Les coups d'Etat successifs dans plusieurs pays, les tensions croissantes entre la France et le Mali, la frilosité des Européens pour appuyer Paris, la présence de mercenaires russes. Après neuf ans de présence au Sahel, Barkhane s'invite dans la présidentielle française. Rester ou partir ? L'éclairage de Nicolas Normand, ancien ambassadeur dans plusieurs pays africains dont le Mali et chercheur associé à l'IRIS.
L'opération Barkhane compterait environ 4 000 hommes aujourd'hui au Sahel, sur un territoire grand comme l'Europe. Au dessus de Gao, au Mali, sOn a assisté à trois coups d’Etat en quelques mois au Sahel. Comment expliquer ce basculement ?
Chaque pays est un cas particulier, donc il faut faire attention à ne pas généraliser. En Guinée, c’était l’usure du mandat d’Alpha Condé, il y avait un blocage de la situation politique. Au Mali, le coup d’Etat était lié à l’absence de dénouement de la crise législative par Ibrahim Boubacar Keïta (élection de députés contestés par exemple) et IBK n’a pas su régler ce problème. Le M5 ne demandait qu’à trouver un compromis, il suffisait de changer de gouvernement, de dissoudre l’assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, et on pouvait sans doute passer outre. On est certes dans des situations d’Etats fragiles, mais il y a chaque fois des éléments...