Le maintien d’une présence militaire au Mali est de plus en plus problématique, mais Paris prend son temps et cherche une réponse collective avec ses partenaires européens et africains
La décision sur l’adaptation de la présence française au Mali sera prise d’ici quelques semaines, a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur France inter. Pendant ce temps, les opérations militaires se poursuivent : selon le ministère des Armées, une opération conjointe entre la force européenne Takuba, au sein de Barkhane, et l’armée malienne s’est soldée par la « neutralisation » de près d’une trentaine de « terroristes » dans les premiers jours de février.
La France se prépare à quitter le Mali, mais elle ne claquera pas la porte. Le président de la République a écarté l’idée d’une décision française unilatérale. Face aux militaires au pouvoir à Bamako, Paris souhaite continuer à jouer collectif avec ses partenaires africains et européens.
Neuf ans après le début de l’intervention de l’armée française au Mali, en janvier 2013, la situation politique n’a jamais été aussi dégradée. Lundi,le Premier ministre malien Choguel Maïga a encore eu des mots très durs à l'égard de la France, estimant que l'« on ne pouvait pas vassaliser le pays, le transformer en esclave. Ça, c’est terminé. » A Paris, on considère que la « junte » de Bamako est dans une « trajectoire de rupture depuis plusieurs mois », non pas seulement avec la France – ancienne puissance coloniale – mais avec « l’ensemble de ses partenaires » africains et européens. D’où la stratégie de ne pas « singulariser » la réaction de la France. Paris ne souhaite pas accréditer le discours malien selon lequel il s’agirait d’un problème avec la France.
Les autorités françaises prennent le temps de la réflexion en vue d’une décision collective. Sans date butoir, mais en reconnaissant qu’il ne sera pas possible de rester longtemps dans cette situation. C’est sans doute une affaire de « semaines », comme l’a dit le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Un sommet entre Europe-Afrique doit avoir lieu les 17 et 18 février à Bruxelles et pourrait fournir une occasion.