Le Parlement des Enfants du Mali, avec l’appui de Save the Children, a animé, le samedi 29 janvier 2022, un point de presse en ligne à Bamako sur la problématique des enfants talibés. L’objectif général de ce point de presse était de renforcer le plaidoyer sur les questions de protection des droits des enfants notamment les plus vulnérables. Ledit point de presse était animé par le président par intérim du Parlement des enfants du Mali, Samba Oumar Diallo, en présence de Seydou Bah, chargé de plaidoyer à Save The Children, des autres membres du Parlement des enfants comme Mariam Keïta, Abdoulaye Coulibaly, Djibril Koné, Aïssa B. Camara, Dramane Traoré. Le conférencier, Samba O. Diallo, a demandé au gouvernement malien de développer une assistance humanitaire aux enfants talibés pour lutter contre le phénomène de la mendicité au Mali surtout en cette période de pandémie de COVID 19.
« Depuis 2012, le Mali fait face à une crise multidimensionnelle affectant initialement les régions du nord, mais se déplaçant progressivement vers le centre du pays. Les enfants, filles et garçons, sont parmi les premières victimes de la crise au Mali, avec des violations graves et répétées de leurs droits ainsi qu’une détérioration de leur état physique, émotionnel et psychologique.
Un groupe d’enfants extrêmement vulnérables sont les enfants talibés. Dans la plus part des cas, ils n’ont ni logements ni nourriture alors que nous savons que la place d’un enfant ce n’est pas dans la rue ou dans les espaces publics ou il risque des blessures et toutes autres formes de violences.
Certains d’entre eux sont privés de leur droit fondamental qui est l’éducation et le droit aux services sociaux de base », a souligné le président par intérim du parlement des enfants du Mali, Samba Oumar Diallo.
Avant d’ajouter que le Mali est l’un des pays d’Afrique de l’Ouest gravement touchés par le phénomène des enfants talibés relativement incontrôlés. Le ministère en charge de l’éducation de base, dit-il, estime que plus de 200 000 enfants sont considérés comme talibés. Agés de 5 à 17 ans, souvent issus des zones rurales, le conférencier a indiqué que les enfants talibés sont confiés par leurs familles, généralement très pauvres, aux maîtres coraniques souvent reconnus pour leur enseignement et basé dans une région parfois très éloignée de leur famille ou se déplaçant avec eux.
Il a fait savoir que ces maîtres coraniques peuvent recevoir jusqu’à 200 enfants, voire plus, sans source de revenus stables leur permettant de subvenir aux besoins des enfants qu’ils ont reçus.
A l’en croire, des efforts ont été fournis au Mali pour lutter contre le phénomène, notamment la création de la Fédération Nationale des Associations des Maîtres des Ecoles Coraniques du Mali (FENAMEC-Mali) en décembre 2018 dont le but est l’amélioration des conditions d’études et de vie dans les écoles coraniques ainsi que la reconnaissance de l’école coranique dans le système éducatif national.
En dépit des efforts, dit-il, la problématique du phénomène des enfants talibés demeure. Selon lui, des milliers d’enfants talibés subissent des violences physiques, des coups et blessures qui peuvent provoqués des séquelles à vie sur leur santé physique, mentale et psychosociale.
Samba O. Diallo a souligné que la vulnérabilité des enfants talibés est aggravée par la survenue de la pandémie de COVID 19. «En cette période de forte crise de COVID 19, nous demandons au gouvernement du Mali : le renforcement des mesures prises pour l’application effective des textes en lien avec la lutte contre le travail des enfants (convention 182 de l’OIT) ; le développement d’une assistance humanitaire aux enfants talibés pour lutter contre le phénomène de la mendicité au Mali surtout en cette période de pandémie de la COVID 19 ; le développement de solutions alternatives pour l’accès à l’éducation des enfants « talibés » pour leur développement et leur épanouissement ; l’accélération du processus d’intégration des écoles coraniques dans le système scolaire formel ; le renforcement du soutien apporté aux enfants talibés victimes de violence qui manque de nourriture et de produits de première nécessité et d’orientation vers les services de base dont les services de santé surtout dans un contexte de pandémie de COVID 19 ; le renforcement des mesures prises pour l’application effective des textes en matière de promotion et protection des droits des enfants», a conclu le président par intérim du parlement des enfants du Mali, Samba Oumar Diallo.