En tant que Malien, je suis enfin fier d’exhiber partout mon passeport que j’ai dans un passé récent plusieurs fois dissimulé ou tenté de le faire soit dans une poche ou dans une feuille de journal dans plusieurs aéroports du monde.
Ma fierté de Malien du Kaarta, de Ségou et du Kénédougou avait souffert d’être qualifiée de faible, d’indiscipliné, de corrompu sans éducation et n’ayant aucune vision de mon propre sort. Pourtant, la savane du Wagadou originel d’où sont sortis mes ancêtres pour le Mandé pour cheminer et se retrouver au Kénédougou, bien que défait, n’a jamais plié l’échine.
Si mon animal domestique parle de ma situation comme je l’entends depuis quelques semaines, je ferai de lui mon maître et me sentirai fier de l’avoir chez moi. Attendez ! Un animal qui explique à ces «humains» qui, après m’avoir humilié, ne veulent même plus me reconnaître mon «animalité» consistant à agir par instinct, et me traiter comme un moins que rien ?
Non, allez-y réveiller Ahmadou Kourouma (il est l’auteur du roman : «En attendant le vote des bêtes sauvages») pour lui dire que finalement les «Bêtes sauvages» ont décidé de voter. Ces sauvages ont désormais des bêtes sauvages comme eux et non des humains parlant un langage trop évolué. Mais attention ! Est-ce que ces humains comprennent notre langage de «Bêtes sauvages» ?
A les entendre parler de «lignes rouges», de «provocation», «d’engagements rompus», «d’irresponsabilité, d’illégitimité», «d’ajustement de leurs actions», «d’échanges avec les partenaires» alors que c’est de nous dont il s’agit sans nous, je me dis qu’ils pensent que nous sommes devenus des humains ou quoi. Seuls eux ne voient pas la transparence de leurs fourberies qui n’ont de logique que la volonté de défendre leurs intérêts, quitte à répéter ce qui s’est passé au camp de Thiaroye (banlieue de Dakar, Sénégal) le 1er décembre 1944 !
Il est mieux pour eux de savoir que les bêtes sauvages ont décidé de voter pour notre dignité de sauvages contre et envers tous, car une créature sans dignité ne peut prétendre à l’existence. Vous avez appris qu’il y a du «patriotisme frelaté» dans notre détermination de bêtes sauvages à nous contenter de notre condition de vivre en harmonie avec la nature ?
Si cela avait été dit sous les huttes par un «Tondjon» d’un de mes ancêtres à Ségou, j’aurai compris que ce dernier a pris un peu trop de «calebassées» de l’hydromel à base de miel et de mil que ces «humains» appelleraient «bière frelatée». Mais, venant d’un des humains contre les «Bêtes sauvages» alors qu’il devrait défendre cette condition pour l’honneur des siens, je comprends que ma fierté de «Bête sauvage» n’a pas à s’offusquer car leur combat est sans issue. Il existe des brebis galeuses dans toutes les prairies de «sauvages» ! Mais, elles finissent toujours par l’apprendre à leur dépens que ces «humains» n’ont de respect que pour les «vrais» humains, pas un «imitateur» de leurs conditions «d’humains».
Allez-y leur dire que le vote des bêtes sauvages aura lieu avec ou sans les «humains», mais aux conditions de la prairie, qu’eux le veuillent ou pas. En langage clair, ce serait malhonnête pour moi en tant que Malien aujourd’hui, de dire que ceux qui se battent pour ma dignité et le respect de ce que la nature nous a donné, qu’ils sont populistes. Qu’ils le seraient, je les suivrais car au moins ma dignité de Malien se trouve défendue. Pour ceux qui ne comprennent pas cela, tant pis pour eux ! Qu’ils soient des nôtres ou des défenseurs des intérêts de ceux qui n’ont aucun respect pour notre dignité d’hommes.
Il ne s‘agit pas pour moi de faire de la politique, mais d’exprimer ma joie d’être un humain que l’on doit respecter sur le territoire de mes ancêtres que nous devons transmettre à nos descendants. Que tous ceux qui nous respectent y soient le bienvenu. Les autres, eh ben, nous n’irons jamais leur réclamer de nous abandonner le legs de leurs ancêtres qui attendent tranquillement de leur souhaiter la bienvenue chez eux !
Dans l’Hymne national du Mali on chante «… Pour une Afrique unie/Si l’ennemi découvre son front/Au-dedans ou au-dehors/Debout sur les remparts/Nous sommes résolus de mourir…» !