Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) au Mali. Le Comité national du Rassemblement pour le développement (CNRD) en Guinée Conakry. Le Mouvement populaire pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) au Burkina Faso. Trois coups de force militaire dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Le dénominateur commun de ces trois putschs est qu’ils sont menés par des officiers opérationnels, issus de la frange juvénile de la grande muette. A l’exception du Colonel Mamady Doumbouya de la Guinée Conakry, le Colonel Assimi Goïta du Mali et le Lieutenant-colonel Paul Henri Damiba du Burkina Faso étaient tous au cœur de la lutte contre l’insécurité.
Comme le coup de force du capitaine Amadou Haya Sanogo contre le général Amadou Toumani Touré fut une victoire pour les petits aventuriers du Mouvement national pour la libération de l’azawad (MNLA) et leurs alliés obscurantistes, le renversement d’Ibrahim Boubacar Kéïta en août 2020 par les colonels du CNSP et celui de Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022 par les mutins du MPSR sont sans doute des succès pour les groupes radicaux qui endeuillent les pays du Sahel. Au delà de la situation sécuritaire très dégradée du fait de leurs manœuvres, ils ont réussi à créer un certain désordre institutionnel au Mali et au Burkina Faso.
En Guinée, au Mali et au Burkina Faso, ces coups de force militaire constituent des reculs majeurs et des sources de préoccupation. Ils constituent aussi un tournant important dans un environnement géostratégique en pleine mutation. L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui la seule région du continent où l’accession au pouvoir par la force militaire est récurrente. Il y a une urgence à sauver l’Afrique de l’ouest de cette épidémie de coup de force militaire.
Du Mali au Burkina Faso en passant par la Guinée Conakry, la situation interne diffère d’un pays à un autre. Les solutions apportées ne peuvent pas être les mêmes. Et l’organisme sous-régional à savoir, la CEDEAO n’est pas très bien perçu par les populations endoctrinées par des vastes campagnes de manipulation et de désinformation largement facilitées par les nouvelles technologies de la communication notamment les réseaux sociaux.
Les problèmes politiques, selon le Mouvement SENS et ses partis alliés dans une déclaration sur la situation socio-politique nationale au Burkina Faso, peuvent et doivent se résoudre sans les armes et l’immixtion de l’armée dans la sphère politique. Comme l’écrivait notre célèbre confrère Feu Nobert Zongo dans L’indépendant n°253 du 7 juillet 1998, « il est grand temps de voir les choses autrement, de comprendre qu’en dehors de l’armée, nous pouvons faire changer les choses du meilleur côté par notre détermination à nous battre pour un monde meilleur ».
L’ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice du Mali, Me Mamadou Ismaïla Konaté a raison quand il dit : « Aucune haine, aucun mépris, rien et absolument rien ne doit encourager la prise de pouvoir par la force que l’on regrettera infailliblement. Le peuple souverain dispose de moyens et artifices pour anéantir l’autocratie et la violation du droit ».
La meilleure option pour réparer les faillites des autorités civiles issues des élections est de donner une chance à l’alternance pacifique du pouvoir. Cela est encore possible. Et les peuples des pays d’Afrique de l’Ouest doivent arrêter de croire que la solution aux différents maux des pays se trouve dans des coups d’Etat militaires, perpétrés le plus souvent par une poignée de militaires opportunistes qui surfent sur la vague populaire pour assouvir leurs « ambitions pouvoiristes ».