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Entre le Mali et la France : La fin d’une époque !
Publié le jeudi 3 fevrier 2022  |  L’aube
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© aBamako.com par AS
La ministre Florence Parly reçue en audience à Koulouba
Bamako, le 02 novembre 2020. En visite à Bamako dans le cadre d`une tournée au Sahel, la ministre française des Armées, Florence Parly, a été reçue en audience à Koulouba par le président Bah N`Daw.
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Depuis le discours du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, au siège des Nations- Unies, où il a accusé la France d’avoir abandonné le Mali « en plein vol », les attaques verbales des Responsables français, précisément Emmanuel Macron, JEAN Yve Le DRIAN et Florence Parly, à l’encontre des Autorités maliennes et de notre pays se sont multipliées à un rythme presque quotidien. Cette agitation verbale sur fond de nervosité, s’explique par ailleurs, par l’intensification de la coopération entre le Mali et Russie, l’exigence des autorités maliennes de procéder à la relecture de l’accord de défense entre le Mali et la France, ainsi que la volonté de Bamako de s’extirper du diktat de l’Elysée comme c’était le cas sous le régime défunt. Ainsi, entre le Mali et la France la donne a fondamentalement changé et c’est désormais la fin d’une époque. Conséquence : l’expulsion, le lundi dernier, de l’ambassadeur français à Bamako.

En effet, depuis le discours du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, le 25 septembre 2021, au cours de la 76e Session ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies où il a accusé Paris d’avoir abandonné en plein vol le Mali, la situation n’a fait que se détériorer entre le Mali et la France avec une escalade verbale sans précèdent.

A la tribune de l’ONU, le PM avait déploré la transformation de l’Opération Barkhane annoncée par le Président français, Emmanuel Macron, décidée sans consultation ni concertation avec nos Autorités, la nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane plaçant le Mali devant le fait accompli, « nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de nos populations de manière autonome avec d’autres partenaires », a-t-il déclaré.

Ces propos de Choguel K. Maïga ont provoqué l’ire de Paris.

Ainsi, la colère du Gouvernement français s’est exprimée (le 27 septembre 2021) par la voix de sa Ministre des Armées, Mme Florence Parly. « Il n’y a pas de désengagement français, je tiens à commencer par rétablir des contre-vérités (…). Quand on a 5000 soldats et qu’on se désengage de trois emprises et qu’on a l’intention d’en laisser encore plusieurs milliers, lorsqu’on déploie au sahel des blindes du dernier cri (…), ce n’est pas l’attitude normale d’un pays qui a l’intention de s’en aller», a affirmé Mme Parly. Après elle, c’est le Président Emmanuel Macron (2 octobre 2021) qui a réagi au discours de Choguel K Maïga. Sans aucune retenue le Président français a qualifié de « honte » les propos du PM malien.

Dans sa lancée Macron dira qu’il a été choqué par les propos du chef du Gouvernement de la transition.

En outre, le Chef de l’Etat français a estimé que les propos (tenus par Choguel) sont « inacceptables ». « C’est une honte et ça déshonore de ce qui n’est même pas un gouvernement issu de deux coups d’Etat », a déclaré le président français. Selon lui, la France s’est engagée à lutter contre le terrorisme et pour la sécurité au Mali. Et si elle est au Mali c’est « parce que l’Etat malien l’a demandé. Et, sans la France, le Mali serait entre les mains des djihadistes », a-t-il martelé.

Au fil des jours, le Président Macron multiplie des déclarations acerbes à l’endroit du Mali et des Autorités de la transition qualifiée de putschistes par certains Responsables français.

, il déclare, entre autres, sur les antennes de Rfi, que « l’Armée française n’a pas à se substituer au ‘non travail’, si je puis dire, de l’Etat malien ». Soulignant « qu’on ne peut pas demander à nos soldats de remplacer ce qui est le travail de votre Etat ».

