«Les nouvelles sanctions contre le Mali pourraient avoir un impact dévastateur sur le pays où une personne sur trois dépend déjà de l’aide humanitaire ». C’est du moins ce que déclarent 13 ONGs internationales œuvrant au Mali. Elles demandent instamment à tous les États et organismes soutenant ces sanctions de s’engager sans équivoque à appliquer des exemptions humanitaires afin que l’aide vitale puisse atteindre tous ceux qui en ont besoin.
En prévention des conséquences que peut avoir des sanctions prolongées contre le Mali sur la population, 13 organisations œuvrant dans notre pays viennent de lancer un cri de cœur afin qu’on trouve une issue rapide. Il s’agit de International Rescue Committee, Action Contre la Faim, CARE, CECI, Danish Refugee Council, HELP, Mercy Corps, Aide de l’Église Norvégienne, Norwegian Refugee Council, Oxfam, Plan International, Terre des Hommes et World Vision.
Ces organisations non gouvernementales estiment que « ces nouvelles sanctions risquent de plonger la population malienne dans une crise humanitaire encore plus grave », d’où la nécessité de trouver rapidement un terrain d’entente afin d’épargner à ces pauvres populations une crise humanitaire.
C’est pourquoi, dans une déclaration commune rendue publique le 21 janvier 2022, les 13 ONGs appellent la communauté internationale à protéger le peuple malien suite à l’annonce de nouvelles sanctions contre le pays en réponse à la décision du Gouvernement de Transition de reporter les élections démocratiques initialement promises pour le mois de février 2022. Elles demandent instamment à tous les États et organismes soutenant ces sanctions de s’engager sans équivoque à appliquer des exemptions humanitaires afin que l’aide vitale puisse atteindre tous ceux qui en ont besoin.
Un autre facteur inquiétant pour elles : «l’UE a annoncé son intention de soutenir la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la mise en œuvre des sanctions collectives . Les restrictions imposées par la CEDEAO comprennent la fermeture des frontières et l’imposition d’un embargo commercial, ainsi que la suppression de l’aide financière et le gel des avoirs du pays à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest. Le gouvernement de transition du Mali a rendu la pareille en fermant ses frontières avec tous les États membres de la CEDEAO, à l’exception de la Guinée».
Dans leur déclaration, les ONGs rappellent que «ces sanctions auront des conséquences dévastatrices sur les populations et sur la situation humanitaire au Mali. La population malienne est déjà confrontée à la pire insécurité alimentaire depuis 10 ans. Plus de 7,5 millions de personnes-soit plus d’un tiers de la population du pays ont besoin d’une aide humanitaire. Il est essentiel que ces nouvelles restrictions n’entravent pas davantage la capacité de la population à accéder à l’aide humanitaire et aux services sociaux de base dans un pays où 70 % de la nourriture est importée et où 1,2 million de Maliens sont confrontés à une crise alimentaire. Le Mali est fortement dépendant de l’aide extérieure pour financer les services sociaux de base. Dans le domaine de la santé, par exemple, les donateurs extérieurs ont couvert 33 % des dépenses totales de santé en 2019 ».
« L’impact des restrictions annoncées va être massif sur les enfants, en particulier les enfants en migration qui fuient la précarité. Nous nous attendons à une hausse des risques d’exploitation et à des difficultés croissantes pour les acteurs humanitaires présents à répondre à leur besoin de protection », souligne Fenke Elskamp, Cheffe de la délégation Tdh au Mali.
Les 13 organisations appellent à un dialogue urgent afin de mettre fin aux sanctions qui affectent si lourdement la population civile. Dans l’intervalle, il doit y avoir des exemptions humanitaires aux sanctions et tout processus administratif connexe doit être clarifié de toute urgence afin de protéger la réponse humanitaire au Mali. Pour poursuivre efficacement leur travail, « les acteurs humanitaires doivent disposer d’un accès sans entraves pour le transport de biens de première nécessité, notamment de nourriture et de médicaments, ainsi que de garanties leur permettant de transférer des fonds dans le pays sans enfreindre les sanctions ».
Pour les organisations non gouvernementales, le Mali, la CEDEAO et les membres de la communauté internationale qui soutiennent ces sanctions doivent surveiller leur impact, et s’engager sans équivoque à appliquer les exemptions humanitaires conformément aux directives existantes en prenant toutes les mesures nécessaires pour limiter l’impact de ces mesures sur les civils.
Frank Vannetelle, Directeur Pays de l’International Rescue Committee au Mali déclare : « Bien que plus d’un tiers de sa population dépende de l’aide humanitaire, les ONG y rencontrent déjà de fortes contraintes d’accès humanitaire. Il est impératif que la communauté internationale continue de répondre aux besoins humanitaires urgents. Toute nouvelle sanction doit être assortie d’exemptions humanitaires concrètes, et celles-ci doivent être mises en œuvre et contrôlées, ou les personnes les plus vulnérables du Mali en paieront le prix. »