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Escalades verbales Paris/Bamako : La crise descend au niveau CNT
Publié le mardi 22 fevrier 2022  |  Le Combat
Séance
© Autre presse par DR
Séance plénière au Conseil National de Transition (CNT).
Bamako, le 21 février 2022. Dans le cadre de sa session ordinaire en cours, le Conseil National de Transition (CNT) s`est réuni en séance plénière au Centre International de Conférences de Bamako, particulièrement pour l`adoption du projet de loi portant révision de la Charte de la Transition.
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Aux escalades verbales au sommet des Etats français et malien succèdent celles entre deux institutions des deux pays : Assane Sidibé, membre du CNT et Jean Guillaume Duwyn, militaire français précédemment en poste à Tombouctou.


Dans un post sur sa page Facebook, le vendredi dernier, Assane Sidibé du Conseil national de Transition (CNT) a donné son opinion sur le départ de Barkhane et Takuba de notre pays. Il a appuyé le communiqué du gouvernement malien, où le porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga invitait le vendredi 18 février 2022, les autorités françaises « à retirer sans délais les militaires des opérations Barkhane et Takuba de notre territoire, sous la supervision des autorités maliennes ».

Un communiqué qui fait suite à l’annonce du Président français Emmanuel Macron et ses partenaires au sommet de l’Union européenne-Union africaine, (les 17 et 18 février à Bruxelles) d’un « retrait coordonné au cours des prochains mois ».

En réaction au communiqué du gouvernement malien, Emmanuel Macron a répondu lors d’une conférence de presse, le même jour que « la décision de retrait s’appliquera dans le bon ordre et en sécurité pour que nous continuons d’assurer pendant cette période, la sécurité de la Minusma et la sécurité de toutes nos forces déployées au Mali ». « Sécurité avec laquelle je ne transigerai pas », avait-t-il ajouté. Un retrait qui prendra 4 à 6 mois, selon le Président Macron.

Assane Sidibé est très présent dans les débats sociaux et politiques. Sur sa page Facebook, le 18 février, il a donné son point de vue sur les conditions du départ des forces française et européenne, non sans épandre sa fibre patriotique en prenant position en faveur des autorités de la transition. « En demandant à la France de retirer les forces Barkhane et Takuba sans délai, le gouvernement veut suivre de très près cette opération de retrait et éviter des « oublis » et « dons malintentionnés de matériels militaires sur son sol. Pour cela, il se base légitimement sur la rupture unilatérale des accords de défense par la France… Etre responsable, c’est exiger des forces concernées, de publier la liste exhaustive des équipements militaires qui quitteront notre sol. La refondation de nos relations extérieures est en marche. Nos frères Africains nous observent et nous le savons ».

« […] La colonisation française a arrêté l’esclavage en Afrique »

Il n’en fallait pas plus pour faire sortir de son gon, un certain Jean Guillaume Duwyn, présenté comme un militaire français (photo en treillis sur sa page Facebook) ayant servi à Tombouctou, courant 2021 (Cf. son profit Facebook), qui repond sèchement à l’honorable Sidibé. « Assane Sidibé, vous qui avez participé à la colonisation de masse voir l’empereur Kankou Moussa, au 14e siècle… […]. C’est la colonisation française qui a arrêté l’esclavage en Afrique. Pour mémoire, l’esclavage arabo-musulman a duré 7 siècles en Afrique, du 13e au 20e siècle. Alors regardes toi et fais repentance. J’attends de vous voir supplier les blancs de vous délivrer des terroristes… Facile de critiquer, mais pourquoi votre armée est incapable de défendre son territoire… Car vous avez un énorme problème, il n’y a pas de réelle armée professionnelle, qui combat ses ennemis. Donc vous demandez de l’aide… Comme d’habitude ».

Jean Guillaume, semble avoir la rancune tenace contre les autorités maliennes dont le tort a été de manifester avec un ton martial, leur volonté de voir la France et ses partenaires plier bagages. Jean Guillaume, par Facebook interposé, solde ses comptes avec l’Etat du Mali par le biais d’un de ses représentants, en la personne d’Assane Sidibé. Il va jusqu’à donner une caution morale à la colonisation qui aurait selon lui, mis fin à l’esclavage en Afrique. Ce qui fait dire à certains internautes, qui ont réagi à sa sortie peu amène, que « nous faisons face à des colons blancs d’un nouveau genre, qui reflètent la vraie face de la politique française ».

Tout comme le membre du CNT, M. Sidibé, un autre internaute a fait savoir au militaire que « cette supervision va nous permettre de voir tous ces matériels qu’ils ont fait rentrer dans notre pays et qui ne sont pas en rapport avec la guerre. Donc on aura la preuve que la France exploite nos ressources au nord sans l’accord du Mali ».

Une simple question de compréhension est de savoir si Jean Guillaume reflète l’opinion de ses frères d’armes et citoyens français dans ces échanges dont il pouvait faire l’économie ? En sa qualité de porteur d’uniforme, il a l’obligation de réserve surtout dans le cadre des relations d’Etat à Etat. M. Jean Guillaume ne devrait pas pousser sa diatribe jusqu’à justifier l’esclavage subi par les Africains par la colonisation qu’il considère comme une bouée de sauvetage. En plus, le pourrissement des relations entre le Mali et la France ne peut être qu’un phénomène passager. Les hommes passent, les Etats demeurent.

Assane Sidibé est un ancien élu municipal de la Commune IV et ex-député de la même circonscription électorale, où il s’est fait élire en 2020 sur la liste du parti Yelema avec son président et ex-Premier ministre Moussa Mara. L’honorable Sidibé est aussi président fondateur du « Collectif Action et Vérité (Cav) » et de la Plate forme « Sauvons le Mali ». Il a tissé son nid dans les mouvements associatifs de jeunes. A travers ces associations, il a réalisé beaucoup d’actions humanitaires et de bienfaisances (construction de forages, nivellement de route, installation d’éclairage public, distribution de vivres aux nécessiteux, etc.).

Etant député jusqu’à sa nomination au CNT, il continue de verser une partie de ses indemnités dans un compte bancaire au profit des jeunes, pour la création d’emplois.

(Correspondance particulière)

Dicko

Source: Le républicain
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