E. Macron, le 25 mai 2021 sur son compte twitter : « Au Mali, ce qui a été conduit par les militaires putschistes est un coup d’État. C’est inacceptable. Nous sommes prêts à prendre des sanctions ciblées sur les protagonistes. »
Ce twitte comme tant d’autres est carrément une ingérence dans la politique intérieure du Mali donc le prolongement de la françafrique. Il argue à l’envie de vouloir sortir de la françafrique, mais les déclarations, les décisions, les manipulations et les actes paternalistes en disent le contraire.
Ce discours de deux langues doit s’arrêter pour l’avenir de la présence française en Afrique et particulièrement au Mali.
La décadence française dans le continent continuera sur tous les plans économiques, sécuritaires, culturels, diplomatiques tant que la politique de la vérité, de la sincérité, de la non-ingérence, des actions concrètes répondant aux aspirations profondes des peuples ne sont pas prônées.
Comme le disait Antoine Glaser « la présence militaire française en Afrique, avec notamment les opérations Barkhane et Takuba (ndlr : la Task-force européenne Takuba a été lancée en juillet 2020, avec pour objectif de compléter les actions de la force français Barkhane, et d’européaniser la lutte contre le terrorisme au Sahel), sert de cache-misère à une présence française qui s’affaiblit et est en déshérence dans le continent. »
A Glaser ajoute : « La France s’est crue trop longtemps chez elle en Afrique, elle n’a pas vu arriver la concurrence de la Chine, de la Turquie, de la Russie voire de ses alliés européens comme l’Allemagne ! »
Le Conseil de Sécurité de l’ONU lors de sa réunion du 11 janvier 2022 n’a pas suivi les sanctions de la CEDEAO. La Russie et la Chine ont plaidé pour la non-ingérence au Mali.
Une leçon à retenir de ce conseil de sécurité est que la France n’a plus la crédibilité nécessaire pour faire basculer l’histoire du Mali.
Quelle est la crédibilité de cette France, si elle soutient le coup d’état au Tchad, en Côte d’ivoire et donne des armes aux rebelles syriens ?
Le Grand Reporter et analyste géopolitique français Renaud Girard, disait le 15 janvier 2022 sur CNEWS, « La DGSE a fourni des armes aux rebelles contre Bachar El-Assad entre 2013 et 2014……… ».
Quelle est la crédibilité de cette France qui tient des propos insultants au peuple algérien puis le regretté quelques jours après sous la pression algérienne ?
Le Président français Emmanuel Macron disait le 2 octobre 2021 passé que:
« La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question ». Il renchérit en qualifiant le pouvoir algérien issu du Front de Libération Nationale (FLN) de système politico-militaire.
Sous les pressions algériennes[1], la France tente d’apaiser cette crise d’une gravité rarissime[2] par une déclaration de la présidence française regrettant les propos, par d’autres mesures[3] et une visite du ministre des affaires étrangères en Algérie le mercredi 08 décembre 2021.
Les visées néocolonialistes d’une certaine classe politique française sont des secrets de polichinelles. En février 2005, le Parlement français avait adopté une loi reconnaissant « le rôle positif de la colonisation ».
Quelle est la crédibilité de cette France si elle tient deux discours sur sa présence au Sahel ? Le retrait unilatéral, la réduction de l’effectif de la force Barkhane et la fermeture des bases militaires annoncé par le président français est contraire à la déclaration et aux engagements du sommet du G5-Sahel tenu à Pau le 13 janvier 2020.
Comme le disait Ousmane N’DIAYE, rédacteur en chef de la section Afrique de TV5 Monde « La France est dans une impasse stratégique au Sahel ».
Cette impasse est également visible dans la gestion du dossier malien.
Les sanctions de la CEDEAO contre le peuple malien cachent la main d’un sbire invisible mais visible par ces agissements. Ce sbire n’est autre que la France, le pays des droits de l’homme mais aussi de la colonisation, le pays de la liberté mais également du terrorisme d’Etat.
La condamnation précipitée et hasardeuse de la rectification de la trajectoire de la transition, les propos tenus à Dakar lors du forum international sur la sécurité en Afrique par la ministre française des armées, les agissements du Quai d’Orsay, les propos du représentant français au conseil de sécurité, l’instrumentalisation de l’UE sont des faits qui attestent à suffisance cette ingérence et cette volonté ferme de stopper le processus d’autodétermination du peuple malien.
