La Belgique renonce pour l'instant à déployer au Mali un contingent de quelque 250 militaires dans le cadre de l'opération Takuba, "en raison de l'attitude actuelle de la junte", a annoncé mardi la ministre belge de la Défense Ludivine Dedonder.
La ministre s'exprimait devant une commission du Parlement belge. Ses propos ont été confirmés à l'AFP par son cabinet. Quelque 250 militaires belges devaient venir renforcer le groupement européen de forces spéciales Takuba initié par la France en 2020, un déploiement prévu en plusieurs étapes au cours du second semestre 2022. Mais "les conditions ne sont plus réunies pour envisager ce déploiement à ce stade", a déclaré mardi Mme Dedonder. Elle a mis en cause "l'attitude actuelle de la junte (au pouvoir à Bamako, ndlr), et plus particulièrement le non-respect du calendrier de transition et l'absence d'assentiment par rapport à la présence de troupes étrangères". "Une décision concertée avec les partenaires sur l'avenir de la mission et de la Task Force Takuba sera prise et communiquée d'ici peu", a ajouté la ministre. "La réflexion concernant les activités de la TF Takuba prend bien sûr en compte les impacts éventuels sur les missions internationales de la Minusma et EUTM Mali", a-t-elle poursuivi en référence à deux autres missions en cours dans ce pays, celle de l'ONU et la mission de formation des forces armées maliennes menée par l'UE. La junte arrivée au pouvoir à Bamako au terme de deux coups d'Etat a ordonné il y a deux semaines l'expulsion de l'ambassadeur de France, point d'orgue d'une crise diplomatique avec l'ancienne puissance coloniale. Une des conséquences est que Paris et ses partenaires européens s'apprêtent à annoncer leur retrait du Mali, alors que les groupes jihadistes conservent leur pouvoir de nuisance au Sahel et menacent les pays du golfe de Guinée. Selon plusieurs sources concordantes, le président français Emmanuel Macron doit annoncer mercredi soir ou jeudi un retrait du Mali des forces françaises de l'opération Barkhane en marge d'un sommet Union européenne - Union africaine prévu à Bruxelles. Le groupement Takuba, auquel participent une dizaine de pays européens, devrait également quitter le Mali.