Au Mali, la présence du groupe de sécurité privée russe Wagner fait polémique depuis des mois. Lundi, c’est le président russe Vladimir Poutine lui-même qui a mis à mal le discours des autorités maliennes de transition en démentant tout lien entre les mercenaires et l’État russe.
Depuis plusieurs semaines, une quinzaine de pays européens, dont la France, mais aussi le Canada ou, encore récemment, les États-Unis, affirment que plusieurs centaines de mercenaires russes sont déployés au Mali.
Des affirmations démenties catégoriquement par les autorités maliennes de transition, qui affirment qu’il s’agit là d’une campagne de dénigrement du Mali et que les combattants russes qui soutiennent les forces maliennes ne sont pas des mercenaires mais des soldats, présents au Mali sur la seule base d’une coopération d’État à État avec la Russie.
« L'État russe n'a rien à voir avec ces entreprises qui opèrent au Mali »
Mais lundi, le président russe Vladimir Poutine a contredit le discours des autorités maliennes en démentant tout lien entre les mercenaires et l’État russe. « Concernant le Mali, M. le Président (Emmanuel Macron) a soulevé cette question à plusieurs reprises, nous en avons discuté et M. le Président connaît notre position : le gouvernement russe, l'État russe n'a rien à voir avec ces entreprises qui opèrent au Mali », a indiqué le président russe lors d’une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron.
« Pour autant que nous le sachions, aucun commentaire n'a été fait par les dirigeants du Mali concernant les activités commerciales de ces entreprises », a-t-il ajouté suite à l’interrogation d’un journaliste.
« Selon la logique générale qui s'applique à l'OTAN, aux membres de l'Alliance et aux futurs membres de l'Alliance, si le Mali choisit de travailler avec nos entreprises, il a le droit de le faire. Mais je tiens à souligner que l'État russe n'a rien à voir avec cela. Il y a des intérêts commerciaux de nos entreprises, elles négocient avec les dirigeants locaux », a conclu le chef de l’État russe.
Vladimir Poutine n’a pas repris à son compte le terme de « mercenaire », comme le relève un proche collaborateur du Premier ministre malien de transition Choguel Maïga. Mais le Président russe répondait à la question d’un journaliste qui portait clairement et uniquement sur la présence de mercenaires sur le sol malien, et sur leur lien éventuel avec l’État russe.
Partenariat d’État à État
La réponse de Vladimir Poutine semble donc contredire le discours des autorités maliennes, qui martèlent que seuls des « formateurs russes » sont présents au Mali, pour renforcer les capacités des forces nationales, et qu’ils le sont exclusivement dans le cadre d’un partenariat d’État à État.
Washington parle de « plusieurs centaines » d’agents pour un coût de 10 millions de dollars par mois. La Cédéao a également déjà fait part, « en dépit des dénégations du gouvernement de transition au Mali », de sa « profonde préoccupation » sur le sujet.
Des « rumeurs », selon Bamako
Des « rumeurs » et des « mensonges », selon Bamako, qui dénonce une campagne de dénigrement contre l’État malien. « La guerre psychologique et l’intoxication ne peuvent pas nous perturber » déclarait ainsi le Premier ministre Choguel Maïga il y a trois semaines.
Plus récemment, c’est le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, qui rappelait sur les ondes de RFI les « mensonges » des États-Unis au sujet des armes de destruction massives en Irak et affirmait n’être « pas plus impressionné » par les supposées révélations faites par l’armée américaine au sujet du Groupe Wagner au Mali.
Mais cette fois ce sont paroles de Vladimir Poutine, qui fait figure de nouvel allié stratégique du Mali, qui suscitent de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux.
Sollicités par RFI, les autorités maliennes de transition n’ont, à ce stade, pas souhaité commenter les déclarations du Président russe.