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Bamako-Paris :Les leçons de diplomatie de Diop à Le Drian
Publié le lundi 31 janvier 2022  |  Le Pays
SEM
© aBamako.com par mouhamar
SEM Abdoulaye DIOP annonce un léger report pour le parachèvement des préparatifs
Bamako, le 14 jeudi 14 Aout 2014. En prélude de la seconde phase des négociations inter maliennes à Alger, Le ministre malien des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, SEM Abdoulaye DIOP, Chef de la Délégation malienne a animé une conférence de presse au sein de son département.
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Dans une interview accordée à nos confrères de RFI et France 24, le ministre malien des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a répondu aux différentes attaques du ministre des Affaire Étrangères de la France, Jean Yves Le Drian. Aussi, il a indiqué que Bamako « n’exclut rien » dans ses relations avec Paris.
Rien ne va entre Paris et Bamako. Après le porte-parole du gouvernement de la transition malienne, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga qui a recadré la ministre française des Armées, Florence Parly, Abdoulaye Diop a, lui aussi, donné une leçon de diplomatie à son homologue Jean Yves -Le Drian qui a dénoncé ce qu’il a qualifié « des mesures irresponsables » prises par une junte « illégitime ». Selon le chef de la diplomatie malienne, Le Drian doit respecter le Mali. « Ma réaction est d’abord que c’est surprenant de la part d’un diplomate de la trempe de Monsieur Le Drian qui parle au nom d’un grand pays, la France. Ce sont des propos empreints de mépris. Ce sont des propos que je condamne, qui sont inacceptables. Et je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur. Nous devons tous nous respecter. Il est bon que Monsieur Le Drian comprenne que ce ne sont pas les insultes qui règlent les problèmes entre nations, que ce que nous attendons de la France, grande nation, est qu’elle puisse avoir une attitude constructive, moins agressive, moins hostile et moins empreinte de mépris vis-à-vis des autorités maliennes qui incarnent aujourd’hui la souveraineté de notre pays », a déclaré Abdoulaye Diop. Ce que le Mali demande à son partenaire, la France, c’est le respect de sa souveraineté. C’est en tout cas ce qu’a expliqué son chef de la diplomatie. «Le Mali n’exclut rien de la table si la souveraineté et le peuple malien ne sont pas respectés. Nous ne demandons pas des excuses à Paris. Nous demandons que Paris nous respecte en tant que pays. Nous respectons la France, nous respectons le peuple français. Il n’y a pas de problème entre le peuple français et le peuple malien. Mais l’attitude des autorités françaises doit changer pour prendre en compte cet élément qu’il y a des autorités responsables au niveau du Mali et que seul un engagement avec ces autorités permet de gérer leur présence au Mali et cette présence doit répondre aux intérêts supérieurs du Mali. Et nous sommes en train de revoir plusieurs accords et traités de défense pour nous assurer que ces traités ne violent pas nos dispositions constitutionnelles, ne violent pas la souveraineté du Mali, et prennent en compte l’intérêt des Maliens. Si ce n’est pas le cas, le Mali n’hésitera pas soit à dénoncer, soit à demander un réajustement de ces différents traités. Nous sommes conscients que certains de ces arrangements ont été conclus par le gouvernement précédent. Il y a la continuité de l‘État, mais rien ne pourra être au-dessus de l’intérêt supérieur des Maliens, que le président Goïta et le gouvernement sont disposés désormais à assumer et à s’assumer pleinement, et nous souhaitons que le France et d’autres partenaires inscrivent aussi leur action par rapport à cela. Et je salue d’ailleurs la décision sage des autorités danoises de retirer leurs forces sans plus d’acrimonie. Et nous sommes disposés à continuer le dialogue avec l’ensemble de nos partenaires pour la sécurisation du Mali et la stabilité de l’ensemble de la région », a-t-il déclaré.