Lors du forum de Dakar, Florence Parly disait ceci, le 06 décembre 2021 : « Il faut continuer comme nous le faisons depuis des semaines à mettre en garde les autorités maliennes contre les conséquences que pourraient avoir l’arrivée de Wagner au Mali. Et c’est ce que nous faisons avec nos partenaires européens mais aussi avec nos partenaires de la région. La CEDEAO a tenu plusieurs réunions depuis l’intervention du deuxième coup d’état au Mali cette année. Et il aura à nouveau dans quelques jours une nouvelle réunion de la CEDEAO, qui devrait prendre un certain nombre de sanctions. »
Une CEDEAO à la solde d’un pays voyou qui continue toujours à piller et à sanctionner une Afrique en quête d’un nouveau départ avec la complicité des africains. Quelle honte ?
Nous pouvons aisément comprendre la main de la France derrière les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines prises par la CEDEAO. Cette main visible cache-t-elle aussi une déstabilisation programmée de l’organisme communautaire ?
Toujours la Ministre Française des armées sur RFI et France 24, le 06 décembre 2021 : « Aujourd’hui la priorité est à l’exercice de pressions maximales pour que cette situation ne se produise pas. Tous nos efforts sont orientés pour empêcher que cette menace ne se matérialise pas. D’où l’importance des décisions qui pourraient être prises par la CEDEAO. D’où l’importance du fait que d’ores et déjà l’UE a pris des décisions de retenir l’aide budgétaire et de mettre en place la base de sanctions qui concerneraient les autorités maliennes et Wagner. »
Effectivement les pressions sont largement visibles et maquillées sous des motifs inavoués malgré les démentis du gouvernement malien. La Russie est un partenaire historique du Mali.
Le Mali subit les conséquences de sa stratégie de diversification de partenaire pour la sécurisation de son territoire.
Cette guerre informationnelle, diplomatique et économique contre le Mali vise à freiner l’élan patriotique des victoires militaires de l’armée contre les forces terroristes téléguidées.
Comme la laissé entendre la ministre française des armées la présence d’autres « compétiteurs » est une menace dont il faut empêcher la matérialisation.
Les raisons des sanctions illégales, illégitimes et inhumaines tirent leurs raisons des orientations françaises pour sauvegarder son pré-carré.
L’incohérence et l’ambigüité ont atteint leur paroxysme dans la politique française en Afrique.
D’où les constations des peuples africains contre la présence et la politique française. Un convoi de la France a subi le rejet de sa présence au Burkina et au Niger avec son lot de morts (les résultats des enquêtes sont toujours attendus).
L’ingérence de la France et avec ses mise en garde multiples et variables d’une autre époque constituent les motifs du rejet de la politique française en Afrique.
Selon Antoine Glaser, co-auteur du livre « le Piège africain de Macron » : « La position officielle du Quai d’Orsay est de dire qu’elle ne veut plus être en première ligne des affaires internes africaines et que sa seule mission est la lutte contre le djihadisme. Pourtant, lorsqu’on parle du Mali, en raison de sa diplomatie d’influence, la France se retrouve toujours à la tête de toutes les discussions ».
Selon toujours le co-auteur du livre « le Piège africain de Macron » sur France 24, le 13 janvier 2022, au Mali, la France paie le prix de sa propre ambiguïté.
La diplomatie française est entrain de drainer l’Union européenne vers cette ambigüité.
Les pays européens doivent analyser la situation avec leur propre grille de lecture et non de celle de la France. L’Allemagne en qualité de locomotive de l’Europe, de quatrième exportateur vers l’Afrique donc devant la France, doit se poser les bonnes questions afin d’éviter cette politique française ambigüe.
Les Etats- Unis doivent cesser de regarder l’Afrique plus particulièrement le Sahel selon la grille de lecture française. Ils doivent s’impliquer directement et arrêter cette externalisation avec un partenaire dont la crédibilité est entachée.
Les Nations Unies doivent s’interroger sur le rôle de la France en sa qualité de Secrétaire Général adjoint aux Opérations de paix des Nations Unies.
Ce poste doit-il être occupé par un pays exerçant une politique incohérente et ambigüe.
Un conseil pour les Chefs d’Etat de la CEDEAO, comme on le dit chez nous : « Si tu vois un vautour manger un cadavre humain, il faut le dire de se lever sur notre cadavre. »
Selon un adage bambara, la grand-mère a beau aimé son petit-fils, elle ne pourra jamais l’aimer plus que sa mère.
Amadou COULIBALY,
Pilote National ASCOCI
[1] Rappel de l’ambassadeur, interdiction de survol de son espace aérien aux avions militaires français, les multiples réponses des historiens algériens et l’opinion algérienne
[2] Les propos ont été jugés « très graves » par le Prédisent Algérien
[3] Rapport Benjamin Stora, la restitution de restes de combattants indépendantistes, la reconnaissance de l’assassinat de l’avocat algérien Ali Boumendjel en 1957, etc…