Jeamille Bittar, porte-parole du M5-RFP non moins président du Mouvement citoyen pour l’Alternance, le Travail et la Transparence (MCATT), fait le tour d’horizon de l’actualité au Mali. Entretien.
Mali-Tribune : Des partis membres du Cadre pour une Transition réussie ont affirmé qu’ils ne reconnaîtront plus les autorités de Transition au-delà du 25 mars. Que vous inspire cette déclaration ?
Jeamille Bittar : Pour moi, c’est un non-événement. Ils ont été conviés à participer aux Assises nationales, ils ne sont pas venus. Ils se disent majoritaires. Ils ont souhaité marcher et faire des meetings. Aujourd’hui, la question ne se pose plus ; nous avions fait les Assises qui sont souveraines ; et les Assises ont dit entre 6 mois et 5 ans. Je pense qu’avec la relecture de la Charte, ce débat est clos. S’il y a des mécontents, il y en aura toujours, ils peuvent se manifester. En tout cas nous sommes vigilants et nous allons rester debout et mobilisés pour la réussite de cette Transition.
Mali-Tribune : 4 ans pour une Transition n’est-il pas trop ?
J B. : Vous savez 6 mois, 3, 4, 5 ans… Tout ça c’est de la spéculation pour moi. Je pense que le gouvernement actuel a pour mission de mettre en œuvre un certain nombre d’éléments. Il faut qu’il y ait un langage de vérité et compte tenu des capacités que nous avions que nous puissions vraiment le faire, mais qu’à cela ne tienne. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation qui exige un minimum de délai. Maintenant, ce délai peut être revu à la baisse ou à la hausse. Cela dépendra des moyens non seulement financiers, mais humains du chronogramme que le gouvernement va déposer sur la table et c’est cela le plus important. Nous nous ne voulons pas une Transition bâclée et nous ne sommes pas dans une course contre la montre. Nous voulons que pour une fois, notre pays puisse se ressaisir.
Mali-Tribune : La Charte de la Transition est sur la table du CNT pour sa relecture. Que pensez-vous de cette relecture ?
J B.: Ce sont des recommandations des Assises nationales de la refondation et c’est ce qui nous a amenés à ces Assises. Aujourd’hui, dire que le gouvernement est l’exécutif est vrai. Mais ce qui est évident, c’est le peuple qui a décidé à ce qu’il y ait cette relecture et je pense qu’il devrait aller uniquement dans le sens des recommandations en tout cas des Assises nationales de la refondation de l’Etat.
Mali-Tribune : Comment expliquez-vous les escalades verbales entre Paris, Bruxelles et Bamako ?
J B.: Il n’y a pas en réalité d’escalades. Le Mali est un Etat souverain et indépendant. Nous voulons juste être respectés et nous voulons également qu’à compter de maintenant, il y ait des relations saines entre nous et les autres pays. C’est du donnant-donnant et du gagnant-gagnant. Mais, dire que nous allons toujours être gérés par l’ancien colon par procuration des autres nations du monde, je pense qu’il faut repréciser les liens et les relations et c’est ce qui est le plus important. Nous estimons que ce qui est en train de se passer aujourd’hui peut arriver dans les discussions, mais ce qui est évident est que chacun joue son rôle.
Mali-Tribune : Devant des diplomates, le Premier ministre Choguel Maïga a affirmé que Takuba est là pour diviser le Mali. Selon vous, est-ce le cas ?
J.B.: Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga ne fait que dire le senti des Maliens. C’est l’idée générale aujourd’hui qui se dégage au niveau du pays. C’est cela le plus important. L’assentiment que les uns et autres ont par rapport à tout ce qui se passe aujourd’hui, et nous avons tous compris, est que ces forces étrangères ne sont pas là pour les Maliens. Malheureusement, ils ne sont pas là pour la paix, mais plutôt pour nous diviser.