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Région de Ségou : L’accalmie s’installe peu à peu
Publié le mercredi 23 fevrier 2022  |  L’Essor
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou
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Cultures brûlées, matériels agricoles détruits, bétails emportés: voilà des actes de banditisme qui rythmaient le quotidien des habitants de dizaines de villages, dans le Cercle de Niono, en zone Office du Niger.

En seulement deux mois d’opération des Forces armées et de sécurité, plus de 60% de la zone ont été récupéré par nos vaillants soldats. Les femmes sont, de plus en plus, visibles dans les champs et sur les espaces maraîchers. Le commandement compte en finir définitivement avec l’ennemi en débandade, dans les jours à venir
 
Située à environ 70 kilomètres de la capitale régionale, la circonscription administrative abrite la majeure partie des surfaces rizicoles de notre pays. Au-delà des cultures céréalières, on y produit des légumes comme la pomme de terre et l’oignon. En 2021, la campagne agricole a été affectée par l’arrivée des terroristes qui s’en prenaient aux habitants de dizaines de villages et leurs champs. 


De Farabougou à Songo, en passant par Dogofri, Fabacoro et Diabaly, ces villages étaient devenus les symboles de l’occupation des terroristes. Des villages entiers ont été vidés de leurs populations. Ceux qui ont accepté de se rallier à leur cause, ont été épargnés des affres de l’obscurantisme. 


Le témoignage de Bourama Coulibaly, chef du village de Songo dans la Commune rurale de Mariko, fait froid dans le dos. Chassés par les assaillants depuis plus de quatre mois, les habitants ont trouvé refuge dans le village de Kimbiri-wèrè, dans la même commune. Leurs champs qui demeurent leur seule source de revenus et de subsistance, ont été confisqués et le bétail emporté. À en croire le chef coutumier, ses congénères vivent dans le dénuement total, en proie à la famine. 


Idem pour les habitants du tristement célèbre village de Farabougou. Si l’armée y est présente depuis quelques mois, les habitants restent confinés sur place. Les activités économiques sont toujours à l’arrêt, confie Abdoul Karim Coulibaly, conseiller du chef de village. Ne pouvant pas se rendre à la foire de Dogofri, village voisin à quelques encablures de là, les plus de 3.000 âmes vivent grâce à l’assistance. 

Il y a quelques jours, les FAMa y ont escorté 65 tonnes de vivres. Ce qui a permis de soulager une population durement affectée par la faim et la peur. Plus de 5.000 hectares de culture ont été détruits par les agresseurs, signale le conseiller coutumier. L’accès au village est toujours difficile à cause des pistes minées. Cinq ponts ont été dynamités. 


Des travaux sont en cours pour le déminage des voies d’accès et la réparation des infrastructures par l’Armée malienne et ses partenaires, selon le commandant de la 2è région militaire, le colonel Didier Dembélé. 


Le déclenchement de l’opération Mali-Ko, arrivé en janvier dernier dans ces localités, a permis aujourd’hui d’installer de façon progressive, une accalmie, confirme le maire de la Commune urbaine de Niono, Abdrahmane Touré. Son collègue de la Commune rurale de Mariko juge que cette accalmie est quelque peu relative. Dans sa circonscription, qui compte 25 villages et une trentaine de hameaux, deux villages sont toujours assiégés. 15 autres sont entre les mains des «gens de la brousse» désignant les terroristes, indique Brahima Diaby.
 
RETOUR À LA STABILITÉ- Cette situation est exacerbée par les agissements peu orthodoxes des groupes d’autodéfense constitués de chasseurs «donzos», s’indigne le responsable communal. Ces individus qui sont censés protéger leurs villages contre les agresseurs, sont en effet devenus eux-mêmes leurs bourreaux. 

Armes à la main, ils harcèlent des habitants déjà dépourvus de tout, en les obligeant à leur verser des sommes d’argent contre la garantie de leur sécurité. Ils enlèvent leurs animaux pour les vendre sur le marché local et saisissent leurs biens à des fins mercantiles.
Tientienbougou, un village de la commune, est pris en otage par les « donzos » depuis plusieurs mois. Ses habitants sont soumis à toutes sortes de violences. Ils ne peuvent ni se rendre dans leurs champs, ni participer aux foires pour subvenir à leurs besoins. Ce qui complique davantage la situation sécuritaire dans la zone. 


Ce banditisme d’un genre nouveau est devenu récurrent dans la zone. D’où l’inquiétude des autorités communales qui demandent leur désarmement et leur démobilisation par les FAMa. Ce travail sera fait, assurent les responsables militaires sur place. 


Il faut juste en finir avec la première menace qui est celle des terroristes, affirment-ils. Rappelons que la crise sécuritaire dans la région a sérieusement affecté la campagne agricole 2021-2022 dans la zone de l’Office du Niger. Sur les 120.000 hectares à mettre en valeur, près de 12.000 hectares, soit 10% de la superficie cultivable n’ont pas pu être exploitées à cause de l’insécurité, indique Salif Ouédraogo, directeur de zone à l’Office du Niger. 


C’est pourquoi, pour soulager la souffrance des populations déjà affectées, la direction générale de l’Office du Niger a renoncé à la redevance eau, taxe destinée à l’entretien des canaux, pour un montant de 780 millions de Fcfa, au titre de la campagne 2021-2022, rappelle le directeur de l’appui au monde rural à l’ON. D’autres mesures d’accompagnement des sinistrés seront proposées aux autorités, promet Bamoye Keïta. Pour combler ce déficit, la structure mise sur la culture de contre-saison qui bat son plein sur les parcelles dédiées à cet effet. 


En bras de chemise, pantalon retroussé jusqu’au niveau du genou, debout au milieu de son champ de riz, Bassaro Traoré nous reçoit. Cet habitant de la ville de Niono n’avait pas pu travailler en début de campagne à cause de l’insécurité. Avec l’arrivée des FAMa, il est aujourd’hui rassuré et peut s’occuper de son champ en toute sécurité.

À l’image de ce paysan, ils sont plusieurs à pratiquer la culture de contre-saison. Les femmes sont de plus en plus visibles dans les champs et sur les périmètres maraîchers. Ce qui est un signe annonciateur du retour à la stabilité et à la reprise des activités économiques dans le cercle, espère l’élu communal de Niono. 


En seulement deux mois d’opération, plus de 60% de la zone ont été récupérés par nos Forces armées. Avec la multiplication des patrouilles et des opérations de ratissage, la peur a changé de camp, constate-t-on. En perspective, le commandement compte en finir définitivement avec l’ennemi dans les jours à venir.
 
Envoyé spécial
Cheick Amadou DIA

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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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