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La démocratie mise entre parenthèses au Mali, en Guinée et au Burkina : L’Afrique de l’ouest renoue-t-elle avec la soldatesque ?
Publié le lundi 14 fevrier 2022  |  L'Alternance
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En Afrique de l’Ouest le coup d’Etat militaire se propage. Après le Mali, la Guinée Conakry, le Burkina Faso, un autre pays a failli connaitre le même sort, à savoir la Guinée Bissau. En effet, le mardi 1 Février dans l’après-midi des tirs ont été entendus près du siège du gouvernement pendant le conseil des ministres à Bissau. Après quelques heures, le calme est revenu. Ces coups d’Etat sonnent-ils le glas de la démocratie sous nos tropiques ? N y a-t-il pas d’autres voies que celle des armes pour résoudre nos problèmes politiques ou sociaux ? Les Organisations sous régionales, comme la CEDEAO ou régionale comme l’UA et même internationale comme l’ONU ne doivent-elles pas anticipées et jouées aux sentinelles pour éviter que les Etats ne tombent dans la mal gouvernance et ne soient à la merci des narco djihadistes ? Et si elles prenaient des mesures drastiques pour empêcher les coups d’Etat ?

L’Afrique de l’ouest renoue avec les coups d’Etat comme dans les années 70- 80. En effet, après le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina Faso, le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco EMBALO, a échappé de justesse à une tentative de coup d’Etat qui a fait plusieurs morts, ‘’ Je vais bien, la situation est sous contrôle’’ déclare à la presse le président Bissau Guinéen, quelques heures après les tirs. Comme un effet de mode, aujourd’hui la plupart des Etats de l’Afrique de l’ouest sont confrontés à une instabilité chronique, voir une série de coups d’État. Ces pays qui pourtant étaient considérés comme des bons élèves en matière de la promotion de la démocratie, retournent à un régime militaire des années 1970. Coups d’Etat au Mali, en Guinée Conakry, au Burkina Faso et une tentative en Guinée Bissau, l’Afrique de l’ouest renoue véritablement avec la soldatesque ce qui est un recul pour la démocratie.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer le retour des militaires au pouvoir en Afrique de l’ouest ?

La mal gouvernance avec son corolaire de corruption dans tous les secteurs de la vie socio-économique semble expliquer le retour du pouvoir kaki. Les pays où le coup d’Etat est récurrent, sont des pays instables et sous-développés. Dans la plupart des cas les citoyens soutiennent sans faille les putschistes parce qu’ils ne font plus confiance en leurs hommes politiques et pensent à tort ou à raison que les militaires ont la solution à leurs problèmes et sont leurs espoirs. La démocratie, vantée comme étant le meilleur modèle de gouvernance, n’a pas permis à certains Etats de l’Afrique en général et de l’Afrique de l’ouest en particulier, d’amorcer le développement socio-économique. La démocratie a, au contraire, donné naissance à une ploutocratie d’une minorité et une paupérisation de la grande masse. Toutes les attentes ont été presque déçues et le citoyen lambda broie du noir au quotidien. C’est cette situation déplorable qui semble expliquer le retour des militaires sur l’arène politique, trente ans après l’avènement de la démocratie.

Ces coups d’Etat que subit l’Afrique, en général et les pays de l’Afrique de l’Ouest, en particulier, est sans nul doute la conséquence d’une gouvernance chaotique, doublée d’un manque de perspectives pour les jeunes qui composent majoritairement ces Etats. Les attentes ayant été déçues, les citoyens n’ont d’autres alternatives que de se tourner vers leur armée dans l’espoir d’avoir satisfaction. Face au regain de coup d’Etat il y a lieu de réfléchir afin de trouver non seulement des solutions idoines aux différents problèmes qui assaillent le continent, mais aussi et surtout pour tropicaliser la démocratie, afin qu’elle soit une thérapie à la gouvernance jusque –là non vertueuse. En démocratie le coup d’Etat est un acte imprescriptible, donc qui ne saurait s’accommoder avec elle, mais puis que cette démocratie est sujette à caution, pour n’avoir pas apporté les réponses aux questionnements, alors à défaut de donner un blanc-seing aux putschistes, les populations s’en accommodent pour ne pas dire soutiennent les militaires qui prennent le pouvoir.

N’est-il pas temps de sonner le glas des coups d’Etats en Afrique de l’Ouest ?

Barack Obama n’avait-il pas raison d’affirmer que << l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes>>, les pays doivent effectivement avoir des institutions solides, des institutions indéboulonnables, à l’image du Ghana. En effet, le père de la démocratie ghanéenne, John Jerry Rawlings a su mettre en place des institutions tellement fortes que même si un « Diable » venait au pouvoir, il ne pourra pas les mettre en branle. Donc les autres pays de la CEDEAO doivent s’inspirer de l’exemple ghanéen pour sonner véritablement le glas des coups d’Etat à répétition, en dotant leurs pays d’institutions fortes. Le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina Faso sont désormais sur le banc de l’école ghanéenne pour doter leurs pays d’arsenaux politico-judiciaires, voire démocratiques afin de sortir définitivement de cet imbroglio.

En définitive, si les coups d’Etat sont à bannir, car contraire aux principes sacro saints de la démocratie, il y a tout de même lieu de repenser à un modèle de gouvernance qui ne soit pas aux antipodes de la démocratie, qui est par définition le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.

Oumou Sissoko, Stagiaire

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