Et le 20 décembre 2021, suite au report du voyage du Président français, Emmanuel Macron, dans notre pays, la Ministre des Armées, Mme Florence Parly déclare dans le Journal du Dimanche : « la population malienne fait face à des Autorités issues de deux coups d’État. Il s’agit d’Autorités de transition qui doivent rétrocéder le pouvoir des autorités civiles élues selon un calendrier qui est connu de tous », , la ministre des Armées en appelle « au respect pur et simple de cet engagement d’organisateur des élections en février 2022 prétendre que la France quitte le Sahel n’est pas exact».

La Ministre française des Armées Florence Parly a déclaré, le 25 janvier, que la « junte multipliait «les provocations». Son collègue des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la « junte malienne d’»illégitime» et ses décisions d’«irresponsables», après le retrait du contingent danois.

Mêmes propos hostiles de la part du Chef de la Diplomatie française, Jean Yves Le Drian, qui de lundi 27 janvier, a fustigé les « mesures irresponsables » d’une junte « illégitime », après que Bamako a demandé le retrait des soldats danois qui venaient d’être déployés dans le pays.



Bamako réplique à Paris…

Ces propos trop forts et très peu diplomatiques des Autorités françaises ne sont pas restés sans réaction de la part du Gouvernement malien.

En effet, suite aux propos du Président Macron, le Ministre, Abdoulaye Diop a convoqué l’Ambassadeur de France au Mali, le mardi 5 octobre 2021, au Département des Affaires Etrangères, à Koulouba. Le Chef de la Diplomatie malienne, après avoir exprimé le mécontentement des Autorités maliennes suite aux “propos inamicaux et désobligeants”, tenus par Emmanuel Macron, a invité “les Autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur ».

En outre, le Ministre Diop a exprimé une “vive protestation contre ces propos regrettables”.

Enfin, le Ministre des Affaires Etrangères appelle la France à “se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme au Sahel”, indique un communiqué du Département AE.

Autre réplique du Gouvernement malien, c’est celle intervenue, le mercredi 26 janvier 2022, par la voix du Colonel Abdoulaye Maïga, Ministre de l’Administration Territoriale et porte-parole du Gouvernement, à l’encontre de la Ministre des Armées, Mme Florence Parly, qui accusait les Autorités de la Transition, mardi 25 janvier 2022, de multiplier « les provocations ». Le Ministre porte-parole du Gouvernement a pointé du doigt la France qui cherche à diviser les Maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». « Nous invitons également Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État », a déclaré le Colonel Maïga. « Nous l’invitons également, c’est un conseil, à faire sienne cette phrase d’Alfred de Vigny sur la grandeur du silence », a-t-il ajouté.

« Lorsqu’on tente désespérément d’isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation », a-t-il déclaré, en évoquant les sanctions de la CEDEAO.

Quant à ceux de Jean-Yves Le Drian, ils ont été fermement condamnés par son homologue malien, Abdoulaye Diop : « Ce sont des propos emprunts de mépris. Ce sont des propos que je condamne qui sont inacceptables. Et je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur. Nous sommes disposés à discuter avec la France ou d’autres sur des questions de substances. Il ne s’agit pas de questions irresponsables. Ce que nous essayons de faire, c’est de défendre les intérêts de notre pays. Toute présence étrangère au niveau du Mali doit répondre aux règles maliennes, doit aussi aller dans le sens des intérêts supérieurs du Mali, surtout pour la présence des forces étrangères».

Outre cette condamnation, le Gouvernement a décidé de l’expulsion de l’Ambassadeur de France dans notre pays : « Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures », précise le communiqué du Gouvernement.

Les Autorités expliquent que l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako, depuis octobre 2018, « fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l’Europe et des affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les Autorités françaises à l’égard des Autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées ».

« Ces déclarations tendent à remettre en cause et la légalité et la légitimité des autorités auprès desquelles l’ambassadeur de France est accrédité (…) Vous ne pouvez pas être accrédité auprès d’autorités que vous-mêmes vous ne reconnaissez pas », a indiqué le Ministre des Affaires Etrangères Abdoulaye Diop.

Mémé Sanogo
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