en fin de réunion et pas de comptes rendus ou de procès-verbaux tenus et validés en application des dispositions de l’article 56 du Règlement intérieur.
En outre, les réunions, de plus en plus rares, sont devenues l’objet de convoitise. La conséquence de cette mauvaise gouvernance est que de nombreuses préoccupations des militants inquiets, frustrés et pas du tout rassurés sur la conduite du parti et sur son positionnement, n’ont pas de réponse.
Conséquence : les réunions font de plus en plus peur, d’autant que, plus généralement, elles se terminent sans conclusions précises. Et les contradictions sont fortes, les positions tranchées. A en croire les frondeurs, 7 mois après la réunion du BEN du 24 au 25 avril portant validation des résultats de l’atelier « réflexion et orientations stratégiques », le rapport de synthèse n’est toujours pas disponible et aucune des résolutions critiques n’est mise en œuvre par la direction du parti.
Par ailleurs, l’organisation de la conférence nationale a été évoquée dès la réunion du SE du 24 novembre 2020 et il a fallu attendre 5 mois, soit l’atelier des 24 et 25 avril, pour en retenir le principe.
De même, il a fallu que le BEN convoque une réunion extraordinaire le 21 août 2021 pour convenir de la date de sa convocation. C’est sous la pression de la majorité des membres du BEN qui exigeaient une conférence nationale extraordinaire.
Plus grave, on note l’utilisation des fonds du parti en ignorance des règles de la redevabilité. Il convient de noter l’organisation et le financement de la conférence nationale dans une totale opacité en particulier sur les aspects de financement qui n’ont fait l’objet d’aucune validation en SE et BEN, comme cela est de coutume et de règle. Pour toutes ces raisons, Salikou Sanogo sera débarqué.