Les leçons de diplomatie de Diop à Le Drian
Jean Yves Le Drian attaque le Mali par médias interposés. Chose qui a été dénoncée par le ministre Abdoulaye Diop. « Je crois que Monsieur Le Drian doit comprendre que l’engagement avec le Mali ne doit pas se faire à travers les médias et que si ce type de questions est en discussion, nous sommes tous des diplomates et il y a d’autres canaux pour pouvoir discuter de ces questions. Le Mali non plus n’exclut rien par rapport à ces questions si ça ne prend pas en compte nos intérêts. Donc, les menaces, les insultes, les invectives doivent cesser pour donner la place à un engagement réaliste, un engagement constructif entre responsables pour pouvoir voir ensemble comment surmonter ces difficultés, comment surtout faire face aux défis que nous avons, qui sont des défis sécuritaires », a déclaré le chef de la diplomatie malienne qui a estimé que Le Drian ou doit avoir vraiment un engagement constructif au lieu de soulever le monde entier aujourd’hui contre le Mali. Au-delà Jean Yves Le Drian, Diop lance des pierres dans le jardin de la France. « Cette attitude agressive, hostile à l’endroit du Mali n’a rien à voir avec les raisons qui sont mises en avant liées au respect de la démocratie, au respect des droits de l‘homme, à des coups d’État. Non. Le Mali est puni, parce que le choix politique des autorités du Mali ne convient pas à certains. Je crois que nous devons pouvoir sortir de ça, parce que même les coups d’État dont on parle, la France applaudit des coups d’État quand cela va dans le sens de ses intérêts. Elle condamne quand ça va dans le sens contraire de ses intérêts. Non. Cette politique de deux poids deux mesures aussi doit cesser », a-t-il déclaré.
Diop demande à Le Drian de rester digne
Le ministre français des Affaires Étrangères a demandé aux autorités maliennes d’être « dignes » concernant la mort des 53 soldats français au Mali. En réponse à cette déclaration, le ministre des Affaires Étrangères du Mali a été on ne peut plus clair : « Je demanderai à Monsieur Le Drian de rester digne aussi, parce que nous reconnaissons les sacrifices des soldats français. L’intervention française, qui a été décidée au Mali, a été faite dans un bon état d’esprit. Dans notre pays, nous apprécions cela. Nous apprécions tous les concours qui ont été faits dans ce cadre-là. Mais aussi, on doit comprendre que, avant que la France ne vole au secours du Mali, le Mali et les Africains aussi sont venus mourir ici en Europe pour la libération et la liberté de ce pays. Donc, nous avons tous des dettes de sang les uns envers les autres. Mais essayons de dépasser cela et de bâtir des cadres qui nous permettent vraiment de répondre aux solutions. Et pas à travers des diktats, des menaces, des invectives. Je crois que ça se fera seulement dans le cadre de nos intérêts mutuels, dans le cadre du respect dû à chacun. Mais qu’on arrête cette mobilisation, toute cette campagne de dénigrement contre les autorités maliennes. Nous ne sommes pas impressionnés par cela ».
La position des autorités maliennes sur la durée de la transition
Pour le diplomate malien, il faut sortir du fétichisme concernant la durée de la transition au Mali. « Ce qui nous semble important, c’est de regarder, dans le chronogramme que nous avons soumis, ce qui est prévu comme activité, comme réforme que nous sommes disposés à regarder avec nos amis et partenaires pour pouvoir évaluer : est-ce que le temps que nous avons demandé et le temps dont nous avons besoin, est-ce qu’il y a d’autres alternatives pour nous pour aller à un compromis. Pour nous, le plus important, c’est de regarder. Il y a quelques réformes clé aujourd’hui comme la mise en place d’un organe unique indépendant, chargé de l’organisation d’élections transparentes et crédibles ou comme l’écriture d’une nouvelle Constitution, qui sont des données aujourd’hui indispensables parce que, si elles ne sont pas faites aujourd’hui, elles ne se feront jamais. Dans ce cadre-là, je pense que nous restons ouverts pour pouvoir convenir de la période la plus appropriée qui prenne en compte l’intérêt supérieur du Mali, mais aussi qui prenne en compte les exigences… », a déclaré le ministre Diop. A l’en croire, les autorités maliennes sont prêtes à examiner toutes les options concernant la durée de la transition. « Ne nous focalisons pas sur une durée de 16 mois, deux ans ou trois ans à ce stade, mais nous voulons qu’on regarde ensemble qu’est-ce qui est prévu, qui est important pour le Mali, qui est important pour le peuple malien qui est sorti, qui a montré qu’aujourd’hui, on ne peut pas juste faire des élections et tourner le dos. Si l’on est d’accord sur cela, nous sommes ouverts. Si le temps que le Mali propose est trop long, si les partenaires dans la discussion arrivent à nous convaincre d’une durée moindre, il faut qu’on regarde quelle part les partenaires doivent faire pour aider le Mali à pouvoir faire les choses dans une durée relativement plus courte que ce qui a été demandé. Donc, nous sommes ouverts, l’ensemble de ces données sont sur la table. Bon, nous n’allons pas par médias interposés répondre », a-t-il précisé.
Par ailleurs, le ministre Abdoulaye Diop a exprimé le soutien du peuple malien au peuple burkinabé dans la crise qu’il traverse.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS
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