Alors que l’ambassadeur français a été sommé de quitter le pays, Jean Castex parlait mercredi dans l’hémicycle d’une situation « extrêmement préoccupante » au Mali. Hervé Morin, ancien ministre de la Défense, se montre assez pessimiste sur l’avenir de l’opération Barkhane : « On a un schéma qui s’approche chaque jour de plus en plus de ce que l’on a connu en Afghanistan. On est arrivés pour combattre le terrorisme et reconstruire un Etat sur un accord politique et on apparaît de plus en plus comme une force d’occupation. » Depuis le coup d’Etat, la France est en effet utilisée comme « bouc émissaire » par la junte au pouvoir, selon le discours tenu par Jean Castex hier au Sénat.
« On ne retire pas 5000 hommes du jour au lendemain »
Pour le président centriste de la région Normandie, la situation politique interne au Mali sonne le glas de l’opération Barkhane : « Continuer à déployer des forces importantes, sans accord politique, quels que soient les moyens déployés, l’équation est impossible. Il y a un moment il faut en tirer les conclusions. » Cette fameuse « équation impossible », c’est l’équation typique d’une « guerre asymétrique » que mène la France dans le cadre de l’opération Barkhane : « Il y a un espace gigantesque et un accroissement des forces terroristes. On ne peut pas installer quelque chose de durable et de stable si les conditions ne sont pas réunies dans le pays. »
Hervé Morin « tire des conclusions » du fait que la France, n’ayant pas atteint « son but de guerre », ne peut rester présente au Mali contre l’avis des autorités locales : « Le renvoi de l’ambassadeur de France est une rupture. Quelle autre solution avons-nous que de nous retirer ? Barkhane doit être revue de fond en comble, il nous faut nous replier sur le Niger pour pouvoir intervenir en cas d’urgence. » Ce retrait demande une logistique lourde, mais doit être organisé petit à petit, d’après l’ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, aujourd’hui conseiller économique de Valérie Pécresse : « On ne retire pas 5000 hommes du jour au lendemain, il faut faire ça dignement et proprement, pour arriver à rapatrier nos moyens. Ce sont des opérations très lourdes. »