Si rien n’est fait par les autorités du pays, le maire de la Commune de Senko dans le cercle de Kita risque d’être la cause d’une grande tension entre les grandes familles fondatrices de la Commune de Senko (cercle de Kita). L’édile communal est en train de « désorganiser » le processus de désignation du successeur du chef traditionnel du village en sa faveur. Le gouverneur est interpellé.
Composée de 11 villages, la Commune de Senko dans le cercle de Kita fut créée par trois grandes familles Sidibé à savoir : Diaoulée, Moussakorobala et Bassila. Depuis plus d’un siècle, la chefferie traditionnelle est choisie parmi ces trois grandes familles fondatrices. Actuellement, la famille Moussakorobala, détenteur du trône, refuse de passer la main après le décès du chef de village Djigui Sidibé, il y a à peine un an. Parmi les trois familles réunies, selon les membres de la famille Diaoulé, c’est le doyen Sayon Kali Sidibé qui devrait assurer le trône. Mais les conseillers du défunt chef ne veulent pas en entendre parler, a affirmé Moussa Sidibé natif du Senko et membre de la famille Diaoulé.
Rappelons que la chefferie est attribuée successivement aux personnes âgées provenant des trois familles. Depuis plus d’un siècle, cette pratique est courante dans la localité.
Selon notre interlocuteur, l’actuel maire de la Commune est de mèche avec les conseillers du défunt chef de village « parce que sa mère est issue de la famille Moussakorobala ». Ce revirement de situation de la part du maire, affirme notre interlocuteur, a indigné les familles Diaoulé et Bassila et a influencé les décisions prises par les neuf sages où les gens réclament le respect de la procédure ancienne. Dans la contrée, on ne demande qu’aux autorités de la localité de prendre leur responsabilité. « Nous sommes déçus par la conduite du maire ainsi que les conseillers du chef défunt. Autrement dit, c’est à nous de prendre le relais », a-t-il insisté. Et d’ajouter que toute la famille de Diaoulé demande justice auprès des plus hautes autorités afin de restituer ce poste au doyen de la famille qui n’est que les Sidibé. « Nous voulons seulement que la procédure soit respectée à l’instar de nos usages anciens », a précisé Fantamady Sidibé de la famille et petit-fils de Sayon Kali.
Le maire mis en cause
Selon plusieurs sources de la contrée, Samou Sidibé est le fondateur de la Commune de Senko après l’effondrement de N’tin (grande muraille) par le colon français. Après l’effondrement de la grande muraille, les villageois se sont installés à Guirola durant deux ans. Pendant la troisième année, Djogassan Samou Sidibé, chasseur a échappé à l’esclavage. Puis, il s’est installé en brousse puis a crée Senko.
Pour le maire de la Commune rurale de Senko, Drissa Sangaré, le chef du village est élu par neuf sages que constitue le Conseil du village. Selon les traditions, dit-il, ce sont les neuf conseillers, qui vont designer le chef du village sous la houlette du sous-préfet de la Commune. C’est dans ce cadre que ce dernier, lors de la dernière visite, a recommandé aux neuf sages de lui fournir un nom pour assurer la chefferie dans la Commune. « Nonobstant certains complications survenues lors de la précédente réunion entre le sous-préfet et les conseillers, l’autre famille a toutefois réclamé que c’est leur tour de diriger le village alors que huit des neuf conseillers ont décidé d’accorder le trône au frère du défunt chef Djiki Sidibé », a laissé entendre le maire.
Pour le maire, en respectant la procédure ancienne, cela peut amener des conséquences tenant à monopoliser le trône. Ce qui pourrait d’ailleurs engendrer des conflits au sein de la localité. Dans le cas échéant, le respect de la procédure de désignation du chef de village ne doit être mis à profit par quelques personnes.
Afin d’éviter tout conflit, le gouverneur de la région et le ministre de l’Administration Territoriale sont fortement interpellés. Il s’agit pour eux de rappeler au Maire et au Sous préfet de respecter l’organisation sociale de Senko.
Avec une superficie globale de 35 250 km² pour une population estimée à 383 501 habitants, le cercle de Kita est composé notamment de Malinké, Peulh, Bambara, Soninké, Diawambé, Kakolo, Kassonkhé, Maure, Bozo etc. Il s’étend du Nord au Sud sur 400 km et d’Est en Ouest sur 400 km. Il est situé dans la partie Sud- Ouest de la Région de Kayes. Le cercle était divisé en 14 cantons qui sont entre autres Kita, Birgo, Arabala, Saboula, Gadougou, Baniagadougou, et Kankoumakania. Chaque canton était administré par un chef de canton. En 1958 les cantons furent remplacés par huit arrondissements qui sont : Kita Central, Toukoto, Sirakoro, Sébékoro, Séfeto, Sagabari, Djidian et Kokofata, administrés chacun par un chef d’arrondissement.