En plus des personnes qui ont quitté leurs foyers à la suite de la crise malienne, les pays voisins ont désormais du mal à faire face au flux du bétail qui a traversé les frontières à la recherche de pâturage. Une situation qui met en cause le fragile équilibre de la transhumance. La question était largement abordée dans le magazine ‘’Afrique échos’’ de RFI la semaine dernière…
L’Afrique de l’ouest compte le 1/3 du bétail de toute l’Afrique. Normalement, les zones d’élevage sont dans les pays du sahel. Ces animaux sont, pour la plupart, vendus sur le marché des pays côtiers. Mais avec la crise au Mali, les pays, tels que le Burkina ou le Niger sont devenus des pays accueil. Cela met en cause le fragile équilibre de la transhumance, comme l’explique Blama Jalwa du réseau d’éleveur ‘’Bital Maobé’ : « les pays sahéliens tels que le Burkina Faso et le Niger ont dépassé leur capacité d’absorption des éleveurs refugiés, de telle sorte que nous sommes en train d’aller dans une situation de surpâturage dans ces pays d’accueil. Aujourd’hui, la situation est encore plus compliquée par le fait que nous sommes à la rentrée de la campagne agricole, alors pays et ces zones d’accueil sont confrontés au problème d’espace pour pouvoir arriver à implanter la saison. Donc, nous avons là une difficulté majeure».
En ces depuis de saisons agricoles, les affrontements entre éleveurs et agriculteurs ont fait une trentaine de morts entre le Mali et Burkina Faso. Pour Blama Jalowa, il faut absolument réglementer la cohabitation pasteurs/cultivateurs mais aussi organiser la transhumance dans les pays côtiers. « C’est d’abord toute la législation et la politique qui doivent être favorables à la mobilité. Mais il y a aussi au niveau de la Cédéao, la décision ADEC qui permet cette mobilité. Mais dans les pratiques, il y a également plus ou moins de contraintes parce que ces pays d’accueil des éleveurs, les pays côtiers, n’ont pas les conditions nécessaires d’infrastructures, la perceptibilité pour pouvoir accompagner cette mobilité, au niveau des pays de départ. Aussi pour minimiser les flux des animaux, il faut réaliser un certains nombre d’infrastructures ». D’ores et déjà, des réflexions sont engagées pour amener les éleveurs vers d’autres formes d’élevage que celui basé sur la transhumance. Il s’agit d’aider les éleveurs à intensifier davantage leur élevage, mais aussi à faire des cultures fourragères, à faire de la fosse feinte pendant la saison sèche. « C’est une situation qui peut aider dans les années à venir. Dans l’espace ouest africain, si nous ne prenons pas de dispositions, nous allons avoir des situations beaucoup plus difficiles que celle que nous vivons actuellement », prévient un responsable d’association d’éleveurs. En plus des appuis habituels au secteur, il faut encourager ceux qui veulent changer leur mode d’élevage. Ce sont là des enjeux très importants pour un secteur qui représente 35% du PIB en Afrique de l’ouest.