La grande erreur des forces françaises pendant l’opération Serval puis Barkhane, a été leur volonté de rester au « Mali et d’empêcher », les FaMas de reconquérir Kidal.
Le 17 janvier 2012, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et d’autres combattants rentrés de Libye lancent une offensive dans le Nord du Mali. Fin mars, les rebelles indépendantistes, vite évincés par leurs alliés islamistes associés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Ansar Dine dirigé par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, prennent le contrôle des trois régions du Nord : Kidal, Gao puis Tombouctou.
Le 10 janvier 2013, des colonnes de combattants djihadistes, venus de Libye et du nord du Mali, menaçaient de prendre Bamako. Le 11 janvier 2013, à la demande du président de la transition, Dioncounda Traoré, la France lance l’opération Serval pour enrayer la progression des djihadistes. Fin janvier de cette même année, les soldats reprennent Gao, entrent sans combat à Tombouctou et s’emparent de l’aéroport de Kidal. Peu après, le Président Hollande est accueilli en héros à Bamako.
L’engagement des armées françaises au prix de 53 morts au combat a permis d’éliminer un nombre important de cadres des deux groupes djihadistes actifs au Sahel. Des grands noms de terroristes sont tués. La force Barkhane a aussi empêché les chefs djihadistes de disposer d’un sanctuaire confortable, où ils auraient pu possiblement préparer des attentats en Europe, affirme le gouvernement français.
Bref, pendant toutes ces années de lutte contre le terrorisme au Mali, la France accueillie en libérateurs début 2013, quittent neuf ans plus tard un pays dans lequel leur présence était de plus en plus contestée avec des centaines de soldats maliens et civils tués par des terroristes.
Quelle a été la pomme de discorde entre les forces françaises et les autorités maliennes ?
« Lorsque le président François Hollande donne son feu vert, le 11 janvier 2013, à l’opération Serval, il y a urgence. Serval a répondu à une bonne stratégie, avec des objectifs clairs et des moyens adéquats. La grande erreur a été de rester », résume l’historien militaire Michel Goya. Et d’ajouter « On a voulu jouer les gendarmes au lieu de rester des pompiers. Mais, il existait trop de problèmes structurels ingérables ».
Aussi, poursuit un autre spécialiste des questions sécuritaires, les maliens n’ont jamais compris ce jeu de Serval de reconquérir Kidal en 2013 après Gao et Tombouctou empêchant les FaMas d’y pénétrer. « Cette ville est toujours tenue par des rebelles touaregs, n’a jamais permis à l’armée du Mali d’y remettre les pieds », s’indigne-t-il. Pour de nombreux compatriotes, c’est la faute aux Français si l’Etat du Mali n’arrive pas à exercer son pouvoir sur la ville rebelle qu’est Kidal.
Huit ans après, c’est pratiquement le divorce total entre le Mali et la France sur le plan de l’assistance militaire dans la lutte contre le terrorisme au Mali.