C’est un secret de polichinelle, le terrorisme international, qualifié à tort de « jihadisme » dans la sémantique occidentale, qui sévit au Sahel est bel bien une création de la France et de ses alliés de l’OTAN pour justifier leur présence militaire. Ainsi, la France et ses alliés occidentaux, plutôt que de lutter contre ce pseudo-jihadisme, dont ils sont les concepteurs, sont dans l’espace sahélien pour défendre uniquement leurs intérêts géostratégiques et économiques.
Avec le recul de dix ans, les nouveaux dirigeants du Burkina Faso et du Mali ont fini par comprendre qu’il faut changer la donne, tant leurs pays sont en passe d’être rayés de la carte de l’Afrique. L’alternative qui s’offre à ces pays n’est autre que la diversification de leur coopération militaire. Quand leurs peuples sont devenus des antisystèmes de gouvernance française. Démasquées au Mali, les autorités hexagonales n’ont rien trouvé de mieux que de s’en prendre frontalement à ses autorités légitimes et légales (issues d’insurrections populaires).
En conséquence, plus rien ne va entre l’ancienne puissance coloniale et le Mali, dont les autorités ne sont plus reconnues par leurs homologues hexagonales. L’ancien pays colonisé demande la révision de l’accord militaire qui le lie à la France. Les maliens, dans leur majorité, récusent les forces françaises. La France n’est donc plus en mesure d’aider un pays hostile à sa présence, ses forces militaires doivent logiquement s’en aller !
La fin de Barkhane est-elle imminente ? D’après des sources hexagonales crédibles, l’annonce solennelle du retrait total des troupes françaises du Mali se fera par Emmanuel Macron lors du prochain sommet franco-européen prévu du 17 au 18 février à Bruxelles. En attendant, le Chef d’Etat français rencontrera à Paris certains Chefs d’Etat ouest-africains acquis à sa cause, ce 16 février pour évoquer la question.
Si les présidents Bazoum du Niger, Ould Ghazouani de Mauritanie, Déby Fils du Tchad et Macky Sall du Sénégal (actuel président de l’UA) sont les invités d’honneur de l’Elysée, par contre, les Chefs d’Etat du Burkina Faso et du Mali vont briller par leur absence. Ces deux Etats, considérés par Paris comme des renégats, et leurs peuples, sont dans une même dynamique : le rejet pur et simple des opérations militaires françaises infructueuses sur leur sol. Leurs dirigeants de Transition veulent, à tout prix, explorer d’autres partenariats militaires pour endiguer le péril terroriste. N’en déplaise à la France et à ses alliés occidentaux, atteints du syndrome « Wagner », la Russie, la Chine et la Turquie et d’autres pays sont désormais les bienvenus.
Le Mali ne doit, en aucune façon, accepter le calendrier de retrait de Barkhane et son dérivé Takuba, que les dirigeants français comptent étaler sur des mois. Afin d’éviter d’éventuel piège, les dirigeants maliens doivent exiger que ces forces d’occupation se retirent immédiatement. Mais au préalable, le Mali devra renforcer son accord de coopération militaire avec la Russie afin de lui permettre de contrer toute velléité d’agression des pays occidentaux. Lesquels ne vont certainement pas quitter le sol malien sans y avoir posé des embûches.