Après le Danemark et la Suède, l’Allemagne envisage de retirer ses soldats du Mali, jugeant la présence du nouveau gouvernement de ce pays "inacceptable".
Au sujet du bras de fer qui oppose Paris à Bamako, la fissure s’élargit au sein de la task force Takuba. Après avoir expulsé les troupes danoises et l’ambassadeur de la France au Mali, et l’annonce de la Suède de quitter ce pays, c’est désormais la présence des troupes allemandes qui est remise en cause. Les nouvelles autorités politiques allemandes se posent la question de la pertinence du maintien de leurs troupes. D’après une source qui cite la ministre allemande de la Défense, Christine Lambretcht, la présence des troupes de ce pays n’est plus à l’ordre du jour. « Je suis actuellement très sceptique sur la question de savoir si nous pouvons continuer à intervenir sur le terrain. Je n’ai pas l’impression que nous sommes les bienvenus », a-t-elle déclaré à la chaîne allemande ZDF. L’Allemagne dispose de 1 200 soldats déployés au Mali dans le cadre de la Minusma.
Selon la chaîne Deutsch Welle, Christine Lambrecht n’est pas la seule autorité à exprimer ses craintes. Un autre poids lourd de l’armée allemande a aussi fait part de sa préoccupation. Il s’agit d'Eberhard Zorn, inspecteur général des forces armées allemandes. « Là-bas (au Mali, ndlr), il y a un gouvernement qui, si l’on a compris, n’a pas de légitimité démocratique. Tenir des élections dans cinq ans est inacceptable pour nous. On ne peut plus continuer à adhérer au principe du ‘business as usual’ », a-t-il fait savoir à la chaîne allemande.
Pour l’instant, Berlin n’a pas encore retiré ses troupes. Mais, si cela venait à se produire, ce serait un coup dur pour le président français, Emmanuel Macron, qui mise sur la force Takuba pour déployer des troupes européennes dans ce pays en vue de lutter contre le terrorisme. Sur un autre plan, la montée des tensions entre l’Occident et la Russie sur les frontières ukrainiennes semble prioritaire pour l’Allemagne. Lors de la rencontre du président américain, Joe Biden, et du chancelier allemand, Olaf Scholz, ce dernier a déclaré être prêt à envoyer des troupes supplémentaires en Lituanie. S’agit-il donc, pour Berlin, d’une simple réaffectation de troupes ?
La France enlisée dans le dossier malien
Si Berlin confirmait son départ du Mali, le coup serait d’autant plus dur pour Paris que tout récemment les troupes danoises ont commencé à quitter le Mali sur ordre du nouveau pouvoir de ce pays, et de l’annonce par la Suède, du retrait de ses troupes en signe de protestation contre la présence du groupe paramilitaire russe, Wagner . La task force Takuba entre ainsi dans l'impasse, alors que la France s'enlise dans le dossier malien, donc sur l’avenir de la force Barkhane. Confrontée au coût exorbitant - près de'un milliard d’euros par an - de sa présence militaire au Sahel, la France peine à obtenir le soutien de ses partenaires européens. Après avoir envoyé du matériel et des conseillers techniques, une poignée de pays a finalement accepté de dépêcher de petits contingents de soldats. Des gestes symboliques qui attendent une contrepartie.
Les drones et blindés fabriqués en Turquie pourraient jouer un rôle important dans la lutte contre les groupes jihadistes au Mali. Une visite attendue du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, permettrait d’en définir les modalités d’acquisition. En effet, Ankara n’entend pas circonscrire ses ventes d’armes aux seuls roquettes, fusils ou chars d’assaut. Ses drones de combat sont jugés redoutables. Le Mali, à l’instar d’autres pays africains, aspire inclure dans sa flotte aérienne ces fameux drones. En septembre dernier, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est entretenu au téléphone avec le chef de la transition, Assimi Goïta. Le leader turc a indiqué qu’il voulait améliorer la coopération, notamment dans le domaine militaire, et qu’il était prêt à partager l’expérience de son pays dans la lutte contre le terrorisme.