La presse malienne est au bout du gouffre après trois années sans l’aide classique. Alors que le pays est en pleine transition, on tente de remettre toutes les institutions à jour. Malheureusement, force est de constater que la refondation, tant prônée par les nouvelles autorités, semble précipiter la presse dans l’abîme. Cynique !
Ni aide ni accompagnement quelconque pour soulager les peines des entreprises de la presse au Mali. Actrice incontournable dans la marche vers la démocratie, cette presse qui est considérée comme le quatrième pouvoir fait désormais face à une menace sans précédent pour sa survie.
Elle a été et est non seulement de tous les combats pour la liberté d’expression, l’enracinement de la démocratie, mais aussi de la lutte contre l’insécurité qui menace le pays depuis 2012. Malheureusement, non seulement la presse malienne est oubliée, mais aussi les décisions actuelles des autorités tendent à remettre en cause le rôle primordial du journaliste dans la société. En témoignent les derniers développements qui tendent à faire comprendre aux professionnels des médias que la transition n’a pas besoin de la presse en cette période cruciale. Sinon, qu’est-ce qui explique la rupture incompréhensible des contrats ?
“Nous sommes des journalistes, on ne cherche pas le pouvoir. On veut juste attirer votre attention sur un état de fait à prendre en compte pour le Mali Kura. C’est un combat générationnel. La presse a été oubliée par les démocrates de 1991. Alors que l’une des recommandations de la Conférence souveraine de la Transition de 1991 était que l’État accompagne les médias, au même titre que les partis politiques, selon les témoins de l’histoire. Les partis politiques sont mieux accompagnés par l’État que les médias alors que nous faisons beaucoup plus qu’eux à l’heure actuelle dans la consolidation de la démocratie. Nous sommes conscients de la situation du pays. Nous ne sommes pas l’ennemi des militaires ni du Mali. Nous sommes logés presque dans la même enseigne que les militaires: victimes des décisions politiques’’, s’est indigné le confrère, Boubacar Sidibé, du bihebdomadaire Le Prétoire.
Un Collectif en gestation
Pour la défense de ses intérêts, un Collectif est en gestation pour rassembler toute la presse dans son ensemble et discuter de la démarche à adopter afin de se faire une place de choix dans le futur Mali Kura.
Si rien n’est fait pour sauver ce qui peut l’être, l’on risque de participer, de manière inconsciente, à la mort de la presse et la démocratie. En attendant les grandes décisions qui seront prises par la presse, les autorités sont invitées à regarder dans le rétroviseur afin de proposer une approche idéale dans laquelle aucune partie ne sera lésée. Auquel cas la mort de la presse est sans doute celle de la démocratie.