Un haut responsable de la junte malienne a donné pour "conseil" de se taire à la ministre française des Armées Florence Parly après ses accusations de "provocations" à l'encontre des dirigeants de Bamako.
Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement dit de transition, s'est livré mercredi soir à une charge virulente contre Mme Parly et la France, accusée de chercher à diviser les Maliens, "d'instrumentaliser" les organisations sous-régionales et de conserver ses "réflexes coloniaux". Cette sortie a lieu en pleine dégradation des relations avec la France, engagée militairement au Mali et au Sahel. Cette détérioration s'est accélérée depuis que les militaires arrivés au pouvoir à la faveur d'un putsch en août 2020 ont révoqué leur engagement initial à organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali. Ils ont fait savoir qu'ils jugeaient nécessaires plusieurs années supplémentaires aux commandes de ce pays plongé depuis des années dans une grave crise sécuritaire et politique. L'organisation des Etats ouest-africains Cédéao a infligé le 9 janvier de sévères sanctions au Mali. La ministre française a accusé la junte mardi de multiplier "les provocations". "Nous invitons également Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat", a dit le colonel Maïga. "Nous l'invitons également, c'est un conseil, à faire sienne cette phrase d'Alfred de Vigny sur la grandeur du silence", a-t-il ajouté, possible référence au poème "la Mort du loup" du poète français du XIXe siècle. "Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse", dit le poème. "Lorsqu'on tente désespérement d'isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation", a-t-il dit en évoquant les sanctions de la Cédéao. Le colonel a donné lecture du communiqué redemandant "avec insistance" au Danemark de retirer ses forces spéciales, récemment déployées au Mali sans avoir, selon la junte, le consentement des autorités, ce que contestent le Danemark, la France et les pays européens engagés au sein du groupement de forces spéciales Takuba. "Nous ne sommes pas encore au stade de l'incident diplomatique, c'est peut-être des incompréhensions entre le gouvernement du Mali et le gouvernement du Danemark", a-t-il dit. Mais il a dit que Bamako aurait été en droit de recevoir "des excuses des autorités danoises". Il a évoqué la "très bonne réputation" du Danemark au Mali en raison de son action en faveur du développement. "Nous les invitons à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux", a-t-il dit.