Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, les États-Unis d’Amérique et leurs alliés ont lancé une vaste campagne de déstabilisation et de remodelage des pays de la Planète dans lesquels ils ont des intérêts à préserver ou à conquérir. Les coups d’État (Mali, Guinée, Burkina Faso,…) au Sahel et autres changement de régime ou de constitution participent à vaste projet dont l’objectif est de soumettre les dirigeants et les peuples desdits pays aux diktats de l’économie de marché.
En effet, au moment où les Américains lançaient leurs opérations militaires en Afghanistan (octobre 2001) et en Iraq (mars 2003) au nom de la “guerre contre le terrorisme”, c’est en ce moment que les “terroristes” du GSPC algérien devenus plus tard Aqmi élisaient domicile dans le septentrion malien, menant toute sorte d’enlèvement et de trafic sous le regard impuissant voire complice des autorités du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso. C’est également le moment où les “terroristes” de Boko Haram faisaient trembler les populations du Nigeria, du Tchad et du Cameroun. Pendant que les États subsahariens fragilés et divisés faisaient face à la menace “terroriste” entre 2003 et 2010, les Américains et leurs alliés travaillaient à la déstabilisation des régimes en place en Eurasie et au Moyen-Orient à travers des révolutions “non violentes” ou “révolutions de couleurs” : la révolution des Roses en Géorgie (2003), la révolution orange en Ukraine (2004), la révolution des Tulipes au Kirghizistan, la révolution en jean en Biélorussie et la révolution du Cèdre au Liban (2005).
À la suite de ces “révolutions de couleurs” a été lancé le 17 décembre 2010 le “printemps arabe”, avec le déclenchement à Sidi Bouzid de la révolution en Tunisie, qui conduit Zine el-Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir. D’autres peuples reprennent à leur tour le slogan « Dégage ! » (ouErhal ! en arabe). Si les Généraux algériens ont pu conserver leur pouvoir sous la pression du “hirak” en organisant des élections la situation demeure toujours tendu au Soudan avec à la clé des manifestations violentes contre le régime militaire depuis plus de trente ans. Avec l’assassinat du Guide de la Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, en octobre 2011, les États du Sahel, plus particulièrement le Mali, ont été largement secoués. Notre pays a connu un premier coup d’État en Mars 2012 puis deux autres (en Août 2020 et en Mai 2021) et depuis le 17 Janvier 2012 la quasi-totalité du territoire national échappe au contrôle de nos autorités.
À travers des mouvements citoyens financés par les Américains, les Présidents Abdoulaye Wade et Blaise Compaoré ont été mis en échec dans leur projet de révision constitutionnelle afin de pouvoir se maintenir au pouvoir. Si le premier a été battu dans les urnes avec la mobilisation citoyenne de “Y’en a marre” le second a été chassé du palais présidentiel de Kossiam par le “balai citoyen” à quelques mois seulement de l’investiture du Président ADO, un pion des Américains, en Côte d’Ivoire qui venait de vivre près de dix ans d’instabilité (à cause de la rébellion).
À partir de septembre 2021, soit deux décennies après les attentats du 11 septembre, le régime de Macky Sall, d’IBK, d’Alpha Condé ont été fortement agités. Si Macky Sall a pu échapper à un coup d’État, son pays a quand même enregistré des manifestations de rues très violentes, les deux sexagénaires ont été déposés par des jeunes colonels fraîchement formés par des Américains.
En conclusion, ce qui est en cours au Sahel n’est qu’un Plan de déstabilisation et de remodelage de nos États afin de les soumettre aux exigences du grand capital. Les États puissants du monde à l’image des États-Unis et leurs alliés européens, la Chine ou la Russie sont des États stratèges qui travaillent généralement sur un Plan de 25 à 50 ans. Les mercenaires, les services secrets, les armées, les mouvements citoyens, les mouvements armés, les groupes terroristes, les milices privées, les forces spéciales,… ne sont que des instruments entre les mains des puissances capitalistes afin de pouvoir soumettre davantage les populations et d’exploiter à moindre coût les richesses (humaines et matérielles) dont nos pays regorgent.
Sambou Sissoko