Les Assises nationales de la Refondation de l’Etat (ANR), niveau national, tenues à Bamako, les 27, 28, 29 et 30 décembre 2021, faisaient suite aux phases communales, locales, régionales ainsi qu’à celles ayant concerné les Maliens établis à l’extérieur et les réfugiés, phases qui se sont tenues du 11 au 23 décembre 2021. Les recommandations, entre autres, ont demandé plus de transparence dans la gestion des finances des partis politiques. Quels rôles jouent les femmes ?
« Personnellement, je trouve dommage que des milliards soient donnés à des partis politiques et que ça n’a pas beaucoup servi. Pour les cas des grands ou la plupart des grands partis politiques ou ceux qui sont toujours là sur la scène politique, c’est surtout pour les fonds de fonctionnement.», a souligné M. Berthé Yacouba, coordinateur du Programme régional sahel de la fondation Konard Adenauer.
Il affirme que cet argent est donné comme fonds de fonctionnement c’est-à-dire le siège, les activités comme les congrès, les réunions statutaires. « Au-delà, je n’ai pas senti de partis politiques sur le terrain de l’éducation civique, de la formation des militants, même si je sais qu’il y a certains qui en font. Par exemple le cas du Parena, qui travaille beaucoup sur la formation et d’autres partis certainement. On ne les sens pas trop. A mon avis, pour que les partis puissent mériter le financement qui leur est dû, il faut qu’eux aussi travaillent avec la population (les électeurs ou les militants). Ils ont ce devoir de contribuer à l’éducation civique de leurs militants. Donc, je ne pense pas que ce travail soit fait. Je pense si l’on pouvait en faire une obligation, un instrument de mesure des partis politiques ».
Depuis l’institution par la loi n 05-047 du 18 août 2005, l’Etat a distribué aux partis politiques, un montant de plus de 18 milliards de F CFA, précise Mme Maïga Sina Damba vice-présidente du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires Refamp. En général les partis au pouvoir se taillent la part du lion, car ils disposent de plus d’élus : maires, conseillers, députés et aussi plus de femmes maires, conseillères ou députés. Ce financement public distribué aux partis politiques est destiné à leur permettre de former les citoyens militants dans les domaines de l’éducation, le civisme, une formation en conformité avec les principes moraux et sociaux aptes à forger des citoyens conscients de leurs devoirs avec un esprit de solidarité, de tolérance développé, ouvert au dialogue, à la participation démocratique et pacifique à la vie de la nation et au respect de l’intérêt général, les fonds peuvent aussi contribuer à l’appui aux projets des femmes et des jeunes des partis, l’élargissement de la base des partis à travers les missions sur le terrain, toutes actions qui contribuent à la visibilité du parti en respectant scrupuleusement ce que la loi dit ou interdit.
Selon Yacouba Berthé de la fondation Konrad Adenauer, pour qu’un parti politique soit éligible au financement public, il doit tenir régulièrement ses instances statutaires, disposer d’un siège différent d’un domicile, tenir un inventaire annuel des biens meubles et immeubles les comptes à la Cour des Comptes de la Cour Suprême et justifier la provenance des ressources financières et de leur utilisation du parti. Le parti doit également avoir participé aux dernières élections générales, législatives ou communales, etc.
Pour Mme Sangaré, présidente du Parti pour le Renouveau et le Développement PRD, « en premier lieu le financement public est destiné à la formation des militants sur les enjeux politiques du pays, les préparer à être mieux aguerris pour être des cadres politiques qui peuvent parler de tous les sujets du pays, et qui peuvent donner des orientations. En premier lieu l’aide est destinée à la formation des militants ».
Pour elle, la loi sur les financements publics dit que ça doit aller au bénéfice de la démocratie, de la politique, de la formation des militants, à investir dans le parti. Quoi que ça soit utilisé pour des fins qui n’ont rien à voir avec la vie du parti. Donc, la loi accorde ce financement aux partis politiques qui sont des organes habilités à animer la vie politique, publique de l’Etat. Au Mali, nous avons l’option du pluralisme politique. Donc ça a été jugé nécessaire d’accompagner ces structures politiques pour qu’elles ne soient pas financées par des fonds occultes ou mafieux. C’est le but de la loi du financement. La loi dit qu’elle apporte ce soutien aux partis politiques qui animent la vie publique pour qu’elles puissent l’investir dans la vie et dans l’animation du parti à travers la formation des militants, à travers la prise en charge des événements ou de la participation à la vie politique et à la vie publique, c’est ce que la loi dit selon Mme Assetou Sangaré du parti PRD.
Pour elle, « il faut augmenter le pourcentage d’argent alloué aux partis politiques en fonction des femmes élues. On se bat pour qu’on mette plus de femmes sur les listes et pas uniquement sur les listes seulement. Mais de les mettre sur les places éligibles et c’est ce que les femmes demandent depuis longtemps. Si on peut profiter de la relecture de la charte pour avoir ça c’est quoi le risque puisque c’est ce qu’elles demandent ».