Arrivées à la demande des autorités de la transition malienne de 2012 pour lutter contre le terrorisme, les forces armées impérialistes françaises vont quitter le Mali sans l’accord du gouvernement malien. L’annonce de la décision unilatérale du départ de Barkhane et de Takuba a été faite, jeudi dernier, au cours d’une rencontre à l’Elysée entre le président Macron et certains chefs d’Etat du G5- Sahel, des présidents en exercice de l’Union africaine, de la CEDEAO, de l’Union européenne. Cela est loin d’être une surprise pour qui connaît ses dernières semaines la tension dans les relations diplomatiques entre la France et le Mali.
Accueilli en libérateur en février 2013 à Tombouctou et à Bamako après que l’opération Serval eut réussi en janvier 2013 sa mission de stopper la progression des terroristes, le président d’alors François Hollande est resté dans le cœur de beaucoup de Maliens. En reconnaissance au président français et du sacrifice des soldats français, des Maliens ont donné à leurs enfants le nom de François Hollande, un monument a été construit à Konna en la mémoire de Daniel Boiteux, premier soldat tombé sur le théâtre d’opération. Mais avec son successeur, un va- t-en guerre, un nostalgique de la colonisation, il a détruit ce capital de confiance qui liait désormais Français et Maliens. Les diatribes et les insultes du président Emmanuel Macron et ses ministres des Armées Mme Florence Parly et des Affaires étrangères Jean-Ives Le Drian à l’encontre des autorités de la transition n’étaient pas de nature à entretenir un bon climat entre la France et le Mali. Finalement, elles ont sonné le glas du départ de Barkhane et de Takuba du Mali, deux forces armées étrangères, engagées dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel.
Après neuf ans de lutte contre le terrorisme au Mali, avec un bilan jugé mitigé par la grande majorité de Maliens, le président français Emmanuel Macron vient de prendre la décision unilatérale de retirer les forces Barkhane et Takuba au Mali sans demander l’avis des autorités maliennes. La posture néocoloniale de Macron dans laquelle il s’était engagé contre la transition malienne a lamentablement échoué. Il pensait affaire à des béni oui-oui qui ont signé des accords mettant notre pays sous domination française. Il a été surpris par la résistance des militaires qui ont pris le pouvoir, en août 2020, contre sa politique d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali.
Comme s’il savait que les militaires maliens allaient lui opposer un niet catégorique à ses exigences, il s’est lancé sur le plan international à une campagne médiatique de dénigrement contre la transition malienne. Et cela après l’arrivée du colonel Assimi Goîta à la tête de la transition, en mai 2021. Il n’a pas du tout apprécié la révolution de palais qui a balayé ses hommes de main (Bah N’Daw, président de la transition et Moctar Ouane, Premier ministre). Sa déclaration selon laquelle ce que Bah N’Daw a fait durant sept mois à la tête du pays qu’aucun président malien n’a fait prouve à suffisance que ce dernier travaillait pour lui afin toujours de maintenir notre pays sous joug néocolonial.
Pour dresser la communauté internationale contre le Mali, ses déclarations sont devenues plus virulentes les unes après les autres: "J'ai été choqué". "C'est une honte et ça déshonore ce qui n'est même pas un gouvernement" issu de "deux coups d'État", a déclaré le chef de l'Etat français en répondant à la radio RFI en marge du dîner de clôture de la saison Africa 2020 à l'Elysée. "Je sais que les Maliens ne pensent pas ça", a estimé Emmanuel Macron, en soulignant que "la légitimité du gouvernement actuel", issu de deux (02) coups d'État depuis 2020, était "démocratiquement nulle".
Pire comme s’il était sur terrain conquis, il annonce sans se référer à nos autorités la suspension des opérations militaires de la force Barkhane avec l’armée malienne. Quelques mois plus tard, il déclare que la force Barkhane va quitter les bases militaires de Kidal, Tessalit et de Tombouctou. Tout ce tapage médiatique visait à isoler notre pays et contraindre les militaires maliens à renégocier leur sécurité. C’était mal connaître les auteurs du coup d’État d’août 2020. Animés par la volonté de tisser des relations bilatérales avec les autres pays, ils ont donné du fil à retordre à Emmanuel Macron qui ne souhaitait pas que notre pays recherche d’autres partenaires. Cette attitude du président français a été mal accueillie par la population malienne. C’est pourquoi le Premier ministre Choguel K. Maïga a déclaré, le 25 septembre 2021 devant la tribune des Nations unies que le Mali a été abandonné en plein vol. Et toujours pour enfoncer le clou, il prétend avoir la certitude que les militaires maliens ont fait appel à des mercenaires russes du groupe Wagner pour protéger leur pouvoir, lutter à leur place et piller les ressources naturelles du Mali. Jusqu’à présent, il n’a pas pu établir la preuve que des mercenaires russes sont sur le sol malien. Peine perdue. Aussi, est-il passé par les organisations africaines et européennes pour prendre des sanctions inhumaines, injustes et illégales contre le Mali.
Le présent Macron a su maintenant que les militaires maliens ont la tête sur les épaules. Et leur patriotisme a résisté au plan machiavélique de Macron de faire de notre pays une autre colonie. Il a échoué sur tous les plans dans sa tentative d’isoler le Mali. Cet échec met fin à la nostalgie coloniale qu’il comptait revivre sur le sol malien en entendant de mettre le cap sur les autres pays de l’Afrique francophone. Cet échec est perçu à Paris comme une perte de l’influence française et une perte de son prestige sur le plan international.
Yoro SOW