L'ex-ministre de la Défense Hervé Morin a estimé jeudi 3 février que la France devait «dès maintenant commencer à se replier» pour quitter le Mali, la situation ayant évolué vers le «schéma connu en Afghanistan».
«À un moment il faut tirer les conclusions, et donc dès maintenant, il faut commencer à se replier», a estimé le président des Centristes sur Public Sénat. Certes «on ne replie pas 5000 hommes du jour au lendemain» et «il faut faire ça dignement, proprement», mais l'opération «Barkhane doit être revue de fond en comble et il nous faut probablement nous replier sur le Niger, bâtir un modèle dans lequel nous sommes en capacité d'intervenir en cas d'urgence», a développé le président de la région Normandie.
«Très clairement, toutes choses égales par ailleurs -ce n'est pas le même contexte-, le schéma s'approche malheureusement chaque jour de celui qu'on a connu en Afghanistan: nous sommes arrivés pour lutter contre le djihadisme, l'idée était d'avoir un accord politique, de reconstruire un État», mais la France «aujourd'hui apparaît de plus en plus comme une force d'occupation», donc «le but de notre intervention militaire a échoué», a-t-il constaté. «L'équation» était de toute façon «impossible» selon lui, car «quels que soient tous les moyens déployés, qui sont énormes», les territoires à reconquérir sont «gigantesques». Qui plus est, «on est sur des guerres asymétriques, entre d'un côté la puissance militaire des forces occidentales, et de l'autre du terrorisme, du harcèlement, de l'attentat». L'ancien ministre a en outre estimé que le renvoi de l'ambassadeur français par la junte au pouvoir au Mali était «très clairement une rupture».